Annonciation
2017
Croyez-vous qu’elle ait vraiment compris ce qui lui
arrivait…, cette toute jeune fille, cette femme simple, humble, cette
campagnarde peu instruite ? Croyez-vous qu'elle ait vraiment compris, Marie ?
D'ailleurs, elle ose demander : "Comment
? Comment cela va-t-il se faire ?".
Et pensez-vous que la réponse à sa question
lui soit plus compréhensible : "L’Esprit
Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre.
C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint et il sera appelé le Fils de
Dieu" ?
Oh ! Certes, comme ses camarades d'école,
nourrie, dès son plus jeune âge, de la Parole de Dieu dispensée à travers les les
siècles, Marie a dû reconnaître certaines allusions : l'"ombre", la
nuée qui recouvrait l'arche d'alliance au cours de l'exode..., la naissance
d'enfants qui furent "saints", de la sainteté de Dieu... ! Mais enfin
quelle réponse !
Bien sûr, c’est un ange qui lui porte le
message et l’un des plus grands. Mais, pour autant, ce messager céleste rend-il
plus claire la réponse, plus évident, compréhensible, l’évènement annoncé ?
Non, elle n’a pas dû pardaitement
comprendre, la jeune fille de Nazareth. Mais elle a écouté !
Et c’est dans cette écoute qu’elle est
grande. Elle écoute et elle entend : "Je
te salue comblée de grâce. Le Seigneur est avec toi !". Elle écoute
encore et elle entend : "Ne crains
pas, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu".
Elle écoute ! Et parce qu'elle
écoute, elle reconnait : c’est son Dieu qui est là, présent, dans ces
paroles : "ne crains pas"
-"avec toi" - "auprès de Dieu" - "comblée de
grâce". Ce sont les mots, ce sont les pas de Dieu, lorsqu’il vient
frapper à la porte du cœur de l’homme. Elle ne comprend peut-être pas bien,
mais elle sait que ce sont les paroles de son Dieu et que ces paroles sont pour
elles et que ces paroles sont vraies.
Elle écoute ! Elle écoute avec
grande attention, avec avidité même ! Et parce qu'elle écoute, qu'elle aime cette
Parole divine, elle accueille le Dieu vivant. Et c’est alors que du fond
de son cœur, de tout son être, elle s’écrie : "Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon
ta parole".
Elle prononce cette réponse comme tant
d’autres avant elle : Abraham, Moïse, Samuel, Jérémie... ont dit de mille et
une manière : "me voici !" -
"Parle Seigneur, ton serviteur écoute". - "Me voici, je viens,
pour faire ta volonté".
Et nous, savons-nous reconnaître les mots,
les pas, l’appel de notre Dieu, dans nos vies ? Savons-nous formuler l'unique
réponse qui vaille, même si c’est à chacun la sienne : "Me voici" - "Ce que tu veux, Seigneur".
La foi de Marie est le modèle de notre foi. Elle ne
comprend pas bien. Elle croit parfaitement. Et sa foi n’est pas
lointaine. Elle nous montre le chemin : écouter, écouter pour entendre le
Seigneur nous dire les mots de l’appel, les mots de l’amour, les
mots de l’envoi…
Et le récit de l’Annonciation nous enseigne
encore quelque chose de très important : Marie était vierge. Elle
était promise en mariage à Joseph. Le contrat de mariage était
"signé", même si, selon la coutume de l’époque, il y avait un temps
entre le mariage contracté et la cohabitation. Marie était vierge. Elle
n’attendait donc pas, n’espérait donc pas un enfant, pas encore… Celui qui lui
est promis et qu’elle va mettre au monde est un don inattendu, une
surprise plutôt embarrassante au point de vue humain et social, une
surprise qui va bien embarrasser Joseph.
Oui, les surprises de Dieu ne sont pas
toujours confortables. Elles bousculent. Elles exigent plus que nous
voudrions donner. Et les surprises de Dieu demandent toujours notre
participation, notre collaboration.
Alors, si tout vient de Dieu, tout vient
aussi de Marie
qui va porter l’enfant. Et c’est en cela qu’elle est bienheureuse,
bienheureuse parce qu’elle a été choisie et
qu’elle a été comblée de grâce,
bienheureuse parce qu’elle a cru,
bienheureuse par ce qu’elle a fait : elle a
porté l’enfant, elle l’a mis au monde, elle l’a éduqué.
Et nous, devons-nous nous hisser à cette
hauteur de grâce, de foi, d’amour qui fut celle de Marie ? Non, il ne s’agit
pas de se hisser, mais de se recueillir, comme Marie, pour accueillir le
nouveau, le "nouveau-né", l'éternel et permanent
"nouveau-né" qui vient à nous, qui veut venir en nous.
Toute naissance est la promesse d’un
renouveau. Toute naissance est la promesse d’une liberté, une liberté
qui, au lieu de répéter les mêmes attitudes, les mêmes comportements, les mêmes
rancunes, les mêmes médiocrités, les mêmes cercles infernaux de violence, de souffrance,
de culpabilité..., une liberté qui, au lieu de répéter tout cela, pourra dire
et faire le neuf que seul l’amour est capable d’inventer., le "neuf"
qui sera toujours l'"enfant de Noël" qui vient toujours en nos vies
d'homme.
Au jour de l’Annonciation, aujourd’hui,
le "neuf", le nouveau, c’est le "oui" de Marie. Voici qu’il
permet à Dieu de faire "toutes
choses nouvelles" (Ap 21.5).
Sans doute, est-ce cela, pour chacun de
nous, le "neuf", le nouveau dans nos vies : un "oui" à
donner, alors que nous négligeons, alors que nous résistons. Marie a dit "oui"
! Cela veut dire qu’elle aurait pu dire "non". Dire non, nous le
savons, c’est possible. D’ailleurs il vaut mieux dire "oui" ou
"non" plutôt que ne rien dire, ni oui, ni non, ce qui est une manière
de ne pas s’engager, de laisser les choses suivre leur cours sans y prendre
part, sans se "mouiller" comme l'on dit. Souvenons-nous de la parole
de Dieu transmise par St Jean : "Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid, je
vais te vomir de ma bouche" (Ap.
3.16).
S’il est donc quelque chose que nous
pouvons encore faire d’ici Pâques, c’est de nous préparer à dire
"oui", oui à Dieu ! Dire un mot, faire un pas, faire un choix, faire
quelque chose qui produise du "neuf" avec la naissance de Dieu en
nous.
Le "oui" de Marie est un appel. Quel
est le "oui" qui, aujourd'hui même, fera du "neuf" en ma
vie ? Quel est-il, ce "oui" ? A chacun de le dire !
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