samedi 25 mars 2017

Marie écoute !

Annonciation 2017

Croyez-vous qu’elle ait vraiment compris ce qui lui arrivait…, cette toute jeune fille, cette femme simple, humble, cette campagnarde peu instruite ? Croyez-vous qu'elle ait vraiment compris, Marie ? D'ailleurs, elle ose demander : "Comment ? Comment cela va-t-il se faire ?".
Et pensez-vous que la réponse à sa question lui soit plus compréhensible : "L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint et il sera appelé le Fils de Dieu" ?
Oh ! Certes, comme ses camarades d'école, nourrie, dès son plus jeune âge, de la Parole de Dieu dispensée à travers les les siècles, Marie a dû reconnaître certaines allusions : l'"ombre", la nuée qui recouvrait l'arche d'alliance au cours de l'exode..., la naissance d'enfants qui furent "saints", de la sainteté de Dieu... ! Mais enfin quelle réponse !

Bien sûr, c’est un ange qui lui porte le message et l’un des plus grands. Mais, pour autant, ce messager céleste rend-il plus claire la réponse, plus évident, compréhensible, l’évènement annoncé ?

Non, elle n’a pas dû pardaitement comprendre, la jeune fille de Nazareth. Mais elle a écouté !

Et c’est dans cette écoute qu’elle est grande. Elle écoute et elle entend : "Je te salue comblée de grâce. Le Seigneur est avec toi !". Elle écoute encore et elle entend : "Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu".

Elle écoute ! Et parce qu'elle écoute, elle reconnait : c’est son Dieu qui est là, présent, dans ces paroles : "ne crains pas" -"avec toi" - "auprès de Dieu" - "comblée de grâce". Ce sont les mots, ce sont les pas de Dieu, lorsqu’il vient frapper à la porte du cœur de l’homme. Elle ne comprend peut-être pas bien, mais elle sait que ce sont les paroles de son Dieu et que ces paroles sont pour elles et que ces paroles sont vraies.

Elle écoute ! Elle écoute avec grande attention, avec avidité même ! Et parce qu'elle écoute, qu'elle aime cette Parole divine, elle accueille le Dieu vivant. Et c’est alors que du fond de son cœur, de tout son être, elle s’écrie : "Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole".

Elle prononce cette réponse comme tant d’autres avant elle : Abraham, Moïse, Samuel, Jérémie... ont dit de mille et une manière : "me voici !" - "Parle Seigneur, ton serviteur écoute". - "Me voici, je viens, pour faire ta volonté".

Et nous, savons-nous reconnaître les mots, les pas, l’appel de notre Dieu, dans nos vies ? Savons-nous formuler l'unique réponse qui vaille, même si c’est à chacun la sienne : "Me voici" - "Ce que tu veux, Seigneur".

La foi de Marie est le modèle de notre foi. Elle ne comprend pas bien. Elle croit parfaitement. Et sa foi n’est pas lointaine. Elle nous montre le chemin : écouter, écouter pour entendre le Seigneur nous dire les mots de l’appel, les mots de l’amour, les mots de l’envoi

Et le récit de l’Annonciation nous enseigne encore quelque chose de très important : Marie était vierge. Elle était promise en mariage à Joseph. Le contrat de mariage était "signé", même si, selon la coutume de l’époque, il y avait un temps entre le mariage contracté et la cohabitation. Marie était vierge. Elle n’attendait donc pas, n’espérait donc pas un enfant, pas encore… Celui qui lui est promis et qu’elle va mettre au monde est un don inattendu, une surprise plutôt embarrassante au point de vue humain et social, une surprise qui va bien embarrasser Joseph.

Oui, les surprises de Dieu ne sont pas toujours confortables. Elles bousculent. Elles exigent plus que nous voudrions donner. Et les surprises de Dieu demandent toujours notre participation, notre collaboration.

Alors, si tout vient de Dieu, tout vient aussi de Marie qui va porter l’enfant. Et c’est en cela qu’elle est bienheureuse,
bienheureuse parce qu’elle a été choisie et qu’elle a été comblée de grâce,
bienheureuse parce qu’elle a cru,
bienheureuse par ce qu’elle a fait : elle a porté l’enfant, elle l’a mis au monde, elle l’a éduqué.

Et nous, devons-nous nous hisser à cette hauteur de grâce, de foi, d’amour qui fut celle de Marie ? Non, il ne s’agit pas de se hisser, mais de se recueillir, comme Marie, pour accueillir le nouveau, le "nouveau-né", l'éternel et permanent "nouveau-né" qui vient à nous, qui veut venir en nous.

Toute naissance est la promesse d’un renouveau. Toute naissance est la promesse d’une liberté, une liberté qui, au lieu de répéter les mêmes attitudes, les mêmes comportements, les mêmes rancunes, les mêmes médiocrités, les mêmes cercles infernaux de violence, de souffrance, de culpabilité..., une liberté qui, au lieu de répéter tout cela, pourra dire et faire le neuf que seul l’amour est capable d’inventer., le "neuf" qui sera toujours l'"enfant de Noël" qui vient toujours en nos vies d'homme.

Au jour de l’Annonciation, aujourd’hui, le "neuf", le nouveau, c’est le "oui" de Marie. Voici qu’il permet à Dieu de faire "toutes choses nouvelles" (Ap 21.5).

Sans doute, est-ce cela, pour chacun de nous, le "neuf", le nouveau dans nos vies : un "oui" à donner, alors que nous négligeons, alors que nous résistons. Marie a dit "oui" ! Cela veut dire qu’elle aurait pu dire "non". Dire non, nous le savons, c’est possible. D’ailleurs il vaut mieux dire "oui" ou "non" plutôt que ne rien dire, ni oui, ni non, ce qui est une manière de ne pas s’engager, de laisser les choses suivre leur cours sans y prendre part, sans se "mouiller" comme l'on dit. Souvenons-nous de la parole de Dieu transmise par St Jean : "Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche" (Ap. 3.16).

S’il est donc quelque chose que nous pouvons encore faire d’ici Pâques, c’est de nous préparer à dire "oui", oui à Dieu ! Dire un mot, faire un pas, faire un choix, faire quelque chose qui produise du "neuf" avec la naissance de Dieu en nous.

Le "oui" de Marie est un appel. Quel est le "oui" qui, aujourd'hui même, fera du "neuf" en ma vie ? Quel est-il, ce "oui" ? A chacun de le dire !

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