mercredi 3 mars 2010

La souffrante solitude du Christ ! - Carême 2 Mercredi – Jr 18,18-20 - Ps 30 - Mt 20,17-28

Le but principal du Carême est de nous faire rejoindre Jésus dans sa montée à Jérusalem. St Luc notera : “Il prit résolument la route de Jérusalem !“. En mot à mot, il est dit : il durcit sa face pour prendre la route de Jérusalem“. C’est une expression empruntée à Isaïe décrivant à l’avance le mystère pascal du Christ qui doit s’accomplir en la Ville Sainte : “Je n'ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats. Le Seigneur va me venir en aide…, c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme la pierre, et je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie“. (Is. 50.5-8). Nous aussi, nous montons vers la “Cité Sainte, la Jérusalem d’En-haut“… Il nous faut suivre le Christ en son mystère de Pâques pour y parvenir… : “Venez, suivez-moi !“.

Les options messianiques que Jésus prend pour accomplir sa “Pâques“, nous les connaissons depuis le récit de la triple tentation au désert, cette rencontre avec Satan au début de sa vie. Nous aussi, nous rencontrons Satan avec ses tentations. Ne nous en étonnons pas ! Et continuons à marcher résolument vers Jérusalem…, vers Dieu !

Les options messianiques que Jésus prend et qui se sont formées durant les trente années de sa vie cachée dans les horizons de Nazareth, par la prière, la méditation de la vie et des écrits des prophètes sont très éloignées de la mentalité de son peuple à l’époque. Nous aussi nous sommes “dans le monde mais non du monde“ ! Sachons prendre les armes de la prière et de la Parole de Dieu !

Pour faire part de sa mission messianique, Jésus choisit quelques apôtres qu’il éduque et initie... C’est seulement au bout de quelques mois, que dans la région de Césarée de Philippe, au Nord du pays, il les révèle explicitement à ses apôtres après la “confession de Pierre“ (qui est déjà la fondation de l’Eglise) : “Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup…“.Mais Pierre est le premier scandalisé à cette pensée ! “A Dieu ne plaise, Seigneur, tout cela ne t’arrivera pas“. Il se fait rabrouer et même traiter de Satan qui, le premier, tenta de détourner Jésus de sa mission et de la manière de l’accomplir. Souvent nous sommes comme Pierre !

Alors, Moïse et Elie sur la montagne de la Transfiguration apparaissent pour confirmer que les options messianiques de Jésus sont celles qui correspondent au dessein de Dieu pour le salut du monde. Oui, toute l’Ecriture annonçait, annonce toujours le salut des hommes en la mort et la Résurrection de Jésus !

Et s’intensifie alors la montée de Jésus vers Jérusalem, en même temps que s’accroît l’incompréhension de ses apôtres les plus intimes. L’Evangile d’aujourd’hui est très révélateur de ce décalage, de cette incompréhension ! Ses apôtres discutent de la façon la plus mesquine qui soit sur lequel d’entre eux occupera la première place dans le royaume à venir qu’ils imaginent selon la mentalité courante de l’époque où on rêvait de triomphe sur l’occupant, de restauration de la gloire salomonienne, et d’une suprématie mondiale d’Israël sur le monde. Et nous-mêmes, ne rêvons-nous pas parfois d’une Eglise à la manière du monde ?

C’est la mère de Jacques et Jean qui se fait naïvement l’interprète des ambitions qu’elle a pour la carrière de ses deux garçons. Et cette demande se place juste immédiatement après que Jésus, pour la deuxième fois, ait formulé le tragique de sa destinée et parle de la coupe amère qu’il demandera à son Père de ne pas boire lors de son agonie à Gethsémani “Pouvez-vous boire à la coupe que je dois boire ?“. La question reste posée !

Vous le remarquerez : pour nous aider à rejoindre Jésus dans sa solitude incomprise, la liturgie du Carême fait souvent appel à Jérémie qui a eu, lui aussi, son Gethsémani, et qui nous fait part des souffrances qui ont jalonnées toute sa vie de prophète. Il nous les a confiées avec une sincérité qui nous aide à rejoindre Jésus dont il est une impressionnante préfiguration. L’incompréhension de ses compatriotes à Anatot, sa ville natale, ses échecs, la persécution officielle ou sournoise qu’il subit
  • quand il met en question les fausses sécurités que l’on cultive à l’époque…,
  • quand il critique le culte somptueux et formaliste du temple…,
  • quand on considère ce temple comme une sorte d’assurance tout-risques et une garantie d’échapper à toutes les menaces de catastrophes…
Aucun personnage de l’Ancien Testament ne peut mieux nous aider dans cet effort que nous sommes invités à faire durant le Carême pour rejoindre Jésus dans la solitude incomprise de sa montée à Jérusalem, dans son dialogue où il n’a plus pour interlocuteur que Dieu seul, afin de réaliser le dessein de salut pour le monde entier.

Si nous entrons parfois dans la solitude de notre condition de chrétien, sachons accompagner le Christ dans sa solitude qui se résoudra dans la “Communion glorieuse“ en Dieu avec tous ceux qu’il entraîne à sa suite ! “Venez, suivez-moi !“.

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