mercredi 3 mars 2010

Lundi - Prière pénitentielle ! - Carême 2 - Dn 9, 4-10 - Ps 78 - Lc 6, 36-38

Une des caractéristiques du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament, et qui le distingue des autres peuples, c’est qu’il reconnaît ses fautes, lorsque des catastrophes viennent le frapper et que les prophètes les leur interprètent comme des châtiments de Dieu.

On trouve chez ce peuple, plus que chez les autres, la loyauté que le prophète Nathan a trouvée chez David lorsqu’il est venu lui reprocher son adultère avec Bethsabée et le meurtre de son mari. La loyauté dans l’aveu et le repentir est magnifiquement exprimée dans le psaume “Miserere“ (50) que l’on a mis dans la bouche de David. Ce psaume traduit très bien cette disposition que l’on doit avoir à confesser ses fautes et à implorer le pardon.

La 1ère lecture tirée du livre de Daniel est une très belle liturgie pénitentielle qui est d’actualité en ce temps de Carême ! Le texte de Daniel est encore plus explicite quelques verset plus loin : “Ce n'est pas en raison de nos œuvres justes que nous répandons devant toi nos supplications, mais en raison de tes grandes miséricordes. Seigneur, écoute ! Seigneur, pardonne ! Seigneur, veille et agis ! Ne tarde point ! Par toi-même, mon Dieu ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et ton peuple".

Daniel parle du fond de l’exil à Babylone, exil qui est la conséquence de l’infidélité à l’Alliance. Nous sommes tous, comme dit St Augustin, - nous qui sommes créés à “l’image et à la ressemblance de Dieu“ -, nous sommes tous des exilés dans les terres lointaines de la dissemblance ; et nous avons toujours à nous rappeler que dans le Christ nous avons revêtu l’homme nouveau qui va se renouvelant à l’image du Créateur.

Et après cette liturgie pénitentielle, nous avons à nous demander si nous vivons dans la morale chrétienne qui est une imitation des mœurs divines.

« Soyez saints parce que je suis Saint »
« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »
« Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux »

C’est ce que nous rappelle l’évangile d’aujourd’hui ! Concrètement cela se traduit par une attitude constructive d’accueil, de bienveillance, qui exclut le soupçon, la condamnation, la calomnie et la médisance.

Quand notre heure sera venue de comparaître devant Dieu, Il nous jugera en employant les mesures dont nous nous sommes servies nous-mêmes dans notre comportement envers les autres.

Si nous vivons dans cette logique des mœurs divines, nous apparaissons en opposition radicale aux comportements du monde où règnent la concurrence, la jalousie, le mépris des autres et la réjouissance malsaine que l’on prend souvent en contemplant ses idées et même ses fautes, toutes ces attitudes qui apparaissent un peu partout dans le monde (surtout en périodes électorales sous le couvert de la démocratie !). Partout règne la désinformation ! Partout, occasion nous est donnée de pratiquer la loyauté, la vérité et l’humble repentance dont nous entretient les lectures de ce jour.

Mais comment agir concrètement ? Je me permets de vous transmettre une réflexion de Bossuet avec son style “grand siècle“ :

“Ne faut-il pas user de condescendance ? N'est-ce pas une doctrine évangélique qu'il faut s'accommoder à l'infirmité humaine ? Il le faut, n'en doutez pas, chrétiens !

Mais voici l'esprit véritable de la condescendance chrétienne. Elle doit être dans la charité, et non pas dans la vérité ! Je veux dire : il faut que la charité compatisse, et non pas que la vérité se relâche. Il faut supporter l'infirmité, mais non pas l'excuser ni lui complaire ! Il faut imiter St Cyprien dont St Augustin a dit ces beaux mots : “que considérant les pécheurs, il les tolérait dans l'Eglise par la patience et la charité“ ; et voila la condescendance chrétienne. “Mais que tout ensemble il les reprenait par la force de la vérité“ ; et voilà la vigueur apostolique !“. (1).

Ne faut-il pas tendre à cet idéal : “Amour et Vérité se rencontrent !“ (Ps 85.11). Bien sûr ! Il faut remarquer d’ailleurs que l’on n’a jamais dit : “Vérité et Amour se rencontrent !“, mais bien “Amour et Vérité se rencontrent !“ … A chacun de conclure ! Pour ma part, je suis persuadé que la vérité ne se découvre qu’à l’intérieur de la charité ! (2)

  1. Bossuet : 3e sermon pour le dimanche de la passion - 3e point
  2. Claudel disait qu’il faut avoir tout en même temps “un cœur tendre“ et “une intelligence dure“ !

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