Transfiguration
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Ce texte d'évangile de la
Transfiguration que nous venons d'entendre, vous le connaissiez déjà, n'est-ce
pas ? On l'entend tous les ans dans les églises, le 2ème dimanche de
carême. Oui, vous le connaissiez, mais avouez que ce texte reste bien étrange ;
certains disent même qu'il est complètement étranger à notre vie.
Le dirions-nous aussi ? Étrange,
oui, mais pas incompréhensible… Et surtout pas étranger à notre vie...,
finalement !
Alors, comment comprendre ce texte
étrange ?
Pour dire l'indicible, les mots
toujours nous manquent. Aussi, Matthieu procède par allusions et par images.
Une accumulation d'images qui disent toutes la même chose.
Il y a l'image de la montagne, le
visage brillant comme le soleil, les vêtements blancs comme la lumière. Il y a
l'image de la nuée. Montagne, lumière, splendeur, nuée,
c'est le décor traditionnel des premières apparitions divines dans l'Ancien
Testament.
En clair, pour les lecteurs de
Matthieu, nourris des écrits de la Bible, ce récit présente Jésus comme une
apparition divine, comme l'envoyé de Dieu, comme celui qui vient d'en haut
pour inaugurer le Règne de Dieu.
Et ce n'est pas tout, Moïse et
Élie sont là. Personnages essentiels de l'Histoire du peuple de Dieu, ils
sont là pour signifier que Jésus est bien celui dont tout l'Ancien Testament
préparait la venue, celui qu'on attendait.
Et pour qu'on en soit sûr, la voix
du Père proclame : “C'est lui, c'est bien
lui mon Fils bien-aimé, écoutez-le !”.
Notons que cette apparition du
Christ glorieux vient à point : Jésus transfiguré avant d'être défiguré
! La foi des apôtres, Pierre, Jacques et Jean, sera tellement ébranlée, quand
ils verront Jésus défiguré, couronné d'épines, affublé d'un manteau de
carnaval. Jésus mourra en croix, sous les rires moqueurs des passants et dans
le silence et la non-intervention apparente de Dieu.
Alors, la question est
permanente : Dieu ne le reconnaîtrait-il pas comme son Fils ?
Donnerait-il raison finalement à ceux qui l'ont condamné comme imposteur ?
C'est à cette question que la
Transfiguration, dont Matthieu a composé le récit, veut répondre
par avance. Jésus qui va prendre le chemin cruel de Jérusalem où il sera
crucifié, fait entrevoir à ses apôtres sa résurrection. Il leur laisse deviner
à quelle lumière, à quelle splendeur conduit la fidélité envers Dieu, jusqu'au
bout. Il mourra en croix, mais cette mort se changera en lumière et en vie.
C'est cela le message essentiel de
ce récit qui n'est pas si étrange que cela.
Et encore, pour souligner que ce
texte n’est pas étranger à notre vie et qu’il est même important, retenons deux
mots seulement... Les voici : “Écoutez-le !”. Oui, la
voix du Père nous dit à chacun d’entre nous : “Voici mon Fils, écoutez-le” en toute confiance.
Cette parole doit nous rassurer, nous
tous !
Les jeunes chrétiens qui sont en
études diverses se demandent s’ils ont raison contre la majorité qui s’éloigne
de Dieu.
Et nous, adultes, nous n’osons plus
parler ouvertement de notre foi au Christ. Car on dit que les chrétiens sont
des naïfs qui se font illusion et que l'évangile est une invention des hommes
pour nous consoler artificiellement des malheurs de ce temps.
Qui d'entre nous n'a pas été
sensible à cette question qui monte en nous aux heures de détresse, orchestrée
par tant de voix de la culture contemporaine ?
Oui, il nous est bon d'entendre
aujourd'hui cette parole du Père, comme une caution divine : “Écoutez-le, suivez son chemin, c'est un
chemin de vie !”. Avoir la foi, pour un chrétien, c'est écouter le
Christ, faire confiance à sa parole et, touché par son message et son exemple,
choisir d'y adhérer.
Et puis, il y a une deuxième parole
qu’il faut retenir dans ce récit de la Transfiguration et qui n’est pas étrangère,
elle non plus, à notre vie, une deuxième parole très importante pour la vie du
croyant : “Tu es mon Fils bien-aimé”.
Oui, cette parole que Matthieu met dans la bouche de Dieu - “Celui-ci est mon Fils bien-aimé” -
s'adresse à chacun de nous également. C'est Jésus qui nous l'a dit : tout
homme est aimé de Dieu, tout homme est une histoire sacrée, tout homme est à
l'image de Dieu. Tout homme a en lui cette lumière de Dieu qui peut transfigurer
sa vie,
On dira, bien sûr, que cette idéale de vie dicine ne se voit
guère en notre temps ! L’humanité n'est pas belle, l'homme est capable du pire.
L’actualité le démontre.
C'est vrai, l'homme est souvent
défiguré par la violence, l'égoïsme, la laideur, la médiocrité. Et l'histoire
des horreurs n'est hélas pas terminée, il faut rester lucide.
Mais il est vrai aussi que l'humanité
est belle, que l'homme est capable du meilleur. La lumière qui veille dans le
secret du cœur de chaque homme transparaît parfois. Que de femmes, que d'hommes
célèbres ou ignorés montrent cette lumière à travers leur courage, leur force
d'aimer, le don quotidien de leur vie. Ils luttent, ils protestent, ils
bâtissent, ils sécrètent paix et amour. La transfiguration, c'est chaque jour
en tous lieux de la terre, et parfois chez les plus humbles, surtout chez les
plus humbles.
Et on peut conclure finalement :
si tout homme est à l'image de Dieu, si tout homme est un fils bien-aimé
du Père, tout homme est mon frère ! Jésus nous dit que Dieu ne fait
pas de différence entre les hommes. Et nous, faisons-nous des différences ?...
Je laisse cette question à laquelle
chacun doit répondre, cette question qu'à sa manière un vieux sage d'Orient
posait à ses élèves :
- “A quoi peut-on reconnaître, demandait-il, le moment ou la nuit s'achève et où le jour commence ?”.
- Et l’un de ses disciple de
demander : “Est-ce lorsqu'on peut
distinguer de f
loin
un chien d'un mouton ?”.
- “Non”,
dit le sage.
- “Est-ce quand on peut distinguer un dattier d'un figuier ?" – “Non”, dit encore le sage.
- “Mais alors, quand est-ce donc ?”, demandent les élèves.
Le sage répondit : “C'est lorsque, regardant le visage de
n'importe quel homme, tu reconnais ton frère ou ta sœur. Jusque-là, il fait
encore nuit dans ton cœur !”
Et pour y parvenir, faisons bien
attention: Quand le sage - a-t-on dit encore - du doigt désigne la lune, l'inattentif
ne fait que regarder le doigt.
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