vendredi 16 mars 2018

Sagesse de Dieu, sagesse du monde


Carême 4 Vendredi -

Notre lecture d'aujourd'hui (Livre de "La Sagesse") est tirée d'un livre un peu particulier qui émane du milieu juif d'Alexandrie. C'est en ce milieu que la Bible hébraïque fut traduite en grec vers le 2e s. av. J.-C. On a appelé cette version grecque "La Septante" selon une légende - la légende d'Aristée - qu'il est inutile de relater ce soir !

Ce qui est à retenir, c'est que
- d'une part, les livres grecs de la Septante marquent indéniablement un progrès théologique antérieur au christianisme (la résurrection, par exemple).
- et d'autre part, curieusement, certains livres de cette version grecque (notre livre de "La Sagesse", par exemple) n'ont pas été retenus par la tradition hébraïque qui n'a pris sa forme définitive, il est vrais, qu'au 9e s. de notre ère.

L'Eglise, au contraire, n'a pas hésité à recueillir les textes de "La Septante" dans son registre des "Saintes Écritures". Ces livres sont donc à considérer comme inspirés tout comme ceux de la Bible hébraïque.

Je me permets de faire cette remarque, un peu impropre à une homélie, pour souligner que Dieu nous a parlé - "à plusieurs reprises et de bien des manières", comme dit la lettre aux Hébreux - tout au long des siècles (du 9ème s av. J-C. environ au 1er s. ap. J.-C.). Et cela de façon très pédagogique, les textes postérieurs venant toujours préciser, enrichir les textes antérieurs.

Et c'est l'ensemble qu'il faut toujours considérer, cet ensemble qui se récapitule dans le "Verbe de Dieu" fait chair, Jésus ! Dieu, finalement, "nous a parlé en son Fils qu'il a établi héritier de tout !" (Cf Heb 1.1).

Ceci dit, notre texte d'aujourd'hui peut être daté assez précisément. Il a été écrit à un moment (1ère moitié du 1er s. av. J.-C) où les juifs d’Alexandrie, sans être l’objet d’une persécution officielle, ont eu à subir des tracasseries, des vexations de toutes sortes.

On se demande alors si les "impies persécuteurs" dont il est question sont
- soit des païens qui persécutent les juifs. - Et les persécutions diverses, en certains pays, sont toujours d'actualité !
- soit - et plutôt - des juifs renégats, qui ont trahi leur foi, plus ou moins !
Et c'est toujours encore, malheureusement, d'actualité pour Juifs, Chrétiens ou autres...!
Car il arrive toujours que certains bénéficiaires des œuvres de l'Eglise, combattent, par la suite, cette Mère-Eglise facilement accusée alors de bien des maux, d'étroitesse, d'un refus systématique d'évolution soi-disant nécessaire pour le bien d'un pays, des hommes. Et que sais-je encore !

Les applications sont nombreuses en milieu social, médical, philosophique, etc. Et ces gens-là persécutent - souvent insidieusement - leurs frères et défient Dieu, comme dit le texte ! Ils veulent jouir et encore jouir de la vie, selon la "sagesse" du monde ! C'est leur seul but. Dieu vient bien après s'il n'est pas trop gênant !
Et l'enjeu du "combat" est bien précisé dans le texte : L’homme en effet, partout et toujours, ne supporte pas celui dont l’exemple et la parole invitent inexorablement ses contemporains à changer de mentalité, de vie, à se tourner vers l'amour de Dieu et l'amour de ses frères ! Même en temps de Carême !

Ecrit un siècle avant l’apparition du Christ, notre texte prend une valeur saisissante. Il décrit non seulement la "mort du juste", mais celle d’un "fils du Seigneur", d’un "fils de Dieu". Ce texte prend alors une extraordinaire plénitude de sens quand on le lit en pensant à la passion de Jésus, l'"Innocent" par excellence ! Mort mais ressuscité, chanterons-nous prochainement.

D'ailleurs, un des thèmes défendu par le livre de "La Sagesse", de façon plus ou moins voilée, c'est le thème de la réssurection de la chair, le thème d'une crtéation nouvelle !

Ainsi ce livre comprend des affirmations qui préparent le Nouveau Testament, comme celle-ci : "Oui, Dieu a créé l'homme pour l'incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature !". (2.23).

Et souvent en ce livre, la "Sagesse divine" est personnifiée au point de fournir à St Paul et à St Jean des formules théologiques que l'on trouve notamment dans le lettre aux Colossiens.

En tous les cas, le livre décrit un combat incessant qui est mené entre païens et croyants.
Mais n'oublions pas pour autant que ce combat passe, très souvent, à l'intérieur de nous-mêmes. Nous sommes parfois nous-mêmes les persécuteurs de notre idéal chrétien, de notre foi, de notre adhésion au Christ ! - Que le Seigneur nous aide tout au long de ce Carême !

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