samedi 21 juillet 2018

Les vacances !


16. T.O. 18/B   -    

Pas de doute ! En ces semaines d’été, il nous faut parler “vacances”, puisque Jésus lui-même nous y invite : “Venez à l'écart, reposez-vous un peu” !  Après la mission, le repos ! Après le travail, la détente ! C’est normal ! Chacun y a droit, chacun devrait pouvoir le faire...

“Venez à l’écart…” - “Venez…!”.  Il s’agit donc de “partir en vacances…” ! On quitte ses lieux habituels même si, pour certains, ce départ ne se fait que dans la tête. Mais on change de rythme simplement.
Cependant l'Évangile semble décrire la situation de tant d'hommes et de femmes d'aujourd'hui qui mènent une vie telle qu'ils n'ont même "plus le temps de manger". L’expression est même dans l’évangile ! C'est le tourbillon ! Alors, avec les vacances, voici le temps d'un départ, en tous les cas, le temps d'un autre temps.

Jésus nous enseigne le but de ce départ : car le temps des vacances, ce  peut être un temps de silence, je dirais le temps d'une respiration profonde. Le temps d'un silence n'est du temps perdu. Paul Valéry disait : “Chaque atome de silence est l'espoir d'un fruit mûr”.
Même si nous sommes en des lieux fréquentés, sachons nous en extraire.
Même si on reste chez soi, cherchons à faire silence en nous.
Tant il est vrai que ce n’est pas en rompant à chaque instant la solitude que les hommes deviennent capables de mieux communiquer. Non, c'est souvent dans la profondeur d'un grand silence. Car dans le silence, on découvre plus facilement l’essentiel.

C’est en approfondissant le silence que le temps des vacances peut devenir le temps d’une vraie parole.
Quand on prend le temps d'un silence profond,
- on retrouve une intimité plus développée entre époux, entre parents et enfants, entre amis...,
- on prend le temps de s’écouter pour bien s’entendre,
- on risque une parole qui depuis longtemps n'avait pu s’énoncer,
- on risque à nouveau les simples gestes de la tendresse.
Heureux aussi ceux qui, à l'ombre d’une vraie parole, savent prendre le temps de se taire ensemble, de faire silence ensemble pour mieux communier à l’essentiel !

Le temps des vacances, ce peut être encore le temps d'un partage, le temps de partager ce qui nous fait vivre, avec les amis de longue date ou de rencontre...
L'Évangile dit : “ils rapportèrent ce qu'ils avaient fait, ce qu'ils avaient enseigné”. Un échange de paroles lourdes de vie et qui nous fait découvrir les profondeurs de l'autre, y compris du familier qu'on croyait connaître pourtant !

Le temps des vacances, c’est encore le temps où l'on prend de la distance, de la hauteur. Alors on voit le monde autrement, on vit autrement. Un auteur spirituel, en fin de vie, disait : “le temps n'est pas rempli de ce qu'on y met. Mon temps se remplit par l'attention que je lui porte, par le goût que j'en prends”. Au fond, de bonnes vacances seraient celles qui nous redonnent le goût de vivre.

Mais voilà ! La réalité n'est pas toujours conforme à nos souhaits. Même pour Jésus ! Il veut être à l’écart ; et les foules le suivent ! Mais cette circonstance peut nous enseigner une autre manière de voir les événements et surtout ceux qui viennent à nous !
Au lieu de voir d'abord des intrus pour lui et ses disciples, Jésus les regarde eux, pour eux-mêmes. Il voit une foule de gens, fatigués, en quête d'espérance, de repères, de repos. Ils sont comme des brebis sans berger et au temps de Jésus cela voulait dire “être voués à une mort rapide”.
“On ne voit bien qu'avec le cœur”, disait Antoine de Saint-Exupéry. Alors du cœur de Jésus, de son cœur humain habité par l'Esprit-Saint, jaillissent la pitié et la pratique de la pitié. Ce regard du cœur ne doit-il pas être aussi celui de tout disciple du Seigneur ?

Deux choses encore dans la pratique de Jésus :
C’est lui, Jésus, qui se dépense, si je puis dire. L'Évangile semble dire que Jésus a laissé ses apôtres se reposer.
Et c'est lui qui accueille et enseigne la foule.
Dans le monde, comme dans l'Église, comme en bien des familles, des responsables âgés, fatigués pourraient prendre un repos nécessaire si d'autres acceptaient de donner un peu de leur temps... ... Simple réflexion !
             
Il est dit aussi que “Jésus se mit à les instruire longuement”.
Ce jour-là, il ne guérit pas les malades. Peut-être que ceux-ci (n'avaient pas pu faire le déplacement...
il ne leur partage pas le pain. Jésus sait que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Alors Jésus leur donne sa parole.

Ces paroles par nous connues, à nous confiées... nous avons partout et en tout temps à les faire connaître aux hommes et aux femmes qui cherchent des repères ou un peu d'espérance. Il nous faudra donner notre attention et aussi du temps, beaucoup de temps peut-être. “Jésus les instruit longuement”, dit notre évangile.

Et je me dis encore : “Être patient” a deux sens : donner du temps, mais aussi souffrir, souffrir de la lenteur, de la non-compréhension, de l'exigence de l'autre. Être patient comme est patient le semeur - Jésus a pris cette comparaison - comme est patient notre Dieu lui-même à notre égard !

Voici donc le temps des vacances :
- Heureux celui qui prend de son temps pour rencontrer le Seigneur, pour l'écouter, le “goûter” - “Voyez comme est bon le Seigneur”... (Ps 33)
- Heureux celui qui s'expose à Dieu comme on s’expose au soleil et qui - sans même peut-être le savoir - en revient marqué. Ainsi Moïse, descendant du Sinaï, avait le visage lumineux ; lui ne le savait pas, mais les autres le voyaient... !

Voici donc le temps des vacances : un temps privilégié
- pour nous laisser aimer et pour aimer.
-  pour mieux comprendre et la détresse du monde et la tendresse de Dieu.

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