dimanche 1 octobre 2017

Le repentir, porte du ciel !


Un seul Père. Un même appel. Une vigne unique. Mais deux fils ! Et le Maître, qui est Père, adresse la même invitation : “Va travailler à ma vigne !”
Le premier répond : “Non” !". Mais s’étant repenti, il y va. Le second répond : “Oui, Seigneur !”. Et il n’y va pas! Et Jésus affirme préférer le premier : celui qui commence par refuser, celui dont la vie restera sans doute à jamais marquée par ce refus premier, celui qui a dû revenir, brisé dans son amour propre et mendiant humblement le pardon ! 

Pourquoi cette préférence ? C'est parce qu'à côté de la vertu de constance (que Jésus ne méprise certes pas), il y a la route du repentir.
Et le repentir reste le plus sûr accès au Royaume de Dieu.

Le repentir est notre passage unique vers la Vie. Que nous ayons dit “oui” à Dieu  ou d’abord dit “non”,  nous avons tous à faire la découverte de ce passage essentiel, nécessaire, inévitable : la pâque du repentir.
           
Dans le cas d'une générosité spontanée, d'un “oui” immédiat, nous courons si facilement le risque de trop nous appuyer sur nous-mêmes. Alors, l'expérience douloureuse de nos limites et faiblesses, l'humiliante brisure peut-être d'un échec, d’un manquement inattendu, peuvent nous conduire à chercher notre appui sur un Autre que nous-mêmes. Le repentir de notre trop grande et fréquente suffisance nous ramène vers Dieu ; et nous retrouvons alors un sol plus ferme : On abandonne ses fausses sécurités pour s’appuyer sur le Roc de la Miséricorde divine.
       
Même si nous sommes de ceux qui se sont toujours efforcés d’être fidèles à leur “oui” initial, Jésus ne veut pas nous abandonner à notre seule générosité, souvent orgueuilleuse. Il s'ingénie à nous faire comprendre que nos petites réussites humaines sont chimères, et qu'il n'y a de salut possible qu'à travers sa miséricorde.
Nous résistons longtemps à cette "ruse divine", si je puis dire ; mais un jour, au moment où notre générosité coutumière nous trahit, nous nous retrouvons face à la miséricorde divine, conscients de  notre médiocrité, mêlés aux derniers des pécheurs, à ceux qui précèdent les "Justes" dans le Royaume de Dieu. Nous sommes sauvés ! Non plus par le mérite de nos propres forces, mais par la seule grâce de l’Amour divin. Et reconnaissant ainsi l'Amour, nous voyons Dieu ; Et dans cette vision de Dieu, nous retrouvons la Vie, celle qui ne peut venir, pour durer, que de Lui.
   
Si nous sommes, au contraire, de ceux qui ont fait l’expérience douloureuse d'un refus premier et voulu, alors, croyons que la grâce divine nous a accompagnés et conduits, finalement et quand même,  en recherchant humblement le pardon, jusqu'à la vigne du Seigneur.       
Et le souvenir de ce pardon, de cette miséricorde paternelle, ne peut plus s'effacer ! L’assurance de ceux qui ont franchi la porte du repentir ne leur vient que du regard de pardon que le Seigneur, un jour, a posé sur eux. Et ceux-là savent et peuvent oser.

Ils sont désormais les premiers : Zachée, Marie de Magdala, le Bon Larron. Ayant trouvé la porte du repentir, ils sont entrés de plain-pied dans la Maison du Père. Ils ont fait la rugueuse mais libérante expérience de leur faiblesse et de leur petitesse. Et toute leur foi, toute leur espérance sont désormais fondées sur la certitude d'un Amour divin, entièrement gratuit par lequel ils ont été renouvelés. Et avec saint Jean, ils redisent, en toute humilité et vérité : “Nous avons connu l’amour de Dieu pour nous et nous y avons cru”.               

Mais dans l'un et l'autre cas, la porte unique du salut reste celle du repentir.
Si Jésus déclare aux scribes que les publicains et les prostituées les précéderont dans le Royaume de Dieu, ce n'est pas parce qu'ils sont “prostituées” ou “publicains” ; Jésus n'a jamais dit cela ! Il ne bénit ni le trafic financier ni la prostitution. Mais c’est parce que, tout “publicains” ou “prostituées” qu'ils soient, ou plutôt qu'ils étaient, eux, se sont repentis, se sont convertis ! Et parce que convertis, ils sont devenus des saints !
           
Ainsi, l'essentiel n'est pas de rester un “juste”, - ce n'est pas possible ! -, mais de devenir un “saint”, c-à-d un incessant converti. Jésus n'est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Or, il n'y a que des pécheurs! “Moi le premier”, disait Paul. Le saint est un “pécheur” qui s'ouvre, par l'humilité du repentir, à la Vie, dont la source est dans la miséricorde divine.
Et parce que nous sommes “tous pécheurs”, nous sommes “tous appelés” à devenir des saints ! Malgré notre péché. Ou même, osera dire St Augustin, “par la grâce de nos péchés”.
Un Père du désert affirmait : “Celui qui reconnaît son péché est plus grand que celui qui ressuscite un mort”. Oui, confessant sa faute, il rend à jamais son âme vivante et immortelle !
           
Pourquoi Jésus nous dit-il qu'il y a plus de joie pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui persévèrent? Dieu ne peut pas privilégier les uns aux dépens des autres et moins encore préférer les "pécheurs" qui tombent aux "justes" qui tiennent ! Pourquoi donc Jésus parle-t-il ainsi ?  Tout simplement parce que les Justes qui ne cherchent pas à se convertir sans cesse, ne sont plus des "justes", mais des "satisfaits". Alors que les pécheurs repentis, par leur retour dans les bras de Dieu, provoquent sa joie et sont sanctifiés.
Il ne s'agit pas d'être des "justes", mais des "saints" ! Et on ne peut le devenir que par le repentir de nos défaillances qui nous jette dans l'amour miséricordieux de Dieu ! C'est son amour seul qui fait la sainteté.

Dès lors, peu importe que nous soyons de ceux qui ont d'abord dit "oui", ou de ceux qui ont d'abord dit "non". Thérèse de Lisieux, Bernadette Soubirous, Jean-Marie Vianney, … sont de ceux qui, dès le départ, ont dit “oui” à Dieu. Cœurs innocents et purs, qui ont eu la grâce de le rester. Mais attention : leur sainteté ne s'est établie qu'à partir du jour où, dans leur vie, l'expérience de leur propre faiblesse, de leur péché, de leur incapacité, de leur crainte, les a conduits à croire en la miséricorde de Dieu et à ne plus compter que sur Lui. Ils festoient, aujourd'hui, dans la Vigne de Dieu.
           
Paul de Tarse, Augustin, Charles de Foucauld, avec Zachée le publicain, Marie de Magdala, sont parmi ceux qui, pendant longtemps, ont commencé par dire “non”. Mais ils ont su un jour, au terme de leurs aveuglements, de leurs refus et de leurs chutes, de quel immense amour Dieu lui-même, en se penchant vers eux pour les relever, les a comblés. Ils sont tombés dans les bras de Dieu qui les attendait, au bout de leur tunnel. Et durant tout le reste de leur vie, ils ne l'ont plus jamais oublié. Ils festoient, eux aussi, en ce jour, dans la Vigne de Dieu !

Et nous, frères et sœurs ? Nous ne sommes, nous, peut-être, ni de ceux qui ont vraiment dit “oui”, ni de ceux qui ont carrément répondu “non”. On ne dit jamais définitivement “non”, et on ne dit jamais pleinement “oui”. Il n'y a que le Christ qui n'ait été que “oui” en tout (2 Co. 1/19). Et Marie dont la vie a été tournée d'emblée vers Dieu par un “oui” sans mélange et sans retour.

En nous proposant pourtant d'aller travailler dès ce jour à sa vigne, Dieu ne nous demande pas l'impossible. Il nous demande seulement de ne pas nous appuyer, avec présomption, sur nos seules forces, sur nos propres certitudes ; mais de nous retourner vers lui, “qui dans sa grande miséricorde nous a fait naître de nouveau” (I P.1.3).
- Le “oui” premier, sa grâce pourra faire alors que nous puissions le tenir!
- Les “non” que nous pourrions dire, sa grâce aussi pourra faire que nous sachions nous reprendre !

Et nous pourrons alors, dans la confiance, l'humilité et la joie, entendre la voix du Père, pleine d'autorité et de tendresse, nous redire, chaque matin : “Mon enfant, va, aujourd'hui, travailler à ma vigne”. Et, avec l'aide de sa miséricorde, nous travaillerons a laisser grandir en nous la part d'immortalité qu'il nous a déjà donnée, la vocation de sainteté à laquelle il nous appelle.

Retenons bien : Ne cherchons pas à être des "justes" par nos propres forces, mais des "saints" par grâce de Dieu !


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