18e Dimanche T.O. 19/C
Parler de
la richesse n'est jamais facile ; les textes de ce dimanche cependant nous
y invitent.
Les
problèmes économiques sont partout : et les informations ne manquent pas
- sur le
monde avec son cortège de misères et d'opulences ;
- sur
notre pays lancé dans l'aventure de l'Europe avec le problème d’immigrations
importantes ;
- sur nos
villes et villages traversant difficultés diverses.
Et nous
surveillons le mieux possible les affaires qui sont nôtres !
Evidemment !
Or, aujourd’hui,
si la Parole de Dieu nous dérange quelque peu quand nous reconnaissons que la
facilité, le plaisir, la consommation des loisirs... nous sollicitent
exagérément,
- il est
cependant légitime de nous demander de quoi nous allons vivre aujourd'hui et
demain,
- il est
louable de prévoir l'avenir de ceux et celles que nous aimons.
Et ces
interrogations légitimes nous renvoient facilement à des situations dramatiques
de personnes connues qui ne peuvent assurer facilement une vie décente : que ce
soit pour un jeune au sortir des études ou lorsque le chômage frappe ici ou
là !
Aussi,
n’ayons pas crainte de le dire : une certaine richesse est un bien, pour
notre dignité d'hommes et de femmes.
Il faut
souhaiter que chaque homme soit suffisamment riche pour vivre dignement.
Et,
beaucoup de par le monde, s'emploient à lutter contre la pauvreté
matérielle ; de nombreuses associations tentent de faire disparaître des
inégalités criantes, sans pouvoir évacuer totalement les drames de la misère.
Cependant, il est intéressant de
percevoir les réflexions de Notre Seigneur à travers l’évangile d’aujourd’hui.
Jésus ne veut pas entrer simplement dans une polémique d'héritage.
Dans la
parabole de l’évangile, il n'y a pas qu’une affaire d’héritage ; il y a
une richesse à gérer ! Or si cette richesse n’est pas mauvaise
l’important, c’est de savoir ce que l'homme devient avec sa richesse, ce qu'il
en fait.
Le riche
de la parabole dialogue avec lui même,
il pense uniquement à lui, il
est seul au monde, il prépare sa sécurité, comme si demain
était en son pouvoir. Et là,
Jésus dit : "tu es fou".
Cette folie rejoint ce que disait l'Ecclésiaste : L'homme ne trouve pas
son repos, disons son bonheur, dans la richesse.
Le Christ
dénonce cette folie qui peut gagner chacun, à quelque niveau qu’il se trouve,
lorsque l’âpreté au gain envahit tout son horizon, risque de faire de sa
richesse un “dieu”, c'est-à-dire l’unique centre d’organisation de sa vie, le
but de son existence.
Et puis,
avec Notre Seigneur, regardons plus profondément : Jésus est venu nous
apprendre ce que c'était que devenir fils de Dieu. Par sa vie au milieu de
nous, "il nous a montré le
Père" – “Notre Père”
- ; il nous a révélé que nous étions frères, frères devant notre
Dieu-Père, tous riches d'un appel paternel.
Il a donné
sa vie pour cela. Dès lors, la vie de l'homme a trouvé un sens supérieur et
plus noble. Là où l'Ecclésiaste dit “vanité”,
Jésus dit “fraternité”, lui qui veut
nous nous donner part au même héritage.
Alors nous
ne pouvons plus regarder les autres comme s'ils n'existaient pas : ils
deviennent nos frères promis au même appel, au même héritage. Le
chrétien se doit d'avoir les yeux ouverts -
ceux du corps et du cœur - ; il voit
celui qui est dans le besoin, comme le Samaritain voit l'homme blessé.
Là s'enracine l'appel au
partage d’un même héritage, dès ici-bas et éternellement : "Vous avez reçu gratuitement donnez gratuitement (Mt (10/8) . C'est bien le moyen "d'amasser
des trésors dans le ciel" ( 6/19).
Depuis le
Christ, aucun croyant ne vit plus pour lui tout seul ; il donne ce
qu'il a décidé en son cœur ; et ce n'est pas la quantité qui importe :
l'obole de la veuve est d’un prix infini. Le peuple que nous sommes appelés à
former est un peuple de frères, un peuple du partage, quelque richesse que nous
ayons, matérielle, intellectuelle, spirituelle.
Faire
disparaître la pauvreté de notre monde, travailler à une meilleure répartition
des richesses, quelles qu’elles soient, c'est un des points majeurs de
l'enseignement social de l'Eglise aujourd’hui. Il ne s’agit pas de se faire
pauvre, d’une radicale pauvreté –
vocation particulière -, il s’agit de ne pas se
considérer tout seul comme le riche de la parabole et de favoriser,
autant que nous le pouvons, là où nous vivons, ceux qui sont dans un quelconque
besoin plus grand que nous.
Et pour
ceux qui participent aux décisions politiques, économiques, l’Eglise rappelle
souvent que le bien commun a pour base la solidarité familiale, nationale,
internationale.
“Recherchez donc les réalités d’en haut,
disait St Paul ; c’est là qu’est le Christ. Le but de votre vie est en
haut, et non pas sur la terre !”
Puissions
nous ré-écrire cette belle page de St Paul
en nous
souvenant de ce que nous sommes devenus en Jésus Christ,
en fixant
notre regard sur lui, lui qui s'est fait pauvre afin de nous enrichir.
Puissions-nous
transmettre à notre tour cette richesse sans l’ombre de quelque pouvoir qui
nous sollicite à accaparer. Il s’agira toujours d’accueillir en frères ceux qui
nous entourent et leur dire qu'entre baptisés, la justice peut s'appeler
charité !
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