vendredi 6 mars 2015

Transfiguré dans le Christ !

Eucharistie à l'occasion du décès d'une amie du prieuré "La Paix Notre-Dame" !

(Is 52.13-53.5  -  Mc 9.2-1à)

En ce jour où nous voulons faire mémoire de Mme Rustin et prier pour elle à l'heure de son éternité, l'évangile nous rapporte le récit de la transfiguration de Jésus (que nous avons entendu dimanche dernier) : Jésus s'est montré à ses apôtres le visage transformé ! Pourquoi ?

Jésus était en route vers Jérusalem et il savait bien que là-bas, les autorités avaient décidé de le faire mourir. A plusieurs reprises déjà, Jésus avait prévenu ses amis ; il leur avait dit qu'il lui faudrait beaucoup souffrir, qu'il allait être défiguré, qu'il allait mourir…, mais qu'il serait transfiguré, qu'il ressusciterait !
Tel est également le but de tout cheminement humain : mourir, certes, mais ressusciter avec lui dans sa transfiguration divine, si nous lui faisons confiance ! Les apôtres, comme nous-mêmes parfois, étaient inquiets, troublés, déconcertés : ils ne comprenaient pas !

Jésus décide donc de leur faire entrevoir un bref instant sa vie glorieuse de Fils de Dieu après sa résurrection. Comme pour leur dire : oui, vous me verrez, défiguré, traité comme un maudit, mourir ignominieusement. Comme le prédisait Isaïe : Il sera défiguré ; il ne ressemblera plus à un homme ! Mais, même alors, dit Jésus, gardez confiance : je ressusciterai. Isaïe avait annoncé encore : Le Serviteur de Dieu pousse comme une plante chétive, même si elle est enracinée dans une terre aride. Oui, dit Jésus, je ressusciterai et je serai pour toujours avec vous.

Et il ne cesse de nous répéter, aujourd'hui même : je serai pour toujours avec vous ! Avec moi, vous cheminez vous aussi vers une vie toute autre, vers la transfiguration éternelle, là où Dieu essuiera toute larme de vos yeux, comme dit le livre de l'Apocalypse, où il effacera toute ride de vos visages qui retrouveront leur aspect originel, celui d'être "à son image et ressemblance", cet aspect voulu par lui dès le matin de notre existence, l'aspect d'enfant de Dieu !

Mais cette transfiguration éternelle, il nous faut la préparer ici-bas. Et Jésus est venu. Il vient à nous, précisément pour nous y aider. Aussi, la première question à nous poser est bien celle-ci : qu'est-ce qui défigure nos vies ?

C'est peut-être d'abord l'oubli de notre destinée éternelle en laquelle est arrivée celle qui nous rassemble. Un oubli qui n'est finalement qu'un manque d'amour et envers Dieu et envers nos frères qui cheminent avec nous. C'est cet oubli qui nous avilit, défigure le visage de notre âme plus que celui de notre corps, contredit notre dignité d'enfant de Dieu. Je n'ai guère connu Mme Rustin ; mais je crois pouvoir dire qu'elle manifestait une noblesse d'âme qui la préparait à la grandeur, à la beauté, à la bonté de Dieu lui-même !

C'était cette dignité chrétienne qui l'animait. Car si nous nous disons chrétiens du fait de notre baptême, du fait de notre profession religieuse, il nous reste toujours à le devenir jusqu'au jour éternel où "nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu'il est", dit St Jean (I Jn 3.2).

Ce qui défigure encore nos vies et la vie du monde, ce sont la souffrance, la misère, misère physique, psychique, morale, spirituelle... Oui, la souffrance, la misère avilissent l'homme. C'est pourquoi Dieu n'en veut pas ; c'est pourquoi Jésus lui-même a lutté contre la souffrance humaine. Les évangiles sont pleins de ces récits où Jésus guérit aveugles, paralysés et soulage de toutes sortes de maladies.
Certes, lui-même subira la mort, mais en lui imposant comme une inversion de valeur : Il a accepté la souffrance et la mort pour mieux manifester jusqu'où peut aller l'amour en luttant contre le mal. Car, en nous, la puissance d'aimer est la même que la puissance de souffrir. On souffre toujours en proportion de son amour ! Et c'est l'amour qui apporte la paix, affirmait encore Isaïe.
Mme Rustin, me semble-t-il, avait compris cela. Elle avait compris de manières diverses, que Dieu comptait sur elle, surtout après la mort de son époux, pour lutter, avec le Christ, contre les misères quelles qu'elles soient, pour essayer de voir, déjà ici-bas, en tout visage humain le visage de Dieu qui doit se manifester pleinement.
Que Dieu l'accueille en un "face-à-face" éternel en lequel elle désire désormais nous voir comme déjà transfigurés.

Ce qui défigure encore nos vies et le monde d'aujourd'hui, c'est le doute, le découragement, la peur. Bien des gens n'ont plus confiance en rien : ils sont déçus par bien des aspects de notre vie moderne. Aucune idéologie n'a répondu à leur espérance. Beaucoup même se mettent à consulter prédictions et divers "Nostradamus".  
Et pourtant, notre destin n'est jamais fixé d'avance. Il n'est pas inscrit dans les étoiles. Il nous est proposé par Dieu. Et c'est nous qui avons à le réaliser. Jésus nous montre le chemin : nous n'avons pas à avoir peur ; nous pouvons lui faire confiance. Comme dit St Paul : "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?". Il nous a donné Jésus son Fils. Et puisque le Christ est mort et ressuscité, puisqu'il intercède pour nous, pourquoi douter, pourquoi avoir peur, pourquoi nous décourager ? Que dès maintenant, l'espérance revienne transfigurer nos visages ! Et c'était certainement cette espérance qui animait celle qui nous rassemble.

En la circonstance d'aujourd'hui, Dieu nous redit à quelle transfiguration, nous sommes appelés à la suite de Jésus. Cette transfiguration, préparons-la à l'exemple de ceux qui nous ont précédés, à l'exemple de celle qui nous unit.
Alors, nous l'espérons dans la foi, l'espérance, la charité, il nous sera dit à nous aussi : "Mon serviteur réussira, il montera, il s'élèvera, il sera exalté !".

Aucun commentaire: