Rameaux
17 - A
Dieu s’est fait homme ! Ce grand mystère,
nous l'avons célébré, il y a quelques mois. Et la conséquence de
l’Incarnation est que Jésus est mort ; il est mort comme tout homme, comme je
mourrai moi-même !
Mais la mort de Jésus, elle fut violente
; c'était la conséquence d'un drame que l'on peut plus ou moins expliquer
humainement :
- Jésus était juif. Il appartenait à
un peuple soumis à la superpuissance de l'époque : Rome. Et c'est un
représentant de cette puissance romaine, Pilate, qui a ordonné la mise à mort
de Jésus, le croyant pourtant innocent : "Pilate
prit de l'eau, se lava les mains en disant : "Je suis innocent de ce sang... Et il livra Jésus pour qu'il soit
crucifié" (Mth
27.24 sv).
L'exemple parfait de la mort d'un innocent !
- Jésus était juif ! Face à Rome, les
juifs jouissaient cependant d'une certaine autonomie, de certains pouvoirs :
+ Il y avait le pouvoir des grands
prêtres à qui Jésus avait reproché récemment de changer la religion en un
commerce. "Ils étaient, avait-il
dit également, "des aveugles qui
conduisent des aveugles". Et il affirmait pouvoir détruire le temple
pour le rebâtir en trois jours ! Raison suffisante pour le faire mourir !
+ Il
y avait le pouvoir des "Anciens", des grands propriétaires
terriens de Palestine ; A leur sujet, Jésus avait dit : "Il est plus facile à un chameau d'entrer par le trou d'une
aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu !".
Affirmation d'un révolutionnaire qui mérite la mort !
+ Il y avait le groupe des Pharisiens, des
scribes, etc... Or, Jésus les traitait souvent d'hypocrites ! Il méritait
bien, finalement, la mort !
Bref, Jésus "avait enseigné les chemins de Dieu eu toute vérité"
(Mth
22.15),
rapportera St Matthieu. Oui, "Il
était la vérité" insistera St Jean (14.6). Mais "qu'est-ce que la vérité ?" demandera
Pilate... Car la vérité est parfois si fulgurante qu'elle aveugle ceux qui la
refusent. Et ce sont des aveugles qui ont condamné Jésus. Aussi nous pouvons
nous demander nous-mêmes avec les pharisiens : "Est-ce que nous serions des aveugles nous aussi ?" (Jn 9.40)
Car aujourd'hui encore des "innocents"
- comme Jésus - sont éliminés parce qu'ils proclament la vérité et par leur vie
et par leurs paroles. Ils dérangent. Alors, il faut les mettre à mort. Oui,
avec Jésus, ce sont des vies "innocentes", victimes des grandes puissances,
des grands pouvoirs du monde ! Le mystère pascal du Christ est toujours
d'actualité. Et toute eucharistie le rappelle. "Vous ferez cela en mémoire de moi !".
On peut dire tout cela... Et c'est déjà
beaucoup !
Mais je me permets - pour terminer - de
reprendre ma première réflexion : Jésus, parce qu'il était vrai homme, est
mort comme tout homme. La mort n'apparaît-elle pas - et pour certains en
particulier - comme l'injustice par excellence ?
Ce n'est pas mon propos de philosopher sur
cette question, du "pourquoi" de la mort ! Mais plutôt de proclamer
déjà la réponse à cette question qui semble souligner
l'"injustice" par excellence de notre condition humaine : Le Christ
est mort, certes ! Mais il est ressuscité. Telle est notre foi ! Notre
certitude.
Toutes les pages de la Bible proclament que
Dieu, le Vivant, est plus fort que la mort, que toute mort. Et le Christ
n'a fait qu'illustrer - je dirais physiquement - cette vérité biblique
"Ce
Dieu,
dit le psaume 68ème, est pour
nous le Dieu des victoires.
Et
les portes de la mort sont à Dieu le Seigneur"
Oui, le Christ, par puissance divine,
possède pour nous les issues de la mort !
Oui, le Christ par sa mort et sa
résurrection, "nous mène 'al mouth',
selon une expression du psaume 48ème, c'est-à-dire
"par-delà", par-delà toute épreuve, par-delà l'épreuve suprême de la
mort elle-même !
Quand St Paul comparaît devant les
instances juives, il déclare : "c'est pour la résurrection des morts que
je suis ici" !
Et quelques jours plus tard, à Césarée, au
roi Agrippa que le gouverneur Festus avait invité, il demandera en quelque
sorte : pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts
? Toute la Bible le révèle. Et d'ailleurs la prière que faisait tout bon
juif, que faisait St Paul, que faisait Jésus lui-même comportait cette formule
: "Béni soit le Seigneur, Roi du
monde, qui ressuscite les morts !" (3ème
bénédiction de la Amida) -
Aussi, l'apôtre avait déjà écrit : Si le Christ n'est pas ressuscité "nous sommes les plus malheureux des
hommes" (I
Co. 15.19).
- Mais "non, le Christ est
ressuscité des morts !" (Id 20)
C'est ce que nous célébrerons dans quelques
jours. Et avec le refrain du jour des rameaux - "Hosanna ! Béni soit celui qui vient" -, nous pourrons
proclamer avec force, et par toute notre vie et par nos voix, ce verset du
psaume 118ème : "Non, je
ne mourrai pas, je vivrai, et je chanterai les œuvres du
Seigneur !"
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