1er
Dimanche de Carême 18/B
- Nous entrons en Carême! Le Carême
: quarante jours avant la fête de Pâques!
- L'Evangile nous dit aujourd'hui
que Jésus séjourna au désert durant quarante jours, sans manger.
- Et dans la Bible, il est dit : le
peuple hébreu, libéré de l'esclavage du Pharaon, séjourna quarante ans
dans le désert, en route vers la Terre Promise.
Carême et désert : un
rapprochement qui nous a permis d'entrer en Carême au Mercredi des Cendres !
Ces rapprochements ne sont pas sans
signification.
Mais
aujourd'hui, remarquons surtout deux similitudes frappantes :
- le lieu de l'épreuve : le désert,
- et surtout l'épreuve
elle-même.
*
Jésus demeura quarante jours dans le désert; et là, il fut tenté.
*
Les Hébreux séjournèrent dans le désert durant quarante ans : et là, eux
aussi avaient été tentés.
Tenter veut dire "mettre à
l'épreuve". Pas toujours, et pas nécessairement solliciter quelqu'un
en vue du mal, en l'alléchant par de fausses promesses. Parfois, cela arrive.
Et nous sommes parfois, malheureusement, les acteurs de ces sortes de
tentations auprès de nos frères !
Mais, plus positivement, tenter veut toujours
dire : placer quelqu'un dans une situation difficile, voire pénible, afin
de vérifier quelle est sa capacité d'endurance, son courage, sa patience et
surtout sa fidélité.
Bien entendu, il y aura toujours un
choix, une alternative entre la fidélité et la désobéissance, entre la vérité
et le mensonge, entre le courage et la lâcheté, entre l'égoïsme et la
générosité. Mais c'est surtout la fidélité, le courage, l'endurance que l'on
désire vérifier pour aguerrir quelqu'un en vue d'une situation
précise, en vue d'un travail à fournir… C'est en ce sens qu'il faut
comprendre les mots "tentation", "épreuve".
Dieu ne nous met-il pas à l'épreuve
en vue de mieux communier avec lui?
De plus, remarquons que les trois
tentations, épreuves auxquelles le Christ accepte d'être soumis ressemblent
étrangement aux trois tentations, aux trois épreuves que le peuple hébreu a
subies durant son séjour au désert.
D'ailleurs, il faut souligner que les trois réponses de Jésus à Satan
commencent par: "Il est écrit".
A chaque fois, c'est une allusion aux épreuves du désert : la faim, la superstition,
l'usurpation.
Première tentation du Christ
: "Si tu es le Fils de Dieu, dis que
ces pierres deviennent du pain". Or nous lisons dans l'Histoire
Sainte, dans le Deutéronome (8. 2-3) : "Tout ce que je vous commande
aujourd'hui, vous aurez soin de le mettre en pratique, afin de vivre, de
prospérer et d'entrer en possession du pays, la terre promise… Rappelle-toi tout le chemin par lequel le
Seigneur t'a fait marcher durant ces quarante années dans le désert… Il t'a humilié, il t'a affamé, puis il t'a
nourri de la manne, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas seulement de
pain, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur".
C'est donc l'épreuve de la faim par
laquelle Dieu a fait passer son peuple afin d'éprouver sa confiance.
Mais la suite de l'histoire nous apprend que le peuple a murmuré, il a regretté
le temps où, malgré l'esclavage, il était mieux nourri. Au contraire, le
Christ, lui, s'est entièrement confié en Dieu qui donne la vie. Et un jour, il
a pu dire : "Ma nourriture, c'est de
faire la volonté de celui qui m'a envoyé".
C'est l'occasion d'une première
réflexion : certes, il faut savoir se nourrir de différentes façons, et bien se
nourrir afin d'être mieux disposés aux autres, à son travail… Mais il y a
une nourriture que, parfois, nous négligeons : "faire la volonté du
Père".
