2ème
Dimanche de Carême 17 - A
Jésus emmène avec lui trois de ses disciples.
Il les conduit sur une montagne, note St Matthieu pour rappeler certainement
la montagne du Sinaï, montagne de la manifestation de Dieu, montagne de
l’Alliance avec Dieu !
Et là, Jésus, perdant son aspect habituel,
apparaît transformé : une lumière l'enveloppe, son visage est rayonnant,
ses vêtements éblouissants.
De la splendeur de cette vision, seuls,
trois disciples en ont été témoins. Et pourtant, cette vision attire, ravit
secrètement les âmes qui cherchent Dieu. Nous-mêmes, nous cherchons Dieu…, et
tout spécialement durent ce temps de Carême. Et nous le savons : beaucoup
d'hommes cherchent Dieu plus ou moins consciemment, avec nous.
Or, cette scène de la Transfiguration ne
nous présente-t-elle pas l'objet de notre désir, de notre attente, de notre
espérance : Voir le Seigneur, dans sa gloire. Voir son visage ! “C'est ta face que je cherche”, s'écriait le psalmiste. C'est le cri, le vœu ardent de tout vrai
disciple du Christ.
Et nous savons que Jésus a affirmé vouloir
satisfaire ce désir, le nôtre : “Père,
ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec
moi pour qu'ils contemplent la gloire que tu m'as donnée” (Jn 17.22-24).
C'est déjà un rayon de cette gloire que le
Seigneur a laissé transparaître à ses trois Apôtres. Avant d'être défiguré dans
sa Passion, il apparaît transfiguré à ces trois privilégiés, ceux-là mêmes qui
connaîtront quelque chose de sa détresse infinie à Gethsémani. Evénement bref
de la vie de Jésus, mais capital, puisqu'il est la manifestation (épiphanie)
de Dieu dans le Christ.
Et cette manifestation de Dieu dans le
Christ, mais c’est tout l'Evangile qui la proclame, qui proclame l'incarnation
de Dieu, la présence de Dieu parmi les hommes ! "Emmanou-El", prophétisait le
prophète Isaïe, "Dieu avec
nous" ! Aussi, cette clarté de la Transfiguration doit accompagner les
disciples de tous les temps, éclairer notre foi, animer notre
espérance, fortifier notre courage.
Et nous trouvons aussi dans cet événement la
voie à suivre, les conditions à remplir pour voir, nous
aussi, un jour, pour voir le Christ transfiguré !
Car Jésus, dit l'Evangile, prit avec lui
trois disciples ; et il les conduisit, il les emmena sur une
haute montagne. Ils étaient seuls avec lui.
Nous aussi, nous devons nous laisser
conduire et guider par le Christ. Nous devons, avec lui, gravir la
montagne, nous élever au-dessus de notre médiocrité, si je puis dire.
- Ascension vers Dieu qui entraîne
tous ceux dont nous nous préoccupons en même temps.
- Ascension difficile et parfois
pénible à poursuivre chaque jour et pendant toute la vie.
- Ascension qui suppose beaucoup
d'abnégation, de patience, d'obscure fidélité, de solitude avec le Christ.
Pendant ces semaines Carême, prenons le
temps de cette solitude avec le Christ, par la prière, par la lecture de
l'Evangile.
De plus, cette manifestation glorieuse de
Dieu dans le Christ, du Christ qui nous entraîne à le suivre, n'est possible
que si nous nous nous efforçons de l’écouter !
“Ecoutez-le !” Telle est la seule
consigne donnée aux apôtres par la voix du Père. Et, de fait, en cette
consigne, tout est contenu.
Accueillir le Fils bien aimé du Père, dans
l'acte d'une foi qui écoute !
Accueillir tout ce qu'il dit, d'un cœur
disponible et toujours prêt à répondre !
“Ayez
un cœur qui écoute”,
dira St Luc.
“Ecoutez-le
!”,
disait également Notre Dame aux serviteurs de Cana ! Tout est là !
“Tu
désires voir,
disait St Bernard, écoute d'abord !”.
Le Fils a tout dit pour nous manifester
Dieu.
Il suffit de l'écouter de toute son âme. Ecouter,
c’est-à-dire aussi obéir ! “Ecouter-obéir” –
“Audire-obaudire” : c’est presque le même mot en latin. “Que ta volonté soit faite sur la terre
comme au ciel”, disons-nous souvent !
Obéir à la volonté du Seigneur, obéir à
toutes ses volontés qui peuvent nous paraître parfois déconcertantes. Car,
souvent, nous comprenons mal ce qui nous convient. Pierre lui-même nous en
donne un exemple ! Il désirait que cette vision se prolongeât : “Seigneur, il nous est bon d'être ici !”.
Pouvait-il penser autrement ? Et pourtant le Christ n'a pas exaucé sa demande.
St Luc commente : “Pierre ne savait pas
ce qu'il disait”. Et nous non plus, souvent !
Ce qui était bon pour lui, ce n'était pas
de continuer à voir Jésus en gloire,
Ce qui était bon,
- C'était d'assister à la Passion de son
Maître ; c'est aussi pour nous de nous pencher sur les humiliations de
nos frères - Corps du Christ - que nous pouvons rencontrer !
- C'était l'humiliation de son reniement
et son repentir ; c'est l'occasion, pour nous aussi, de reconnaître
notre faiblesse durant ce temps de Carême en profitant, par exemple, du
Sacrement de Réconciliation ?
- C'était les ténèbres du Calvaire
et l'anxiété des trois jours qui suivirent. - Savons-nous supporter les
diverses épreuves et souffrances de notre vie, en union avec le Christ en
croix ?
- C'était la joie de la résurrection.
- Dans la foi, nous savons que toute notre vie aboutira à cette gloire du
Christ ressuscité, Pour toujours, nous serons vivants avec Lui. Telle est
notre destinée joyeuse ! "Je voudrais bien m'en aller
(c'est-à-dire mourir), disait St Paul à la fin de sa vie, pour être avec le Christ en gloire !".
- Et puis, après toute une vie de travail
au service de l'Evangile, une vie de prédication et de persécutions, c'était
finalement pour Pierre (et bien d’autres) son martyre. - Le Seigneur
nous demande également de témoigner (c'est le sens du mot "martyre") de
Lui, fusse au mépris de nous-mêmes !
Souvent, le Seigneur nous conduit par des
voies imprévisibles où la souffrance, la croix sont présentes ; et ces
voies, nous devons les parcourir dans la foi en son mystère pascal que nous
célèbrerons prochainement,
La foi, finalement, c'est la grande leçon
de la Transfiguration.
C'est par la foi que nous suivrons le Seigneur, que nous l'écouterons, que nous
le suivrons.
N'est-ce pas là tout le programme de toute
vie chrétienne ?
Voici qu'en ce temps de Carême, dans la
lumière de Jésus transfiguré, nous avons à réaffirmer notre fidélité à cet
appel du Seigneur qui veut nous emmener comme ses trois disciples.
La Profession de foi que nous proclamons
chaque dimanche est un acte de charité, un don de soi, mais c'est aussi une
humble prière, une demande d'être reçus,
d'être accueillis par le Père qui nous aime
et ne peut décevoir notre attente, d'être accueillis par le Père en son Fils
transfiguré, ressuscité, sous l'action de leur Esprit commun !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire