dimanche 3 juin 2018

Eucharistie ! ! !


Saint-Sacrement 18/B

"Faites ceci en mémoire de moi" - "Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ton retour dans la gloire".

Jésus est parti et il doit revenir ; pourtant, il est toujours présent.
En d'autres termes, Jésus est présent et dans le souvenir et dans l'espérance. Jésus est derrière nous, devant nous et parmi nous.
La foi chrétienne est en perpétuelle tension dialectique entre ces trois pôles : passé, présent, futur. Le chrétien est un homme qui, d'un seul mouvement, doit regarder en arrière, en avant et par terre, si je puis dire.
-  Qui ne regarde qu'en arrière, tombe dans un conservatisme stéril ;
- qui ne regarde qu'en avant glisse infailliblement dans l'utopie rêveuse ;
- qui ne regarde que par terre tombe facilement dans la matérialisme.
             
Pour être homme du présent, le chrétien doit être l'homme du passé et du futur. Sa foi doit être souvenir, attente et engagement ; ou mieux engagement dans le souvenir et l'attente.

Or, l'Eucharistie que nous célébrons particulièrement aujourd'hui exprime parfaitement cette réalité.
             
Oui, l'Eucharistie est bien mémoire : "Faites ceci en mémoire de moi".
Le chrétien se tourne alors vers le passé pour mettre sa vie en référence avec celle de Jésus.
Célébrer l'Eucharistie de Jésus, c'est donc signifier son accord avec son existence totalement vouée à Dieu son Père et aux hommes. Les expressions "Corps rompu" et "Sang versé" désignent cette existence qui ne s'est ménagé aucune zone réservée, mais qui s'est totalement mise au service de Dieu et des hommes... Et des hommes - donc de moi-même -  avec qui Dieu veut toujours faire alliance comme hier au mont Sinaï et surtout comme hier, "une fois pour toutes" comme l'ont souvent dit les apôtres (I Pet 3.18 ; Rm 6.10 ; Heb. 9.11-28), par le mystère pascal du Christ, mort et ressuscité !
Célébrer l'Eucharistie, c'est faire mémoire de toute la vie du Ressuscité, en "rendre grâce", manifester son accord. Jésus est notre référence.

Mais l'Eucharistie est aussi "attente" : "faites ceci jusqu'à mon retour". Jésus est parti pour revenir.
Sa manifestation aux hommes sera alors totale et plénière. La foi est essentiellement espérance. L'espérance n'est pas un espoir vague, encore moins un soupir rêveur.
L'espérance est l'attente de Jésus avec la certitude qu'il viendra, et qu'il viendra manifester l'œuvre de libération, de rédemption qu'il a accompli ici-bas, "une fois pour toutes", et qu'il veut manifester en chacun d'entre nous. Et l'Eucharistie est comme le gage de ce retour du Christ glorieux, qui sera "tout en tous", comme dit St Paul (I Co. 15.28).
             
Enfin, l'Eucharistie est présence : "Ceci est mon Corps, ceci est mon sang". Le Christ, a-t-on dit, est en agonie jusqu'à la fin du monde ; oui, mais c'est tous les jours également qu'il sort du tombeau.
L'Eucharistie manifeste que la mort, la résurrection du Christ, réalisées "une fois pour toutes", sont tous les jours à l'œuvre dans la vie des hommes. Le Christ meurt et ressuscite aujourd'hui sur les places publiques. C'est ce que veut rappeler la présence du Christ dans ce mystère de l'Eucharistie.

