Marie, Reine de l’Univers – 22 Août
Oui,
Marie est Reine, parce qu’elle est parfaitement conforme à son Fils qui avait
répondu à Pilate : “Oui, je suis
Roi !“ - Mais “mon Royaume n’est
pas de monde“.
Ainsi,
le Concile Vatican II déclare : “La
Vierge Immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle,
ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée, corps et âme, à la
gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’Univers, pour être
ainsi entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux de la
mort et du péché“ (L.G.
59).
La
fête fut d’abord instituée en 1954 par Pie XII - les plus anciens s’en souviennent certainement - dans le contexte encore très difficile de l’après-guerre
(mais notre temps n’est-il
pas encore “difficile ?), quelques années
après la proclamation du dogme de l’Assomption (1950). C’était comme une
conséquence toute naturelle de cette proclamation ! “Nous ordonnons, disait le pape Pie XII dans sa lettre encyclique
« Ad caeli Reginam », que ce
jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur immaculé de la
Bienheureuse Vierge Marie“. (n°
34).
Er le
pape Jean-Paul II précisera que servir le Christ, le Roi de l’Univers, c’est
«régner»“ (Redemptoris
Mater n° 41). Or Marie fut la “servante“ par
excellence : “Je suis la servante du
Seigneur“ !
Le
meilleur commentaire de la fête d’aujourd’hui est certainement l’encyclique du
pape Jean-Paul II “Redemptoris Mater“, et son enseignement lors de l’audience
du 23 juillet 1997. “À
partir du 5ème siècle, rappelle le pape, au cours de la même période qui voit le Concile d'Éphèse la proclamer
"Mère de Dieu", (c’est à noter !), on commence à attribuer à Marie le titre de
Reine. Par cette nouvelle reconnaissance de sa très haute dignité, le peuple
chrétien veut la placer au-dessus de toutes les créatures, exaltant son rôle et
son importance dans la vie de toute personne singulière et du monde entier“.
Mais déjà, dans un fragment d'homélie attribué à Origène (2ème-3ème
s.), apparaît ce commentaire au
sujet des paroles prononcées par Elisabeth lors de la Visitation : "C'est moi qui aurais dû venir à toi,
parce que tu es bénie plus que toutes les femmes, toi, la mère de mon Seigneur,
toi, ma Dame" (1). Dans ce texte, on passe spontanément de
l'expression "la mère de mon
Seigneur" à l'appellation "Ma
Dame", anticipant ce que déclarera plus tard saint Jean Damascène (8ème s) qui attribue à Marie le titre de "Souveraine" : "Quand elle est devenue mère du
Créateur, elle est devenue véritablement la souveraine de toutes les
créatures" (2).
Et le pape de souligner, après Pie XII, que le fondement de la royauté
de Marie, outre sa maternité, est sa coopération à l’œuvre de la Rédemption :
la Vierge Marie, Reine du Ciel et Souveraine du monde, “se tenait debout, dans la douleur, près de la Croix de notre Seigneur
Jésus-Christ". Marie est Reine
non seulement parce qu'elle est Mère de Dieu, mais aussi parce que, associée
comme nouvelle Ève au nouvel Adam, elle coopéra à l’œuvre de la Rédemption du genre
humain !
Ste Thérèse
de Lisieux avait écrit : “On sait
bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est
plus mère que reine, et il ne faudrait pas faire croire (comme je l'ai souvent
entendu dire) qu'à cause de ses prérogatives elle éclipse la gloire de tous les
saints, comme le soleil, à son lever, fait disparaître les étoiles. Mon Dieu,
que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants !
Moi je pense tout le contraire, je crois qu'elle augmentera de beaucoup la
splendeur des élus“.
Est-ce en
référence à cette réflexion que le pape Pie XII qui avait été à Lisieux en
1937, en tant que légat du pape, pour la consécration de la nouvelle basilique,
écrivait : "Ayant pour nous une
affection maternelle et assumant les intérêts de notre salut, elle étend sa
sollicitude à tout le genre humain. Établie par le Seigneur Reine du Ciel et de
la terre…, elle reçoit tout ce qu'elle demande et n'éprouve jamais de
refus". Et Jean-Paul II de préciser : “Les chrétiens regardent donc avec confiance vers Marie Reine, et cela
non seulement ne diminue pas mais, au contraire, exalte leur abandon filial
envers celle qui est mère dans l'ordre de la grâce“.
Et
de citer St Germain de
Constantinople (8ème
s.) qui s’adresse à Marie en
ces termes : Le Christ a voulu "avoir,
pour ainsi dire, la proximité de tes lèvres et de ton cœur ; il accède ainsi à
tous les désirs que tu lui exprimes quand tu souffres pour tes enfants, et il
exécute, par sa puissance divine, tout ce que tu lui demandes". (3)
Et Jean-Paul
II de conclure : “Loin, donc, de
créer une distance entre nous et elle, l'état glorieux de Marie suscite une
proximité continuelle et pleine d'attentions. Elle connaît tout ce qui advient
dans notre existence et nous soutient de son amour maternel dans les épreuves
de la vie. Élevée dans la gloire du Ciel, Marie se consacre totalement à l’œuvre
du salut pour communiquer à tout être vivant la félicité qui lui a été
concédée. Elle est une Reine qui donne tout ce qu'elle possède, partageant
surtout la vie et l'amour du Christ“.
Que Marie
que notre époque oublie un peu trop (!) soit donc notre Reine et Mère. Et nous
serons alors dans la paix, “la Paix Notre-Dame“ : une paix avec Dieu par
le Christ notre Rédempteur et sa Mère, Reine ; et, de ce fait, une paix
entre nous !
(1) Fragmenta, PG 13,1902D
(2) De fide orthodoxa, 4,14, PG 94,1157
(3) Hom. 1, PG 98,348
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