15e T.O. 18 Vendredi
Grande,
précieuse institution que celle du sabbat. Les Juifs y tenaient comme à la
prunelle de leurs yeux. À travers le sabbat s'exprimaient leur identité, leur
foi, leur histoire...
Le
jour du sabbat était
jour de repos en l'honneur de Dieu qui avait libéré son peuple de
l'Égypte, terre de "servitude", pour l'orienter vers une terre
de liberté, une terre de "service" de Dieu, terre promise,
quasi-divine ! C'était dire que l'homme, citoyen de la terre est déjà, dans la
pensée de Dieu, citoyen des cieux. Fêter le sabbat, c'était déjà sanctifier
le temps, le temps de la vie pour l'orienter vers Dieu.
Le
jour du sabbat était
encore un jour de célébration. Il fêtait les hauts faits de Dieu à
l'égard des siens. Il était jour de reconnaissance pour la présence
agissante de Dieu dans nos vies. C'était donc jour d'espérance, car le Dieu
fidèle hier l'est aussi aujourd'hui, et le sera demain. Fêter le sabbat, c’est
espérer !
Il
y a bien d'autres caractéristiques merveilleuses du sabbat. Et on pourrait montrer
que le dimanche chrétien recèle des valeurs semblables à celles du sabbat.
Normal, les premiers chrétiens étaient des Juifs ! Avec évidemment, une
différence capitale : Le Dimanche est centré sur le Christ, Fils de Dieu
devenu homme, mort et ressuscité pour notre salut et qui nous appelle à
partager sa gloire éternelle.
Et
si le Christ, Fils de Dieu, est venu dans le temps, c'est qu'il en est aussi le
"maître". Il est le commencement et la fin de toutes choses. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et
le Dernier, le Principe et la Fin” (Apoc 22/12). S’il est venu dans le temps, il est avant et après le
temps !
Aussi
Jésus précise aujourd'hui que si le sabbat est bon, il doit orienter vers un
au-delà de l'espace et du temps. 'Il
y a ici plus grand que le temple", dit Jésus. Le temple n'est pas le
but de la vie, comme le clamera St Etienne qui signera sa mort par cette
proclamation. Le temple n'est que "le
lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom" (Cf. Dt 12.5). Le temple n'est pas le lieu de la
présence de Dieu. Le vrai temple, c'est Dieu lui-même. Aussi Dieu s'est
fait homme pour que l'homme fasse alliance avec Dieu, s'unisse déjà à Dieu
ici-bas et totalement au jour éternel.
Le
Christ, dit St Paul, "récapitule" tout en lui-même. Toute l'histoire
- et l'histoire de notre vie - s'incère en ce moment unique en lequel Dieu
s'est incarné, à "l'accomplissement
du temps" (Gal
4.4), dit-il encore.
Le
dimanche est donc l’occasion pour nous de remettre le déroulement de toute
notre vie à partir de son origine et en vue de sa fin, son terme, Dieu
lui-même. - Toute célébration eucharistique rappelle que notre destinée n'est
pas sur terre, mais en Dieu qui nous a créé "à
son image et à sa ressemblance". Dieu est à l’origine. Et c’est vers
lui que nous allons. Il est aussi au terme.
Mais
si le dimanche sanctifie le temps, comme le sabbat, il est aussi le
jour qui donne sens au temps…, à notre temps. Reprenant le prophète Isaïe,
Jésus dira : “L’Esprit du Seigneur est
sur moi… Il m’a envoyé vers les captifs, les aveugles, les opprimés…” (Lc 4.18).
Notre
Dieu est un Dieu au-delà de l'institution, de quelque sabbat que ce soit.
Jésus, "Maître du sabbat",
dépasse l'institution en pardonnant, en exerçant la miséricorde divine. C'est
dire que Dieu vient toujours dans le temps de notre aujourd'hui et dans un
espace donné, en pardonnant, en exerçant sa miséricorde. (Cf. Pape François)
Voilà
ce qui n’est pas toujours simple à
admettre. Pour beaucoup, cela rend Dieu trop quotidien et contrarie une tendance
générale qui consiste à renvoyer Dieu à un autre temps, passé ou futur, et en
un autre lieu, tous deux lointains et inaccessibles.
Et
puis - il est vrai -, un Dieu trop quotidien rappelle à l’homme sa
responsabilité immédiate envers ses frères. Car Jésus écarte un culte des
lèvres au profit d’un culte du cœur, plus profond, plus exigeant. Dieu est dans
le temps, dans notre temps et il a besoin de nous pour transmettre son pardon,
sa miséricorde. Dieu dans nos joies, Dieu dans nos pleurs, avec nous. Dieu ici
et maintenant ! Le dimanche rappelle que Dieu remplit, veut remplir notre
temps, comme il l’a signifié il y a deux mille ans ! Dieu avec nous !
Enfin,
le dimanche est jour de célébration :
Et
pour le chrétien, le vrai sabbat est l'Eucharistie.
Le
Christ nous a laissé un signe merveilleux de sa présence en notre temps, parmi
nous, avec nous, en nous. Il vient, veut venir dans le temps, en notre temps
pour actualiser l'union possible de Dieu avec l'homme, union réalisée une fois
pour toutes par le mystère pascal du Christ.
Le
cardinal Journet avait cette belle réflexion : "Quand un prêtre consacre, le Christ, trouant ce moment du temps,
envoie dans les ténèbres du monde un rayon de sa passion qui déséquilibre les
puissances du mal, purifie les profondeurs de l'univers afin que s'affirme la
toute-puissance salvatrice de la croix… en vue de la résurrection".
Aussi,
St Ignace d'Antioche, dès la fin du 1er siècle, s'exclamait : "Que personne ne s'y trompe ! Ne pas
venir à l'assemblée (à l'Eucharistie), c'est
s'excommunier soi-même".
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