20 Août
Aujourd'hui, fête de St Bernard
de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l'Eglise, ayant transmis la grande
théologie des Pères de l’Eglise.
Dès son adolescence, il se
consacre à l'étude de ce que l'on appelle les arts libéraux - la grammaire, la
rhétorique et la dialectique, etc -. C’est dans ce contexte intellectuel qu’il
mûrit sa décision de se consacrer à Dieu.
Vers vingt ans, il entre à Cîteaux,
une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux vénérables
monastères de l'époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique
des conseils évangéliques.
Quelques années plus tard, en 1115, il est
envoyé fonder le monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception
de la vie monastique, et s'engager à la traduire dans la pratique. C’est ainsi
qu’il rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre et mesurée, que ce soit
à table, dans l'habillement et jusque dans la construction des édifices
monastiques, recommandant toujours, en outre, de soutenir et de prendre soin
des pauvres… Sa communauté devenant nombreuse, il multiplia
les fondations…
En même temps, Bernard commence
une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes
que modestes. C'est à cette époque que remonte sa grande amitié avec Guillaume,
abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, figures importantes
du XIIe siècle.
A partir de 1130, il commence à
s'occuper des nombreuses et graves questions de l'Eglise. Aussi dût-il sortir assez
souvent de son monastère. Et c’est ainsi encore qu’il entretint une très vive
correspondance avec le très doux Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, pour qui j’ai
personnellement une grande vénération.
Bernard dirigea surtout ses polémiques
contre Abélard, ce grand penseur qui lançait une nouvelle manière de faire de
la théologie en donnant une grande importance à la dialectique, à la
philosophie ! Un autre front sur
lequel Bernard a lutté était l'hérésie des Cathares, qui, méprisant la matière
et le corps humain, méprisaient en conséquence le Créateur. En revanche, il
sentit le devoir de prendre la défense des Juifs, en condamnant les vagues
d'antisémitisme de son époque. C’est à noter !
C'est dans la dernière partie de sa vie que
Bernard rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme ses Sermons sur le
Cantique des Cantiques et son De
Consideratione, œuvre adressée à l’un de ses disciples, devenu pape sous le
nom d’Eugène III. Il donne, là, sa profonde vision du mystère de l’Eglise, du
mystère du Christ !
Aussi, on peut dire que les deux grands aspects de la riche doctrine de St
Bernard concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie.
Dans sa sollicitude qu’il adresse
à tout chrétien de participer intimement et vitalement à l'amour de Dieu en
Jésus Christ, l'abbé de Clairvaux configure
le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus - insiste Bernard face
aux dialectiques complexes de son temps - seul Jésus est “miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie dans le cœur (mel
in ore, in aure melos, in corde iubilum)“. C'est pour cette raison que la
tradition lui a attribué le titre de “Docteur
mellifluus“ : sa louange de
Jésus Christ, en effet, “coule comme le
miel“. - Dans les grandes batailles des courants philosophiques de l'époque,
St Bernard ne se lasse pas de répéter qu'il n'y a qu'un nom qui compte, celui
de Jésus, le Nazaréen. “Ce que tu écris
n'a aucun goût pour moi, si je n'y ai pas lu Jésus“. Et il conclut :
“Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je n'ai
pas entendu résonner le nom de Jésus“ (1). En effet, pour Bernard, la
véritable connaissance de Dieu consiste dans l'expérience personnelle et
profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela doit nous faire réfléchir, car
la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, une expérience
de sa proximité, de son amitié, de son amour…
Je ne vais pas m’attarder :
tous connaissent la grande dévotion de St Bernard à l’égard de la Vierge Marie :
“Per Mariam ad Jesum“ ; à travers Marie, nous sommes conduits à
Jésus.
St Bernard interpelle toujours. On
prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l'homme et
sur le monde à travers les seules forces de la raison. St Bernard, au
contraire, solidement ancré dans la Bible et dans les Pères de l'Eglise, nous
rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière, par la
contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les
mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel. La vraie théologie renvoie à la “science des
saints“, à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse…
Avec St Bernard, nous aussi, nous
devons reconnaître que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu “avec la prière qu'avec la discussion“. Pour
l’Abbé de Clairvaux, la figure la plus authentique du théologien comme du
prédicateur reste celle de l'apôtre Jean qui a appuyé sa tête sur le cœur du
Maître.
(1) Sermones in Cantica Canticorum xv, 6 : PL 183, 847
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