16. T.O. 18/B -
Pas
de doute ! En ces semaines d’été, il nous faut parler “vacances”,
puisque Jésus lui-même nous y invite : “Venez
à l'écart, reposez-vous un peu” !
Après la mission, le repos ! Après le travail, la détente !
C’est normal ! Chacun y a droit, chacun devrait pouvoir le faire...
“Venez à l’écart…”
- “Venez…!”. Il s’agit donc de “partir en vacances…” ! On quitte ses lieux habituels même si,
pour certains, ce départ ne se fait que dans la tête. Mais on change de rythme
simplement.
Cependant
l'Évangile semble décrire la situation de tant d'hommes et de femmes
d'aujourd'hui qui mènent une vie telle qu'ils n'ont même "plus le temps de manger". L’expression est même dans
l’évangile ! C'est le tourbillon ! Alors, avec les vacances, voici le
temps d'un départ, en tous les cas, le temps d'un autre temps.
Jésus
nous enseigne le but de ce départ : car le temps des vacances,
ce peut être un temps de silence,
je dirais le temps d'une respiration profonde. Le temps d'un silence n'est du
temps perdu. Paul Valéry disait : “Chaque
atome de silence est l'espoir d'un fruit mûr”.
Même
si nous sommes en des lieux fréquentés, sachons nous en extraire.
Même
si on reste chez soi, cherchons à faire silence en nous.
Tant
il est vrai que ce n’est pas en rompant à chaque instant la solitude que les
hommes deviennent capables de mieux communiquer. Non, c'est souvent dans la
profondeur d'un grand silence. Car dans le silence, on découvre plus
facilement l’essentiel.
C’est
en approfondissant le silence que le temps des vacances peut devenir le
temps d’une vraie parole.
Quand
on prend le temps d'un silence profond,
-
on retrouve une intimité plus développée entre époux, entre parents et enfants,
entre amis...,
-
on prend le temps de s’écouter pour bien s’entendre,
-
on risque une parole qui depuis longtemps n'avait pu s’énoncer,
-
on risque à nouveau les simples gestes de la tendresse.
Heureux
aussi ceux qui, à l'ombre d’une vraie parole, savent prendre le temps de se
taire ensemble, de faire silence ensemble pour mieux communier à
l’essentiel !
Le
temps des vacances,
ce peut être encore le temps d'un partage, le temps de partager ce qui
nous fait vivre, avec les amis de longue date ou de rencontre...
L'Évangile
dit : “ils rapportèrent ce qu'ils avaient
fait, ce qu'ils avaient enseigné”. Un échange de paroles lourdes de vie et
qui nous fait découvrir les profondeurs de l'autre, y compris du familier qu'on
croyait connaître pourtant !
Le
temps des vacances,
c’est encore le temps où l'on prend de la distance, de la hauteur. Alors
on voit le monde autrement, on vit autrement. Un auteur spirituel, en fin de
vie, disait : “le temps n'est pas rempli
de ce qu'on y met. Mon temps se remplit par l'attention que je lui porte, par
le goût que j'en prends”. Au fond, de bonnes vacances seraient celles qui
nous redonnent le goût de vivre.
Mais
voilà ! La réalité n'est pas toujours conforme à nos souhaits. Même pour
Jésus ! Il veut être à l’écart ; et les foules le suivent !
Mais cette circonstance peut nous enseigner une autre manière de voir les
événements et surtout ceux qui viennent à nous !
Au
lieu de voir d'abord des intrus pour lui et ses disciples, Jésus les regarde
eux, pour eux-mêmes. Il voit une foule de gens, fatigués, en quête d'espérance,
de repères, de repos. Ils sont comme des brebis sans berger et au temps
de Jésus cela voulait dire “être voués à
une mort rapide”.
“On ne voit bien
qu'avec le cœur”,
disait Antoine de Saint-Exupéry. Alors du cœur de Jésus, de son cœur humain
habité par l'Esprit-Saint, jaillissent la pitié et la pratique de la pitié. Ce
regard du cœur ne doit-il pas être aussi celui de tout disciple du Seigneur ?
Deux
choses encore dans la pratique de Jésus :
C’est
lui, Jésus, qui se dépense, si je puis dire. L'Évangile semble dire que
Jésus a laissé ses apôtres se reposer.
Et
c'est lui qui accueille et enseigne la foule.
Dans
le monde, comme dans l'Église, comme en bien des familles, des responsables
âgés, fatigués pourraient prendre un repos nécessaire si d'autres acceptaient de
donner un peu de leur temps... ... Simple réflexion !
Il
est dit aussi que “Jésus se mit à les instruire
longuement”.
Ce
jour-là, il ne guérit pas les malades. Peut-être que ceux-ci (n'avaient pas pu
faire le déplacement...
il
ne leur partage pas le pain. Jésus sait que l'homme ne vit pas seulement de
pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Alors
Jésus leur donne sa parole.
Ces
paroles par nous connues, à nous confiées... nous avons partout et en tout
temps à les faire connaître aux hommes et aux femmes qui cherchent des repères
ou un peu d'espérance. Il nous faudra donner notre attention et aussi du temps,
beaucoup de temps peut-être. “Jésus les
instruit longuement”, dit notre évangile.
Et
je me dis encore : “Être patient” a deux sens : donner du temps, mais
aussi souffrir, souffrir de la lenteur, de la non-compréhension, de
l'exigence de l'autre. Être patient comme est patient le semeur - Jésus a pris
cette comparaison - comme est patient notre Dieu lui-même à notre égard !
Voici
donc le temps des vacances :
-
Heureux celui qui prend de son temps pour rencontrer le Seigneur, pour
l'écouter, le “goûter” - “Voyez comme est
bon le Seigneur”... (Ps
33)
-
Heureux celui qui s'expose à Dieu comme on s’expose au soleil et qui - sans même
peut-être le savoir - en revient marqué. Ainsi Moïse, descendant du Sinaï,
avait le visage lumineux ; lui ne le savait pas, mais les autres le
voyaient... !
Voici
donc le temps des vacances : un temps privilégié
-
pour nous laisser aimer et pour aimer.
-
pour mieux comprendre et la détresse du
monde et la tendresse de Dieu.
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