2e Pâques 18/B
"C'est avec un grande force que les apôtres
portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus..." (1ère
lecture).
"Tour homme qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est vraiment né de Dieu".
(2ème lecture).
"Heureux ceux qui croient sans avoir vu...!" (Evangile).
Il y a deux mille ans dans un
petit jardin aux portes de Jérusalem s'est produit l'événement le plus
important de l'Histoire... ll est passé
presque inaperçu aux historiens de l'époque,
tant il est vrai que les actualités
les plus spectaculaires ne sont pas les plus décisives pour le destin du monde,
tant il est vrai que Dieu
se manifeste, agit très souvent en silence.
Aussi, les récits de la
Résurrection appellent trois remarques :
1. Jésus ressuscité ne se
montre qu'à ceux qui l'aiment.
Hérode, Caïphe et Pilate
n'auront pas le privilège de le voir ressuscité. "Il se manifeste, comme le déclare St Pierre (Ac. 10/40), non pas à tout le peuple, mais aux témoins
que Dieu avait choisis d'avance", c'est-à-dire à ceux que Dieu aiment
et qui aiment Dieu, tel ce Thomas… qui, me semble-t-il, était plus questionneur
que douteur ! Car Jésus aimait Thomas ; et Thomas aimait Jésus !
2. On ne le reconnaît pas aussitôt.
C'est que la résurrection est
l'inauguration d'un nouveau mode de présence de Jésus au milieu des siens,
prémices d'un nouveau mode d'être, d'un nouvel état de la création..., de la
rédemption.
C'est souvent le
recueillement intérieur, le silence intérieur qui nous conduit à ce nouveau
mode de présence du Christ.
Marie-Madeleine le prend
d'abord pour un jardinier,
Pierre et les Apôtres pour un
fantôme,
les disciples d'Emmaüs pour
un voyageur attardé sur la route.
Thomas n'avait pas eu
l'occasion de cette méprise… Aussi affiche-t-il plus naturellement son
scepticisme.
La reconnaissance du Christ
ne se fait qu'à partir d'un silence intérieur.
3. On le reconnaît à un signe personnel.
L'identité du Seigneur
ressuscité se révèle, non par quelque trait général qui s'imposerait à tous,
mais par un trait intime et particulier qui se lie en chacun au souvenir d'une
rencontre antérieure. C'est une alliance personnelle.
Voilà ce que nous livrent les
évangiles de la Résurrection.
Et depuis lors, notre rencontre
avec le Christ ressuscité présente les mêmes caractères :
l. Il faut que nous
l'aimions au moins obscurément pour qu'il se révèle.
On ne rencontre pas Jésus
ressuscité
dans l'éclair fulgurant d'un
mythe,
dans le cri des slogans à la
mode,
dans l'exaltation d'une
sensibilité vite émoussée,
ni même dans la recherche
intellectuelle.
Nous ne le rencontrerons
que dans l'amour. C'est l'amour qui
guide et qui trouve. Ste Catherine de Sienne avait bien raison ; elle écrivait
: "Notre amour est la mesure de
notre foi ; et notre foi est la mesure de notre amour".
La foi, c'est
le face à face de Dieu avec
chacun d'entre nous,
un face à face dans les
ténèbres,
un face à face à l'état
obscur dans l'attente de la lumière de gloire,
mais un face à face qui ne
peut être ignoré et que l'on proclame : Dieu est là en Jésus Christ; il nous
aime; et nous cherchons à l'aimer !
Puisque Dieu est amour, il ne
peut être connu, reconnu que par et dans l'amour !
2. Comme pour les premiers disciples, comme
pour Marie-Madeleine, il se peut que nous ne le reconnaissions pas aussitôt,
tant est discrète sa présence en nos vies, comme la présence de ceux qui
aiment, qui se reconnaissent et communiquent sans se parler.
La foi est ordonnée à l'amour
divin ; et cet amour réclame le silence, le recueillement intérieur.
Seul l'amour peut se nourrir
de certains silences qui souvent disent plus que la parole. Et c'est alors que
le Seigneur est reconnu.
Il nous faut admettre cette
constante pédagogie divine : "Si
Dieu aime à parler au cœur de l'homme, il n'est pas dans ses habitudes de
bavarder avec lui" (Mgr Ghika).
Alors il nous faut du temps
pour apprendre cette manière d'être du Seigneur.
3. Enfin d'ordinaire, nous le reconnaîtrons
nous aussi, non point par une preuve contraignante mais par un signe
personnel que nous sommes libres d'accepter ou de refuser.
Si nous sommes attentifs,
alors il nous appellera par
notre nom comme Marie-Madeleine,
alors, il nous fera faire
quelque pêche miraculeuse où nous devinerons sa mystérieuse présence,
alors, il nous rejoindra sur
la route, restera dîner avec nous et - comme les disciples d'Emmaüs -, nos yeux
s'ouvriront, nous le reconnaîtrons comme à la fraction du pain.
Oui, il y a deux mille ans
dans un petit jardin, aux portes de Jérusalem, s'est produit l'événement le
plus important de l'Histoire : le Christ ressuscité s'est manifesté à ses
amis
qu'il aimait et qui
l'aimaient,
en qui le silence
intérieur a permis de discerner sa
présence auprès d'eux,
par un signe personnel, particulier.
Depuis deux mille ans, le
Christ ressuscité n'a pas changé sa façon de se révéler. Puisse le silence, à
l'intérieur du jardin de nos cœurs, nous faire entendre son appel personnel,
nous faire découvrir sa présence de plus en plus évidente parce que aimante.
Et nous irons alors proclamer
avec tous les disciples du Seigneur : "C'est
vrai, le Christ est vraiment ressuscité !". Il est apparu à Pierre ;
et finalement il s'est fait voir à moi aussi.
C'est toujours ainsi que se
manifeste la miséricorde aimante du
Seigneur, même envers celui qui questionne..., même envers le pécheur...,
mais questionneur, pécheur qui cherche, et qui en cherchant aime... !
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