dimanche 15 octobre 2017

Les invitations de Dieu

28e Dim Ord. 17/A  -

Nous pouvons réellement dire : "Dieu est humain" !

Si l’homme ne peut véritablement exister sans Dieu, Dieu n’est pas sans l’homme depuis qu’il s’est fait homme. Et, parce que homme en Jésus, Dieu a donc expérimenté, comme nous-mêmes, cette souffrance de l'invitation que l'on repousse, de la main tendue que l'on ignore.

Il a aussi expérimenté la joie des retrouvailles, du réconfort, de la solidarité humaine.
Oui, Jésus Christ a connu les joies de l'amitié, par exemple à Béthanie avec Marie, Marthe et leur frère Lazare. Mais il a souffert de se voir rejeté par ses compatriotes de Nazareth, trahi par Judas, l'un des siens. Il a pleuré sur Jérusalem qui n'a pas voulu se rassembler autour de lui, “comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes”.

Ainsi, nous pouvons mieux saisir à travers l'humanité de Jésus envahie tantôt par la joie, tantôt par la peine, les émotions du cœur de Dieu, son bonheur lorsque nous répondons à ses invitations, ou sa déception lorsque nous disons "non" à ses appels. Jésus nous a décrit la joie immense du Berger qui retrouve sa brebis perdue, et, par contre, sa tristesse infinie, lorsque le fils prodigue s'éloigne en lui tournant le dos.

Certes, Dieu est le "Tout Autre", le "Transcendant" comme l'on dit; mais Dieu est aussi me "tout  autre" que Celui que les philosophes avaient imaginé : un Dieu lointain, hautain, insensible, indifférent. - En nous disant : “Qui me voit, voit le Père”, Jésus nous dévoile un Dieu proche, capable de compassion etde pitié, d'émerveillement, et  d'enthousiasme.

Mais allons encore plus loin. Depuis que Jésus - Dieu fait homme - est ressuscité, sa présence, limitée pendant sa trentaine d'années en Palestine, est devenue universelle par son Esprit qui habite en nous.

Dès lors, qui voit un homme, peut aussi discerner Jésus-Christ qui nous a prévenus : “Ce que vous faites au plus petit d'entre mes frères c'est à moi que vous le faites”. A travers les invitations que nous adressent les hommes, il nous faut donc parfois, souvent même, discerner, dans le quotidien de nos vies, de véritables appels de Dieu.

Lorsque nous refusons ou acceptons de donner notre temps, en fonction de quoi nous décidons-nous ? Est-ce en fonction de notre seul intérêt, du profit à en tirer, de l'argent à gagner ? Et alors, comme les invités de l'évangile nous ne tenons aucun compte des besoins des autres et, sans doute, de Dieu lui-même. Et Nous nous en allons, souvent tristement, qui à son champ, qui à son commerce ou à ses plaisirs. Et les autres ? Et Dieu lui-même ? Ils souffrent, comme le Christ, de la solitude devant nos rendez-vous manqués. Et nous-mêmes, nous nous condamnons à une certaine solitude en nous repliant sur nous-mêmes, loin des autres et parfois loin de Dieu.

La solitude des uns et des autres, voilà la grande souffrance de notre époque, la cause de tant de tristesse et de dépressions, de suicides même. Un rendez-vous avec soi-même n'a rarement de sens. Ne sommes-nous pas créés à l'image d'un Dieu en trois personnes pour vivre avec et pour les autres, et souvent communier ainsi avec Dieu-Trinité ?

Il faudrait prendre l'habitude, à chaque sollicitation, à chaque appel, de se poser la question : n’est-ce pas Dieu qui me fait signe ? Et si, après avoir cherché et trouvé la lumière, la réponse est affirmative, alors il ne devrait pas y avoir d'hésitation à répondre "oui", même s'il y a contrariété. -

Nous ne savons pas où Dieu nous mène, c’est vrai. Mais n'ayons pas peur de le suivre ? Pourtant, Dieu veut notre vrai bonheur, par-delà les apparences contradictoires, épreuves parfois humainement incompréhensibles. - Mais Dieu ne cesse d’être présent. Comme le disait Elie Wiesel durant l’extermination des Juifs : “J’étais parfois avec Dieu, souvent contre Dieu, mais jamais sans Dieu”. N’être jamais sans Dieu ! Alors même que notre pauvre intelligence a du mal à le reconnaître !

Il ne s'agit pas de contrecarrer systématiquement notre volonté ou de détruire notre personnalité. Dieu nous veut heureux et bien vivants dès aujourd'hui et pour toujours. Le Royaume de Dieu est une alliance, un véritable "mariage d'amour". Et sans doute que dans toute alliance, il y a des ombres… Cependant l'Eucharistie - signe de cette alliance - qui nous rassemble est l'annonce d'un festin qui s'achèvera dans la consommation des "noces éternelles".

Aussi, interrogeons-nous sur la qualité de notre attention à l'appel de Dieu à travers les invitations des autres. Sommes-nous fidèles aux rendez-vous qui nous sont proposés dans la mesure de nos possibilités. Quelles sont nos réactions devant des invitations, des lettres reçues, des rencontres quotidiennes.

Oui, Dieu nous lance des invitations à travers les services demandés dans ma famille, avec mes voisins, dans mes relations professionnelles, en Eglise…
Oui, Dieu nous fait très souvent signes à travers personnes et aussi - surtout peut-être - à travers les événements, même parfois très douloureux.
Dieu nous fait souvent signe, nous invite à son "repas" à l'intérieur même de l'Eglise. Il nous demande souvent de préparer la "table" des noces (dont l’Eucharistie est le signe) en participant activement à tel ou tel service d'Eglise, même si c'est le plus humble, le plus caché, en discernant son mystère pascal - de mort et de gloire - en tel ou tel événement difficile et parfois douloureux.

Soyons-en persuadés : cette habitude de répondre "oui" dans l'aujourd'hui des petites choses est la seule garantie de dire un "oui" total, joyeux et définitif, lorsque retentira le dernier appel : l'heure est enfin venue ; voici le temps des noces ; voici l'Epoux qui vient. Allez à sa rencontre.

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