18e T.O. 2018.B
Avant, maintenant
Les
trois lectures de ce dimanche, parlent d'un ancien temps et d'un présent tout
différent, d'un "avant" et d'un "maintenant". Toute
histoire est pleine de ces moments charnières qui nous font dire : Avant,
c'était ainsi ; maintenant, c'est comme cela. Tantôt avec regret, tantôt avec
le sentiment d'un mieux : Avant la guerre... et maintenant ! Avant le
concile... et maintenant ! D'ailleurs,
toute l'histoire n'est-elle pas datée d'un "avant J.C." ou d'un
"après J.C.", c'est-à-dire encore : avant et maintenant !
Les Hébreux avant, maintenant
"Avant
!",... disent
les Hébreux en récriminant, nous n'étions pas libres mais nous mangions. La
servitude, chez les Egyptiens, ce n'était pas la belle vie, mais c'était la
vie. Tandis que maintenant dans ce désert, on est libre, mais à quoi
bon, puisqu'on n'a rien à se mettre sous la dent ! Même par ses proches...!
Je
vois d'ici le pauvre Moïse consterné, et au-dedans de lui-même ébranlé ! Solitude
du leader dont les troupes renâclent, du croyant, de l’homme de foi qui n’est
pas suivi.
Heureusement
pour Moïse, il n'est pas seul. Dieu, qui l'a engagé dans l'aventure, assume ses
responsabilités : la manne, chaque matin, viendra nourrir le peuple en marche.
Si bien que l'opinion du peuple bascule : maintenant c'est bien mieux
qu'avant... ! Et vienne la Terre promise !
L'homme ancien, l'homme nouveau
C'est
ce que nous dit aussi St Paul. Avant, dit-il aux chrétiens d'Ephèse,
vous ne saviez pas où était la vérité et vous étiez égarés par des désirs
trompeurs. Laissez cet homme ancien qui était en vous et qui ne
connaissait pas le message du Christ ; adoptez le comportement de l'homme
nouveau.
Avant, vous ne saviez pas où aller ; maintenant,
laissez-vous guider par un esprit renouvelé. Ainsi la venue du Christ a tout
transformé.
Et
Paul est bien placé pour le savoir : dans sa vie, il y a un "avant
Damas" et un "maintenant", plus rude, mais exaltant.
Pain d'un jour et pain de vie
L'évangile
aussi est fondé sur l'opposition entre avant et maintenant.
Avant,
c'était hier, vous avez été rassasiés, dit Jésus aux disciples qui le traquent,
faisant allusion à la multiplication des pains : Vous aimeriez bien que ça
recommence : ainsi vous resteriez les bras croisés en attendant le repas
suivant.
Et
je dois dire qu'en ces disciples, je me reconnais bien un peu, parfois : il est
moins fatigant de tendre la main que d'empoigner la charrue. Nous avons tous au
fond de nous-mêmes un vieil homme ravi d'être assisté : ravi d'acheter sans
payer.
Or
Jésus invite ses disciples à dépasser ce stade du pain donné et à travailler.
Non pas travailler pour la "nourriture
qui se perd", mais pour la "nourriture
qui se garde jusque dans la vie éternelle".
“Travailler
?”, disent les disciples, à la fois intéressés et perplexes, mais quel travail ?
Et Jésus répond de manière globale : je n'ai pas à vous fixer une tâche ;
croyez en moi et vous saurez bien ce qu'il y a à faire. Les disciples,
hésitants en dépit des miracles déjà accomplis, demandent un signe. Et, opportunément,
ils rappellent la manne que Dieu envoyait au désert. Jésus répond : la manne, c'était
avant ; maintenant le pain que Dieu envoie aux hommes, c'est un pain
qui donne vie au monde. Et ce pain, c'est moi, ajoute-t-il : "Je suis le pain de la vie".
Il ne s’agit plus de traverser un désert mais d'aller à la vie éternelle.
Ainsi
voit-on le rythme de ce dimanche:
-
pour que les Hébreux vivent leur liberté, un produit nouveau : la manne
;
-
pour vivre notre foi : un comportement d'homme
nouveau ;
-
et pour vivre la vie éternelle : un pain nouveau, le pain de vie, qui
est Jésus lui-même.
Sans nostalgie
Mais
notre foi est souvent nostalgique ; sans cesse, on louche vers le passé : avant,
le pain était meilleur, les enfants étaient instruits et il y avait du monde à
la messe. Tandis que maintenant... !
Notre
foi ne doit pas être ainsi. Jésus ne nous engage nullement à regarder en
arrière avec des regrets.
Ce
sont certains disciples qui s'accrochent au passé : nous donneras-tu
l'équivalent de la manne au désert ? Or Jésus établit un nouvel ordre ; le
passé est dépassé. "Je suis le pain
de la vie". Et ce présent-là est pour toujours. Donc pour maintenant.
Donc pour nous. Et il n'y a pas à regarder vers le passé : le vrai pain de vie
n'était pas meilleur autrefois, il est toujours aussi riche, aussi vivifiant.
Il est éternel. Et c’est à nous, peut-être, de changer.
Et maintenant ?
Les
prochains dimanches, nous rencontrerons encore ce discours de Jésus sur le pain
de vie. Mais voici déjà quelques questions :
-
Sommes-nous des gens qui attendons sans se fatiguer la manne tombée du ciel ?
-
Ou encore, croyants, sommes-nous au travail pour l'œuvre de Dieu ?
Et
quelle est donc cette œuvre ? Catéchèse, préparation aux sacrements, service des
démunis, groupe de réflexion... Oui, et que sains-je encore ! Et peut-être bien
davantage : une foi profonde, plus réelle, une foi qui, sans cesse, se nourrit
du Christ qui vient à nous, en nous, qui est "Pain de vie pour la vie éternelle !".
Ce
mois d'août est un excellent moment pour se préparer aux engagements de la
rentrée.
Oui,
quelle place occupe Jésus pour nous ?
-
Jésus, Pain d'un jour, pain de circonstance ou pain de toute une vie ?
-
Son enseignement : une connaissance floue, une culture ou une source de vie ?
-
Ma foi : vite rassasiée, ou affamée ?
Ne
tardons pas à nous interroger, à répondre à ces questions. C’est la seule façon
d’avoir l'éternité devant nous.
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