Rameaux 2019
Au seuil de l'église :
Avec les chrétiens du monde entier, aujourd'hui et durant cette semaine
- la "semaine sainte" -, nous
allons contempler le Christ, le regarder souffrir…, et mourir d'une façon
atroce.
Et dans le même temps, nous pouvons regarder :
- notre terre que les hommes
épuisent,
- les nations de notre monde qui se déchirent et s'entretuent,
- certains lieux de travail…, de vie qui disparaissent.
- Pensons surtout à tous ceux qui souffrent dans leur corps, leur
esprit, leur cœur… leur âme…
- et nous pouvons encore discerner les signes de mort en notre propre
vie, ces signes que sont la maladie, l'accident, et simplement le
vieillissement.
Et en tout cela, en tous ces souffrants que nous rencontrons, en notre
propre faiblesse, délabrement, mais c'est le Christ souffrant, mourant que nous
retrouvons.
Oui, le Christ a souffert, et il est mort !
Il souffre toujours en nos
frères ; en eux, il meurt !
Et alors ?… C'est alors que
chaque chrétien doit proclamer en toutes circonstances, et en regardant le
Christ : "Dieu a les issues de la
mort !", comme le chantent plusieurs psaumes !
Certes, Jésus lui-même sur la croix
poussera ce cri : "Mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ?". Mais ce cri n'est que le début d'un
psaume qui précisera : Dieu lui a répondu : ils loueront le Seigneur, ceux qui
le cherchent. La vie est à eux, pour toujours.
Et le Christ est ressuscité !
Et le Christ ressuscite toujours, et aujourd'hui même…
Voilà ce que notre espérance nous invite à proclamer, ce dont nous
devons témoigner.
L'espérance, disait le pape François, est comme l'attente d'un
enfantement : une naissance plénière à la vie divine en nous.
Aussi St Paul avait raison de s'exclamer : "O mort, où est ta victoire de ?".
C'est cette espérance que le chrétien doit proclamer :
et en notre monde qui semble s'anéantir lui-même,
et en ces nombreux pays de larmes,
et en notre Eglise aux membres parfois si
pécheurs
et en nos propres vies…
Oui, le Christ est mort. Mais il est ressuscité.
Il ressuscite toujours. Il est près de nous, vivant pour toujours nous donner
la vie…
Acclamons-le comme il fut acclamé par les foules de Jérusalem qui
annonçait l'Eglise, cette Eglise que nous formons et qui annonce elle-même la
grande Assemblée du ciel qui chante son Seigneur.
Homélie :
En écoutant la
passion selon St Luc, nous sommes invités à mettre nos pas dans ceux de Jésus, lui
l'"Innocent" injustement condamné.
Au long de son
Evangile, Luc avait mis en relief la tendresse, la miséricorde de Jésus, venu chercher
et trouver ceux qui étaient perdu.
Dans le récit de la
passion, la tendresse et la miséricorde de Jésus sont plus fortes que toutes
les forces du mal qui s'abattent sur lui.
Lorsqu'au Mont des
Oliviers, Jésus ressent une terrible angoisse devant le mal du monde - sa transpiration
en devient comme des gouttes de sang - il se ressaisit ; juste assez pour faire
encore un pas, celui de la confiance.
Alors, il entre dans
l'offensive contre les ténèbres. • C'est ainsi que Jésus se lève et accueille
avec délicatesse Judas : "C'est par
un baiser que tu livres le Fils de l'homme ?"
• C'est ainsi que le
cœur de Pierre - qui vient de le renier - est retourné par le regard aimant de
Jésus. "Il sortit et pleura
amèrement".
• C'est ainsi que Jésus
prie pour ses bourreaux : "Père,
pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font".
• C'est ainsi que le
bon larron, bouleversé par son attitude, s'entend répondre à sa prière : "Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans
le Paradis."
Jésus entre dans nos
situations infernales pour nous en sortir. Avec Jésus, il devient possible
d'aimer, de croire, d'espérer malgré tout, car il a brisé le cercle de la
haine, de la vengeance, du désespoir. Il n'y a qu'une réponse au mal du monde :
l'excès d'amour.
En Jésus, c'est l'amour
seul qui est tout puissant, un amour si grand, si beau, qu'il vaincra la mort
elle-même, ce mal qui semble tout anéantir.
Aujourd'hui, nous ressentons
une montée de la violence. La Passion de Jésus est un appel poignant à vaincre
la violence par la passion de la paix, de l'amour. Grâce au Christ, nous
croyons que la bonté est plus importante que le mal le plus profond. En
écoutons le Christ implorer le Père pour nous : "Père, pardonne-leur". Devenons à notre tour acteurs de
réconciliation.
"Seigneur, priait
le pape François, tu es plein de
miséricorde pour toute personne de toute culture et de toute nation.
Dans ta miséricorde, tu ne vois pas d'abord nos
limites, nos difficultés, nos refus. Mais tu crois en notre capacité d'aimer,
et de nous découvrir frères et sœurs.
Façonne-nous par ta miséricorde et ta tendresse.
Aide-nous à dépasser nos peurs, et nos refus de nous
ouvrir à l'autre.
Apprends-nous à nous laisser toucher par la vie de nos
frères et sœurs.
Ouvre nos cœurs pour aimer.
Ouvre nos mains pour construire des ponts, et non pas
des murs.
Ouvre notre intelligence pour inventer le monde de
demain : un monde où chacun trouvera sa place : un toit, du pain, un travail, (et surtout) un
geste de fraternité à partager, un mot d'espérance à échanger en reflet de toi-même
qui es amour et miséricorde !
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