lundi 14 janvier 2019

Baptême - du Christ et le nôtre - !


Baptême de Notre Seigneur 18/C

Jésus a donc connu lui-même l'expérience du baptême.
Il faut le souligner : Jésus vivait à une époque et au sein d'un peuple qui attendaient de grands changements : bientôt se tournerait la page du passé, bientôt viendraient des cieux nouveaux et une terre nouvelle ! C'est pourquoi les Prophètes, depuis longtemps, appelaient le peuple à la transformation des esprits et des cœurs.
Et, à leur suite, Jean-Baptiste proclamait l'importance et la nécessité de se convertir personnellement, de renoncer au mal et de s'engager résolument à vivre selon la Loi du Seigneur. Il invitait ses compatriotes à manifester leur désir de conversion par le geste du baptême qui exprimait à la fois la rupture avec le passé et l'engagement dans une vie nouvelle. Leur vie devait devenir prophétique !
             
Aussi,  Jésus, comme bien d'autres, reçoit le baptême de Jean-Baptiste. Et, sortant du Jourdain, se manifeste alors en lui non pas un être nouveau, converti, mais sa véritable identité : il est vraiment Fils de Dieu, de Dieu son Père, qui le désigne comme l'Enfant de sa joyeuse tendresse : "C'est toi, mon Fils bien-aimé ; en toi, j'ai mis tout mon amour !"

Bien sûr, après le baptême d'un enfant, par exemple, nous n'entendons nulle voix du ciel, nous ne voyons aucune colombe manifester la présence d'amour et de tendresse de Dieu sur le baptisé. Et pourtant, dans la foi, nous savons fort bien que Dieu dit en cette circonstance : "Tu es mon fils, tu es ma fille, que j'aime de toute ma tendresse : ma joie est de t'avoir pour enfant... tu es précieux à mes yeux et à mon cœur".

Où prenons-nous pareille certitude de notre foi ? Dans le fait que le geste du baptême, choisi par Jésus, est le signe par lequel se crée une alliance définitive entre Jésus et chaque baptisé : nous faisons corps avec Lui. St Paul le dit magnifiquement :  "Il en est ainsi dans le Christ : tous, dans l'unique Esprit, nous avons été baptisés pour former un seul corps.". (I Co 12.13). Lui, Jésus, il est le Premier-Né de Dieu, le Père ; nous, nous lui sommes attachés ; et nous portons sa marque, comme des frères et sœurs d'une même famille.

Évidemment, nous sommes adoptés par Dieu : nous ne sommes pas de sa nature, comme l'est Jésus. Pourtant, "tous les membres, bien qu'ils soient plusieurs, ne forment qu'un seul corps", précise encore St Paul (I Co 12.12).. Marqués par Jésus, portant son "air de famille", nous héritons avec lui du Royaume, nous partageons avec lui la tendresse du Père.
             
Les parents savent combien ils aiment l'enfant à qui ils donnent le jour. Pensons également à quel point il est aimé par un Père : Dieu lui-même... Après le baptême, l'enfant est bien plus que l'enfant de ses parents :  il a dignité d'enfant du Père, de frère du Christ.
Cette réalité, il faudrait toujours en avoir conscience joyeuse et émerveillée pour apprendre à l'enfant à vivre, à acquérir un "style de vie" conforme à ce qu'il est devenu depuis son baptême. Un style de vie où les valeurs du cœur auront la première place, où l'attachement à la Personne de Jésus s'exprimera à travers l'amour du prochain vu comme un frère, et à travers une présence fidèle à la vie de sa famille qu'est l'Église.

Car il en va de même de la vie divine comme de la vie humaine : si l'enfant n'est pas conscient de ce qui lui arrive au moment de son baptême, il ne l'était pas plus lorsqu'il vit le jour et son arrivée sur la terre des hommes ; seuls ses parents et son entourage en ont perçu le sens. Pourtant sa vie à lui a réellement commencé bien qu'il fut le seul à ne pas le savoir.

On le sait : en chaque être humain qui naît, il y a mille possibilités et mille dépendances. Un bébé laissé à lui-même a toutes les chances de ne pas survivre. Personne ne pense que l'on brime sa liberté si on ne le consulte pas pour organiser sa vie. Jusqu'à l'âge de l'indépendance,  l'homme est façonné par ses aînés : l'enfant pense par ses parents ; et, pour son bien, on prend des décisions à sa place ; c'est une question de survie. Pour exercer sa liberté, un homme doit d'abord se soumettre à la pensée des autres, des années durant.

Il en va de même pour la vie de Dieu en lui. Pour croire personnellement, l'homme doit vivre longtemps de la foi de ses parents, de ses parrain et marraine, de son entourage. La vie de Dieu est aussi fragile dans l'homme que sa vie humaine. Ce n'est pas brimer sa liberté que de lui apprendre à vivre en fils de Dieu sans le consulter. La foi prend les mêmes chemins que l'intelligence et le cœur.

Le baptême devient donc une responsabilité pour tous ceux qui y participent. La naissance ne se termine pas avec l'accouchement ; autrement ce serait la mort. Elle commence et elle engage durablement le père et la mère.
La renaissance baptismale ne finit pas avec la signature des registres, elle débute par ce rite ecclésial et elle exige beaucoup de ceux qui l'ont voulue. Il serait injuste et mensonger de demander la vie de Dieu pour son enfant et de laisser à ce dernier le soin de la développer.
             
Il y a longtemps que l'humanité serait disparue si les hommes avaient laissé la nature à elle-même.
De même, le Royaume des cieux aurait disparu avec la première génération des chrétiens s'ils ne l'avaient pas transmis à leurs descendants.

Aussi, retenons aujourd'hui : le baptême apporte à la vie des hommes une autre dimension que nous ne pouvons nous donner nous-mêmes, la dimension de l'immortalité, de la Vie divine. Il ne détruit rien de ce qui est humain, mais il apporte à toute vie ce supplément qui la transfigure, le supplément de l'Eternité, le supplément de la Vie divine. Depuis Jésus, l'humanité est entrée dans un autre âge, celui que prophétisait Jean-Baptiste, l'âge de Dieu dont le nom est Vie, Amour, comme aimait à le répéter l'apôtre St Jean.

"Celui qui croit en moi, même s'il est mort vivra." (Jn 11.25-26). - "Celui qui mange ma chair aura la vie éternelle." (Jn 6.54) - "Je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient pleinement." (Cf Jn 10.1-18).
Voilà ce que doit signifier le baptême et toute vie chrétienne !

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