27ème
dimanche du TO/A 17
Il nous arrive encore souvent de
penser : "Pourquoi Dieu est-il si
loin de nous ?". Ou bien : "Pourquoi
le Royaume de Dieu que Jésus-Christ est venu instaurer est-il si long à se
construire ?". Et voici qu'aujourd'hui Dieu s'explique un peu; d'une
manière qui peut nous sembler dure, car c'est presque un réquisitoire.
Pour justifier sa position, il prend
une comparaison : un homme possède une vigne, il fait tout ce qu'il peut pour
elle ... et il n'en retire aucun fruit. Alors, que faire ? Normalement, il doit
s'en séparer.
Mais
Dieu nous rappelle que, pour lui, ce n'est pas seulement une affaire de
rendement. C'est une histoire d'amour. La première lecture d'aujourd'hui
commençait par ces mots : "chant du
bien-aimé à sa vigne"! Et quand on aime, les rapports ne peuvent pas
se juger seulement sur le rendement !
L'histoire de la vigne nous ramène à
la manière dont Dieu a aimé son peuple : il l'a libéré de
l'esclavage, l'a conduit au désert, l'a
nourri, a marché à ses côtés, lui a donné un pays et, par sa loi, lui a révélé les chemins à
suivre. Et malgré tout cela, le peuple s'est éloigné de Dieu.
Nous pourrions, évidemment, lire
cette page d'une manière historique, antisémite même, en chargeant les Juifs de
tous les crimes contre Jésus. Comme si nous étions les innocents de l'histoire sainte !
Or, la question demeure : Jésus
a-t-il pu prendre toute sa place dans notre vie pour porter des fruits qui
demeurent, comme dirait St Jean ; Jésus veut imprimer son portrait
authentique en nos cœurs, en nos vies avec l'écriture de la foi et de l'amour
effectif.
Aussi, réfléchissons, car
aujourd'hui, Dieu nous adresse le même message qu'aux auditeurs du Christ. Il
nous invite à relire notre vie passée pour y desceller les signes, les preuves
qu'il nous a aimés follement.
Et le reconnaissants, ne sommes-nous
pas capables, nous aussi, comme Pierre, Paul ...de nous écrier : "Je sais maintenant en qui j'ai mis
ma foi". Ne trouvons-nous pas en nos vies des évènements, des moments
où nous avons perçu une prévenance, une présence toute particulière
du Seigneur pour nous, prévenance, présence manifestées par nos parents,
par un ami, par des évènements... où simplement par une lente et mure réflexion
qui était finalement comme un dialogue avec le Seigneur?
Oui, Dieu est venu chez les siens,
chez nous, en nous ; et sa force nous a permis de nous libérer peu à peu de ce
qui nous retenait captifs dans le mal ;
sa parole a éclairé notre route humaine.
Il nous a donné la foi qui donne
sens à nos vies.
Il a mis au fond de chacun de nous
des talents différents afin que nous puissions révéler son amour aux autres et
construire son Royaume.
Dieu, en faisant alliance avec ce
nouveau peuple dont nous faisons partie - l'Eglise -, a fait ce projet : construire
un monde nouveau, bâtir un monde d'amour où tous auraient connaissance de la
Bonne Nouvelle ...
Il a confié cette tâche - je dirais
cette vigne - à son peuple, à nous !
Dans l'histoire de la vigne, le
propriétaire envoie ses serviteurs au moment des vendanges pour recueillir le
fruit de ce qu'il leur avait laissé en gérance.
Si le Christ revenait aujourd'hui
nous demander les fruits de ce qu'il nous a confié, ne pourrait-il pas nous
adresser les mêmes reproches qu'il a adressés autrefois aux descendants
d'Abraham ?
Certes, nous pourrions lui montrer
de belles choses, des réalisations, des avancées missionnaires, des progrès
avec les nôtres et dans la construction d'une communauté chrétienne où
davantage de personnes prennent des responsabilités... C'est vrai !
Mais, il demeure bien des points
essentiels où nous serions obligés de garder le silence : ma vie
s'appuie-t-elle sur Dieu ou sur les hommes ? Quelle espérance je manifeste ?
Est-elle humaine ou chrétienne ? Quel amour je porte à mes semblables ? Quel
temps avons-nous passé pour annoncer l'évangile à ceux qui ne le connaissent
pas ?...
L'évangile d'aujourd'hui nous invite
donc à un examen de conscience.
D'abord au niveau de nos familles,
de nos diverses communautés de vie, de l'Eglise à laquelle nous voulons
appartenir. Le Royaume de Dieu nous a
été donné pour que nous lui fassions produire du fruit. Nous avons peut-être
enfoui le trésor que nous avons reçu du Seigneur au lieu de le mettre au service
de tous.
Examen de conscience encore au
niveau de chacun de nous : quels sont les dons que Dieu a déposés en chacun
d'entre nous? Comment ai-je mis mes qualités
au service de la construction du Royaume de Dieu, de l'annonce de
l'Evangile ?
Peut-être qu'après tout cela, nous
serions tentés de conclure : le Seigneur va agir comme dans la parabole. Il va
nous quitter, nous abandonner.
Non, car il nous a rassemblés ce
matin, pour que nous prenions conscience de tout cela, mais surtout pour nous
dire qu'il peut être encore plus proche de nous afin que la mission de
l'évangile progresse chez nous.
Malgré nos faiblesses et nos
hésitations, il nous redonne sa confiance et dans l'Eucharistie nous prouve son
amour.
La vigne, c'est vous, c'est moi ! En
nous, Jésus revient toujours mendier un accueil pour qu'il puisse se manifester
au monde. Depuis qu'il s'est fait homme, Dieu a besoin des hommes, il a besoin
de vous.
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