La présence du Christ ! Et ici, à ceux qui posent questions et même doutes sur cette présence du Christ dans l'eucharistie, je répondrai : n'est-il pas déjà invraisemblable, extraordinaire que Dieu, le grand Dieu, le trois fois Saint, l'Eternel, l'Insondable, le Créateur de l'univers et que sais-je encore..., que ce Dieu se soit fait "infans", ce bébé présenté par Marie et qui ne pouvait même pas parler, lui le "Verbe de Dieu", "la Parole de Dieu" ? Impensable déjà.
Oui, mais "y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le seigneur ?", avait-on demandé à Sara, l'épouse d'Abraham, à qui on annonçait qu'elle serait mère malgré son âge avancé  (Gen 18.25).
Oui, rien, dira l'ange à Marie à propos de sa cousine Élisabeth, "rien n'est impossible à Dieu' (Lc1.37) !
Rien n'est impossible à Dieu ! Pas plus qu'il vienne en notre humanité par la maternité virginale de la Vierge Marie que sous les humbles apparences d'un peu de pain et de vin, signes permanents de vie !

Et puis, je vous ferai une confidence. Les explications théologiques sont nombreuses sur ce point comme sur bien d'autres. Elles m'ont souvent enthousiasmé, passionné. Mais désormais, elles fatiguent ma raison. Je préfère, avec vous, rentrer humblement dans le mystère d'un Dieu qui toujours se veut proche de l'homme. L'eucharistie est le prolongement de l'incarnation.
Et j'ai été heureux de rencontrer une femme, toute simple, ignorante des élucubrations dogmatiques, mais qui était entrée dans ce mystère d'un Dieu proche ; avec simplement son chapelet à la main, elle vivait du Christ eucharistique avec Marie, la mère de Jésus.
             
En tous les cas, voilà, en résumé, ce que manifeste l'Eucharistie. Elle est présence du Christ d'hier, d'aujourd'hui et de demain, du Christ qui, en nous, dans le monde, est à l'œuvre pour que se manifeste pleinement sa gloire de Ressuscité et celle des enfants de Dieu, créés  que nous sommes "à l'image et ressemblance de Dieu" (Gen 1.26-27 ; 2.7).

C'est dire l'importance de l'Eucharistie pour un chrétien. C'est l'Eucharistie qui fait le chrétien. On ne peut être chrétien sans l'Eucharistie. St Ignace d'Antioche, dès le 2ème siècle, l'avait bien compris, lui qui écrivait : "que personne ne s'y trompe ! Ne pas venir à l'Assemblée eucharistique, c'est s'excommunier soi-même".

Aussi, aujourd'hui tout particulièrement
- Rappelons-nous souvent qui est Jésus ; souvenons-nous encore plus souvent de ce qu'il a fait : sa bonté pour tous, pour les pécheurs eux-mêmes (que nous sommes parfois). Quand nous allons communier, regardons Jésus qui nous aime comme il a aimé tous ceux qu'il a rencontré sur la terre, et les plus faibles particulièrement.
- Et puis : ce Jésus, il veut que je lui ressemble ; il veut venir en moi pour cela. Et si je l'accueille le mieux possible, je suis sûr qu'un jour je lui ressemblerai totalement. C'est lui qui sera la vie de ma vie. Je serai en lui comme lui sera en moi. Et quand je communie, je fais l'apprentissage de cette union extraordinaire de Jésus avec moi-même, union qui se réalisera certainement un jour.
- Et enfin, si je m'unie à Jésus, cela doit se voir ; je viens m'entretenir cœur à cœur avec lui pour ensuite, là où je suis, partout, je puisse dire ce que Jésus me dit. L'Eucharistie m'unit à Jésus pour que je le porte aux autres tout au long des semaines.
Il ne s'agit pas, même pour un prêtre, de bien parler de Jésus ; il s'agit - et c'est le plus important ! - de parler avec Jésus. Parler avec Jésus pour mieux parler de Jésus. C'est cela la prière, une "contemplation" de Jésus, comme disent les savants !

Et, comme l'a l'affirme le Concile Vatican II : "quand nous célébrons le sacrifice eucharistique, nous sommes, au plus haut, unis à l'Eglise céleste !". Oui, Déjà ! Avec tous ceux qui ont précédés !

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