lundi 16 décembre 2019

Espérance !


3ème Avent. 19/A

Veiller  comme celui qui n veut pas manquer le passage du Seigneur C"était l"encouragement du 1er dimanche de l'Avent !
Ptéârer le chemin du Seigneur en nos coeurs et dans la vie du monde? C'était le souhait de dimanche dernier !

Espérerc'est la troisième étape vers Noël. Mais, en réalité, les textes d’aujourd’hui parlent plutôt des raisons d’une apparente désespérance

Ainsi, il y a  désespérance de Jean-Baptiste.
Il est en prison. Hérode l'a fait enfermer dans la forteresse de Machéronte, sur les hauteurs de la mer Morte. Comment pourrait-il ne pas s'interroger, ne pas douter ? Humainement, il n'a plus rien à espérer ; d’ailleurs, la suite le prouvera. Pourtant, il a été fidèle à sa mission de prophète, dénonçant courageusement la conduite d'Hérode.
Alors, où est Dieu, que fait-il ? Ne pouvait-il pas épargner un tel châtiment injuste à son fidèle serviteur ? Et puis, Jésus, est-il vraiment l'envoyé de Dieu ? “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?”. Question qui manifeste un découragement !

Cette question de Jean-Baptiste, n’est-ce pas, parfois, la nôtre ? Quand le malheur nous accable, il nous arrive de dire nous aussi : “Où est Dieu, que fait-il ?.” Face au malheur du monde, combien disent : “Où est-il ton Dieu ?” Les chrétiens entendent cette question chaque jour. Le Dieu qu'ils prient semble absent de la vie familiale, sociale, de la vie du monde ; et, s'il est nommé dans la culture, c'est comme le souvenir d'un passé révolu.

Vous-mêmes, moi-même, la question nous taraude.
Après plus de deux mille ans de christianisme…,
avec des millions de commentaires évangéliques, des milliers de livres sur Jésus-Christ…,
aujourd'hui encore, il y a des milliers d'hommes, de femmes qui se disent chrétiens et qui continuent de s'égorger courageusement…,

Aussi, n'a-t-on pas raison de désespérer ? A la suite des deux disciples d'Emmaüs, ne pourrait-on pas dire : “Nous espérions que c'était le Christ qui délivrerait notre monde. Mais voilà plus de deux mille ans que ces choses sont arrivées”. Et qu'en est-il ?

La question est on ne peut plus claire. Elle exige donc une réponse claire. En ce 3ème dimanche de l'Avent, écoutons l'inlassable répétition d'Isaïe : “Prenez courage, ne craignez pas, voici votre Dieu. Il vient lui-même ; il vient vous sauver. Le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie”.

Écoutons aussi l'inlassable répétition de Jésus : “Le Royaume de Dieu est proche, il est au milieu de vous”. - “Allez rapporter à Jean ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux, marchent, les lépreux sont purifiés, la Bonne Nouvelle est pour les pauvres”.

Aujourd’hui ayons cette conviction pour nous répéter les uns aux autres, inlassablement : “Le Royaume de Dieu est là, ne le voyez-vous pas ?”

Mais comment cette conviction qui entraîne une annonce peut paraître véritablement fondée ?
C'est l'apôtre Jacques, dans sa lettre, qui a trouvé les mots justes : “Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur, il attend les produits précieux de la terre avec patience”.

Ces mots me font penser à une légende qui pourrait être un conte de l'Avent, une légende nous engageant sur le chemin d'une réponse fragile, mais vraie.

Un jeune homme, dans son rêve, entre dans un magasin. Derrière le comptoir, se tient un Ange qui fait office de vendeuse. - “Que vendez-vous ?”, lui demande le jeune homme.  - “Tout ce que vous désirez”, lui répond l'Ange avec courtoisie.
Alors, le jeune homme se met à énumérer : “Dans ce cas, je voudrais bien la fin des guerres dans le monde, plus de justice, la tolérance, la générosité, davantage d'amour dans les familles, du travail pour les chômeurs”… . Mais l’ange lui coupe la parole : “Excusez-moi, Monsieur, mais vous m'avez mal compris ; ici on ne vend pas les fruits, mais seulement les graines”.

Jésus nous l'a dit, c'est en toutes lettres dans l'Évangile, Dieu est un semeur. Il a semé des graines de justice dans le cœur de l'homme, des germes de réconciliation, des germes de pardon, des germes d'amour et de tendresse. Pas des fruits, des semences seulement !
C'est à nous de les faire grandir et éclore.
C'est à nous de faire marcher les boiteux, d'éclairer les aveugles, de donner la parole aux sans-voix, de servir les pauvres…
C'est l’inouï de notre vocation chrétienne : nous sommes invités à ne faire qu'un avec le Christ pour qu'il continue par nous à réaliser sa Promesse. Le Christ, aujourd'hui, n'a pas d'autres mains que les nôtres pour transformer le monde. Les mains du Christ, le regard du Christ, la tendresse du Christ doivent désormais passer par nos mains, nos yeux et notre cœur.

Faut-il ajouter que l'espérance chrétienne s'appelle aussi confiance, confiance absolue en un Dieu qui réalisera sa Promesse au-delà de ce qu'on peut imaginer.

Et aujourd’hui, demandons tout spécialement à Marie, qui, elle aussi, se posait des questions (Cf. “Comment cela se fera-t-il ?”), demandons-lui
comment elle faisait quand il n'y avait apparemment plus rien à faire,
comment elle croyait quand il n'y avait apparemment plus moyen de croire,
comment elle espérait quand il n'y avait apparemment plus rien à espérer… au pied de la croix.

Demandons-lui que la lumière de l'espérance passe dans le cœur de ceux qui doutent et désespèrent. Et que nous puissions chanter, la nuit de Noël : “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière”.

Grande lumière et pourtant parfois petit falot dans une nuit épaisse. Et comme on l'a magnifiquement écrit : “Il est des soirs où il faut à cette lumière bien de la hardiesse, bien de l'assurance pour passer sous la porte des noirs événements”.

Mais elle est là, depuis qu'une toute petite lumière a percé la nuit dans une étable, il y a deux mille ans.

Et pour terminer je ne peux m’empêcher de vous raconter l’histoire d’une très belle fête juive - le fête des Néoménies - reprise en notre liturgie, principalement en la veillée de Pâques.
Le calendrier juif était un calendrier lunaire (je ne vous explique pas pourquoi ; ce serait trop long). Et à chaque nouvelle lune, des témoins, du haut du mont Sion, guettaient son apparition. Ce n’était pas facile : juste un petit cordon à l’horizon.
Dès qu’ils l’avaient aperçue, ils venaient témoigner solennellement devant le Sanhédrin. Alors, on envoyait des émissaires sur le mont des Oliviers où un bûcher avait été préparé. On y mettait le feu. Ce feu était visible d’une autre colline assez éloignée, le Sartabé. Là, un autre bûcher était alors allumé. Dès que sa flamme s’élançait, était allumé un autre brasier en contrebas, à Belvoir, dominant cependant toute la vallée du Jourdain. Alors, un quatrième brassier s’allumait sur le mont Thabor. Le Thabor n’est pas très haut, mais on le voit de partout en la plaine d'Izréël, de partout en Galilée. Et on continuait ainsi : c’était une traînée de lumière vers l’est et l’ouest.

Pour nous, on peut dire qu’une lumière divine a jailli sur le mont Sion, à Jérusalem… Et tous les chrétiens sont chargés de la propager à travers le monde, … avec la ferme espérance qu’elle embrasera divinement le cœur de tous les hommes.

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