Deuxième tentation : "Jette-toi en bas, les anges te
porteront". Réponse: "Il
est écrit: vous ne mettrez pas Dieu à l'épreuve". Et nous lisons dans l'Exode (Ex. 17.1-7) : "Au
désert, il n'y avait pas d'eau à boire, Alors ils cherchèrent querelle à Moïse.
Donne-nous de l'eau. Il leur dit : Pourquoi voulez-vous provoquer Dieu et lui
lancer un défi ? Pourquoi dites-vous : Dieu est-il, oui ou non, avec nous ?
Vous ne mettrez pas Dieu à l'épreuve…" En réalité, Dieu, lui, est toujours fidèle ; ce n'est pas à nous à
le défier, le sommer d'agir ; c'est à lui à nous mettre à l'épreuve. Le Christ
a surmonté la deuxième tentation en se laissant éprouver et en se soumettant à
son Père.
Sachons réfléchir : nous aussi, nous
revendiquons facilement : Dieu devrait faire ceci, cela… On ne comprend pas les
façons d'agir de Dieu. Evidemment, Dieu est tellement au-dessus de nous. Et si
on ne comprend pas, alors on cite Dieu en jugement. Faire cette inversion est
une tentation permanente : Dieu que l'on somme de s'expliquer… et parfois à
propos de tout et de rien…
Troisième tentation : "Je te donnerai tous les royaumes de la
terre si tu te prosternes pour m'adorer". Et Jésus répond : "Il est écrit : Tu adoreras le
Seigneur et tu ne serviras que lui seul". Et on lit encore dans l'Histoire Sainte (Ex. 32.1) : "Le peuple s'attroupa autour d'Aaron et
lui dit : «Allons, fabrique-nous un dieu qui marche à notre tête». Ils ôtèrent
ensuite leurs anneaux d'or, et les apportèrent à Aaron qui en fit un veau de
métal fondu. Alors ils dirent: «Voici notre Dieu qui nous a fait sortir
d'Égypte». Puis ils offrirent des sacrifices et se livrèrent à des
réjouissances". C'est la
tentation de se faire un dieu maniable, rassurant, un dieu que l'on emmène avec
soi au combat, dont on se sert pour conquérir des pays, avec qui on traite, on
marchande. "Tout cela je te le
donnerai si tu m'adores".
Or le Dieu révélé en Jésus-Christ.
ne se prête pas à un tel commerce. Il nous demande seulement de bien vouloir le
suivre : "Viens, suis-moi",
sans réserve : avoir foi et confiance.
Et telle a été la réponse de Jésus.
Il est confronté aux mêmes choix que le peuple hébreu. Il les revit, mais en
sens inverse. Voici le texte de la Bible qu'il cite (Deut. 6.12-15) : "Garde-toi
d'oublier le Seigneur qui t'a fait sortir de la servitude d'Égypte. Tu
respecteras le Seigneur, ton Dieu, tu lui rendras ton culte…. Tu ne suivras pas
d'autres dieux… …".
Jésus refuse le marché de l'idolâtrie qui lui est proposé : le faux Dieu
est celui à qui on achète la puissance en la troquant contre l'adoration. Le
vrai Dieu est adoré inconditionnellement.
A nous de nous interroger :
n'avons-nous pas, parfois, un culte, une piété, une prière conditionnelles : si
Dieu fait ceci, si j'obtiens cela, alors j'irai adorer Dieu, j'irai me
prosterner devant lui…
Si le Christ n'a pas échappé à la
tentation, à l'épreuve, comment pourrait-on s'imaginer que nous puissions en
faire l'économie ? Toute la vie du Christ, en son humanité, est un exemple pour
nous. Or c'est en choisissant d'être serviteur, non point dominateur, qu'il a
sauvé l'humanité.
Le chrétien ne pourra être à la
hauteur de cet exemple que s'il parvient, fût-ce timidement, et vaille que
vaille, à s'abaisser et se faire serviteur et devant Dieu et devant les hommes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire