samedi 7 octobre 2017

Les fruits de la vigne ?

27ème dimanche du TO/A 17
           
Il nous arrive encore souvent de penser : "Pourquoi Dieu est-il si loin de nous ?". Ou bien : "Pourquoi le Royaume de Dieu que Jésus-Christ est venu instaurer est-il si long à se construire ?". Et voici qu'aujourd'hui Dieu s'explique un peu; d'une manière qui peut nous sembler dure, car c'est presque un réquisitoire.

Pour justifier sa position, il prend une comparaison : un homme possède une vigne, il fait tout ce qu'il peut pour elle ... et il n'en retire aucun fruit. Alors, que faire ? Normalement, il doit s'en séparer.
Mais  Dieu nous rappelle que, pour lui, ce n'est pas seulement une affaire de rendement. C'est une histoire d'amour. La première lecture d'aujourd'hui commençait par ces mots : "chant du bien-aimé à sa vigne"! Et quand on aime, les rapports ne peuvent pas se juger seulement sur le rendement !

L'histoire de la vigne nous ramène à la manière dont Dieu a aimé son peuple : il l'a libéré de l'esclavage,  l'a conduit au désert, l'a nourri, a marché à ses côtés, lui a donné un pays  et, par sa loi, lui a révélé les chemins à suivre. Et malgré tout cela, le peuple s'est éloigné de Dieu.

Nous pourrions, évidemment, lire cette page d'une manière historique, antisémite même, en chargeant les Juifs de tous les crimes contre Jésus. Comme si nous étions les innocents de  l'histoire sainte !

Or, la question demeure : Jésus a-t-il pu prendre toute sa place dans notre vie pour porter des fruits qui demeurent, comme dirait St Jean ; Jésus veut imprimer son portrait authentique en nos cœurs, en nos vies avec l'écriture de la foi et de l'amour effectif.

Aussi, réfléchissons, car aujourd'hui, Dieu nous adresse le même message qu'aux auditeurs du Christ. Il nous invite à relire notre vie passée pour y desceller les signes, les preuves qu'il nous a aimés follement.
Et le reconnaissants, ne sommes-nous pas capables, nous aussi, comme Pierre, Paul ...de nous écrier : "Je sais maintenant en qui j'ai mis ma foi". Ne trouvons-nous pas en nos vies des évènements, des moments où nous avons perçu une prévenance, une présence toute particulière du Seigneur pour nous, prévenance, présence manifestées par nos parents, par un ami, par des évènements... où simplement par une lente et mure réflexion qui était finalement comme un dialogue avec le Seigneur?

Oui, Dieu est venu chez les siens, chez nous, en nous ; et sa force nous a permis de nous libérer peu à peu de ce qui nous retenait captifs dans le mal ;  sa parole a éclairé notre route humaine.

Il nous a donné la foi qui donne sens à nos vies.
Il a mis au fond de chacun de nous des talents différents afin que nous puissions révéler son amour aux autres et construire son Royaume.

Dieu, en faisant alliance avec ce nouveau peuple dont nous faisons partie - l'Eglise -, a fait ce projet : construire un monde nouveau, bâtir un monde d'amour où tous auraient connaissance de la Bonne Nouvelle ...
Il a confié cette tâche - je dirais cette vigne - à son peuple, à nous !

Dans l'histoire de la vigne, le propriétaire envoie ses serviteurs au moment des vendanges pour recueillir le fruit de ce qu'il leur avait laissé en gérance.

Si le Christ revenait aujourd'hui nous demander les fruits de ce qu'il nous a confié, ne pourrait-il pas nous adresser les mêmes reproches qu'il a adressés autrefois aux descendants d'Abraham ?

Certes, nous pourrions lui montrer de belles choses, des réalisations, des avancées missionnaires, des progrès avec les nôtres et dans la construction d'une communauté chrétienne où davantage de personnes prennent des responsabilités... C'est vrai ! 

Mais, il demeure bien des points essentiels où nous serions obligés de garder le silence : ma vie s'appuie-t-elle sur Dieu ou sur les hommes ? Quelle espérance je manifeste ? Est-elle humaine ou chrétienne ? Quel amour je porte à mes semblables ? Quel temps avons-nous passé pour annoncer l'évangile à ceux qui ne le connaissent pas ?...

L'évangile d'aujourd'hui nous invite donc à un examen de conscience. 
D'abord au niveau de nos familles, de nos diverses communautés de vie, de l'Eglise à laquelle nous voulons appartenir.  Le Royaume de Dieu nous a été donné pour que nous lui fassions produire du fruit. Nous avons peut-être enfoui le trésor que nous avons reçu du Seigneur au lieu de le mettre au service de tous.

Examen de conscience encore au niveau de chacun de nous : quels sont les dons que Dieu a déposés en chacun d'entre nous? Comment ai-je mis mes qualités  au service de la construction du Royaume de Dieu, de l'annonce de l'Evangile ?

Peut-être qu'après tout cela, nous serions tentés de conclure : le Seigneur va agir comme dans la parabole. Il va nous quitter, nous abandonner.
Non, car il nous a rassemblés ce matin, pour que nous prenions conscience de tout cela, mais surtout pour nous dire qu'il peut être encore plus proche de nous afin que la mission de l'évangile progresse chez nous.

Malgré nos faiblesses et nos hésitations, il nous redonne sa confiance et dans l'Eucharistie nous prouve son amour.

La vigne, c'est vous, c'est moi ! En nous, Jésus revient toujours mendier un accueil pour qu'il puisse se manifester au monde. Depuis qu'il s'est fait homme, Dieu a besoin des hommes, il a besoin de vous.

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