mardi 22 octobre 2019

La prière !


29e dimanche ordinaire  19/C  

"Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ?"
"Priez sans cesse", disait St Paul.

Pourtant, pour beaucoup, la prière s'étiole et certains se demandent s'ils ne recherchent pas parfois une consolation facile et illusoire. Et je pense encore  : la prière peut être une évasion subtile qui permet à l'homme de fuir ses responsabilités, d'apprivoiser faussement l'âpreté de la vie.

Que faire pour prier  ? Connaissez-vous ce proverbe espagnol : "Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance avec la mer". Et il est vrai que la mer nous enseigne. Heureux ceux qui peuvent laisser pénétrer son immensité dans leur regard. Elle est alors image et présence de l'infini. Elle nous parle de la vie universelle, de la gratuité, de la beauté, de la force qui palpite dans les profondeurs de l'univers. Alors, oui, "Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance avec la mer", car la prière nous met face à cette immensité divine qui dit à l'homme sa fragilité et qui l'appelle en même temps vers l'horizon divin. Par la prière nous sommes comme happer en la profondeur de Dieu comme l'homme vers l'horizon marin

Mais en même temps, la mer, elle est aussi ténèbres et effroi, inquiétudes des vagues qui se poursuivent et annoncent des tempêtes. Elle est le pays des dangers et le chemin périlleux ou où l'homme s'épuise ! Alors, oui, "Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance avec la mer".

Car la prière nous met devant cet océan périlleux qu'il nous faut traverser pour aller vers Dieu, sans avoir, pensons-nous, ni barque ni voile".

Alors, la prière devient notre force, notre  grandeur, notre utilité.
Et aujourd'hui, Jésus nous répond à sa manière en nous racontant, comme souvent, une histoire….   Et il conclue :
"Ecoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Et Dieu, lui, ne fera-t-il pas justice à ceux qui crient vers lui  ?"

ET, là, il faut éviter de faire un terrible contresens. Le mot hébreu traduit par "justice" déborde infiniment notre concept humain. Ce mot signifie "la valeur suprême de la vie, le fondement sur lequel repose l'existence tout entière. Si le juge rend la justice, Dieu, lui, fait la justice comme il crée les mondes. Aucune idée de répression. Là; au contraire, il s'agit d'accomplissement, de perfec-tion, d'épanouissement.
Jésus, là, a déjà laissé loin le tremplin de l'image du juge inique.  Il dit en clair :  à ceux qui crient vers lui, Dieu "fera justice, càd donnera la plénitude de la vie, la splendeur des aboutissements, le monde transfiguré.
Aujourd'hui ? Peut-être !
Demain ? pourquoi  pas ?
Éternellement ?  Sans aucun doute.

Edith Stein - grande philosophe juive, convertie (Sr Thérèse Bénédicte de la croix), commentait : "Oui, Dieu crée l'univers, comme la mer crée les continents : en se retirant", afin de respecter notre liberté.

Et Dieu, de ceux qui prient en fera des justes, des hommes accomplis au-delà même de leurs vœux, des citoyens joyeux de la Ville dont Lui-même l'architecte et le fondateur (Cf Heb).

Et de plus, voyez : la prière qui s'adresse à celui qui fait justice, provoque, déjà dès ici-bas, un ajustement. Elle nous ajuste à Dieu comme il s'est a-justé à nous-même par l'incarnation de son Fils ; elle nous ajuste aux autres dans la vérité et la paix.

"Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance avec la mer". La prière avec Jésus peut vaincre toute peur , tout découragement. Car elle nous ébranle déjà vers les accomplissements de Dieu. Elle nous aimante vers Lui. Elle fait gonfler la voile de notre vie vers l'Avenir de Dieu.
           
Ainsi, prier Dieu, crier vers lui, jour et nuit, c'est recevoir de Lui énergie, lumière pour hâter, avec tous, au-delà des tempêtes humaines, la venue d'un monde transfiguré.
Prier, c'est languir de Dieu.

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