dimanche 5 août 2018

Avant et maintenant !


18e T.O. 2018.B    

Avant, maintenant
Les trois lectures de ce dimanche, parlent d'un ancien temps et d'un présent tout différent, d'un "avant" et d'un "maintenant". Toute histoire est pleine de ces moments charnières qui nous font dire : Avant, c'était ainsi ; maintenant, c'est comme cela. Tantôt avec regret, tantôt avec le sentiment d'un mieux : Avant la guerre... et maintenant ! Avant le concile... et maintenant !  D'ailleurs, toute l'histoire n'est-elle pas datée d'un "avant J.C." ou d'un "après J.C.", c'est-à-dire encore : avant et maintenant !

Les Hébreux avant, maintenant
"Avant !",... disent les Hébreux en récriminant, nous n'étions pas libres mais nous mangions. La servitude, chez les Egyptiens, ce n'était pas la belle vie, mais c'était la vie. Tandis que maintenant dans ce désert, on est libre, mais à quoi bon, puisqu'on n'a rien à se mettre sous la dent ! Même par ses proches...!
Je vois d'ici le pauvre Moïse consterné, et au-dedans de lui-même ébranlé ! Solitude du leader dont les troupes renâclent, du croyant, de l’homme de foi qui n’est pas suivi.
Heureusement pour Moïse, il n'est pas seul. Dieu, qui l'a engagé dans l'aventure, assume ses responsabilités : la manne, chaque matin, viendra nourrir le peuple en marche. Si bien que l'opinion du peuple bascule : maintenant c'est bien mieux qu'avant... ! Et vienne la Terre promise !

L'homme ancien, l'homme nouveau
C'est ce que nous dit aussi St Paul. Avant, dit-il aux chrétiens d'Ephèse, vous ne saviez pas où était la vérité et vous étiez égarés par des désirs trompeurs. Laissez cet homme ancien qui était en vous et qui ne connaissait pas le message du Christ ; adoptez le comportement de l'homme nouveau.
Avant, vous ne saviez pas où aller ; maintenant, laissez-vous guider par un esprit renouvelé. Ainsi la venue du Christ a tout transformé.
Et Paul est bien placé pour le savoir : dans sa vie, il y a un "avant Damas" et un "maintenant", plus rude, mais exaltant.

Pain d'un jour et pain de vie
L'évangile aussi est fondé sur l'opposition entre avant et maintenant.
Avant, c'était hier, vous avez été rassasiés, dit Jésus aux disciples qui le traquent, faisant allusion à la multiplication des pains : Vous aimeriez bien que ça recommence : ainsi vous resteriez les bras croisés en attendant le repas suivant.
Et je dois dire qu'en ces disciples, je me reconnais bien un peu, parfois : il est moins fatigant de tendre la main que d'empoigner la charrue. Nous avons tous au fond de nous-mêmes un vieil homme ravi d'être assisté : ravi d'acheter sans payer.

Or Jésus invite ses disciples à dépasser ce stade du pain donné et à travailler. Non pas travailler pour la "nourriture qui se perd", mais pour la "nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle".

“Travailler ?”, disent les disciples, à la fois intéressés et perplexes, mais quel travail ? Et Jésus répond de manière globale : je n'ai pas à vous fixer une tâche ; croyez en moi et vous saurez bien ce qu'il y a à faire. Les disciples, hésitants en dépit des miracles déjà accomplis, demandent un signe. Et, opportunément, ils rappellent la manne que Dieu envoyait au désert. Jésus répond : la manne, c'était avant ; maintenant le pain que Dieu envoie aux hommes, c'est un pain qui donne vie au monde. Et ce pain, c'est moi, ajoute-t-il : "Je suis le pain de la vie". Il ne s’agit plus de traverser un désert mais d'aller à la vie éternelle.
             
Ainsi voit-on le rythme de ce dimanche:
- pour que les Hébreux vivent leur liberté, un produit nouveau : la manne ;
-  pour vivre notre foi : un comportement d'homme nouveau ;
- et pour vivre la vie éternelle : un pain nouveau, le pain de vie, qui est Jésus lui-même.

Sans nostalgie
Mais notre foi est souvent nostalgique ; sans cesse, on louche vers le passé : avant, le pain était meilleur, les enfants étaient instruits et il y avait du monde à la messe. Tandis que maintenant... !
Notre foi ne doit pas être ainsi. Jésus ne nous engage nullement à regarder en arrière avec des regrets.
Ce sont certains disciples qui s'accrochent au passé : nous donneras-tu l'équivalent de la manne au désert ? Or Jésus établit un nouvel ordre ; le passé est dépassé. "Je suis le pain de la vie". Et ce présent-là est pour toujours. Donc pour maintenant. Donc pour nous. Et il n'y a pas à regarder vers le passé : le vrai pain de vie n'était pas meilleur autrefois, il est toujours aussi riche, aussi vivifiant. Il est éternel. Et c’est à nous, peut-être, de changer.

Et maintenant ?
Les prochains dimanches, nous rencontrerons encore ce discours de Jésus sur le pain de vie. Mais voici déjà quelques questions :
- Sommes-nous des gens qui attendons sans se fatiguer la manne tombée du ciel ?
- Ou encore, croyants, sommes-nous au travail pour l'œuvre de Dieu ?

Et quelle est donc cette œuvre ? Catéchèse, préparation aux sacrements, service des démunis, groupe de réflexion... Oui, et que sains-je encore ! Et peut-être bien davantage : une foi profonde, plus réelle, une foi qui, sans cesse, se nourrit du Christ qui vient à nous, en nous, qui est "Pain de vie pour la vie éternelle !".
Ce mois d'août est un excellent moment pour se préparer aux engagements de la rentrée.
             
Oui, quelle place occupe Jésus pour nous ?
- Jésus, Pain d'un jour, pain de circonstance ou pain de toute une vie ?
- Son enseignement : une connaissance floue, une culture ou une source de vie ?
- Ma foi : vite rassasiée, ou affamée ?

Ne tardons pas à nous interroger, à répondre à ces questions. C’est la seule façon d’avoir l'éternité devant nous.

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