1er Janvier 2017 "Bonne
année !"…
Aujourd'hui
et demain, qui ne prononcera pas ou n’entendra pas ce souhait : "bonne
année" ? Mais un souhait, aussi sincère soit-il, n'est pas une formule
magique, toujours efficace. Et bon nombre d'esprit-chagrin veulent se libérer de
cette coutume des vœux qu'ils qualifient de formalisme vide de sens et parfois
hypocrite. Pourquoi formuler ces sortes de souhaits et bénédictions ?
Mais,
justement, au temps de Jésus et pour tous ses disciples, "bénir"
ne se réduit pas seulement à un "bien-dire" selon l'étymologie
latine : "bene-dicere". Lorsque Dieu bénit ses créatures, il ne
dit pas seulement de belles phrases ; mais Il leur communique sa puissance de
Vie pour les rendre actives, fécondes.
Remarquons
d'ailleurs les nuances du texte de la première lecture : sa bénédiction, Dieu charge les prêtres de
la transmettre seulement, car Dieu seul peut bénir véritablement !
En
répétant trois fois le Nom trois fois Saint - "Que le Seigneur te bénisse..." -, en prononçant la formule
consacrée, en étendant les mains sur leurs frères et sœurs, ils signifient
l’acte efficace de protection : puisses-tu être convaincu que ton Dieu ne te
fixe pas d’un œil sévère, ne comptabilise pas tes fautes, ne te confond pas
avec ton "sur-moi" vaniteux, ou avec ton complexe de culpabilité.
Sache surtout que, comme un Père, il te regarde avec amour, compatit à ta
faiblesse, craint pour tes épreuves. Son visage, c’est-à-dire tout son être,
n’est que bonté et tendresse, joie et sérénité. Sa bénédiction entend exorciser
tes peurs, écarter tes craintes, chasser tes scrupules, consoler tes
tristesses..
C'est
alors que la bénédiction biblique joue dans les deux sens : de haut en
bas, Dieu répand sa grâce et, en retour, de bas en haut, l’homme
"bénit" son Dieu ; il lui exprime sa reconnaissance, sa gratitude,
sa joie d’être connu et sauvé. En somme, la bénédiction, dans son
"aller-retour", est révélation d’un Dieu bon et exultation
de l’homme à sa juste place. N'est-ce pas ce que nous avons chanté à Noël :
Dieu se fait "Emmanuel" - Dieu parmi nous - pour nous entraîner à
aller vers Lui !
Aussi,
en pensant à la Communauté des Religieuses, à vous tous et vos familles, je vous
transmets cette bénédiction divine au seuil de 2017. - une bénédiction qui souligne
la générosité de Dieu à tous les âges,
- une bénédiction qui perdure malgré nos
ingratitudes et nos reniements divers,
-
une bénédiction dont toute l'histoire du salut porte la marque :
Depuis
les balbutiements de l’univers où Dieu bénit toute la création, - depuis les
jours d'Abraham en qui furent bénies "toutes
les familles de la terre", depuis qu'il y a 2000 ans, Marie entendit
Élisabeth la proclamer "bénie entre
toutes les femmes", cette bénédiction divine s'est pleinement
manifestée par l'incarnation du Fils unique de Dieu, le fils de Marie, mère de
Dieu que nous fêtons aujourd'hui. St Paul le souligne dans sa lettre aux
Galates (2ème
lecture)
C'est
à la lumière de cette bénédiction divine que nous voulons entrer ensemble en
l'an 2017. Nous ne
nous faisons pas illusion pour autant. Comme tous les ans, il faudra faire face
à l’imprévisible et peut-être au douloureux, mais aussi à l’inattendu, à l’inouï
que Dieu nous réserve.
D'ailleurs,
nous pouvons d’autant plus facilement aborder l’année nouvelle si nous prenons
le temps de jeter un regard en arrière
-
pour discerner combien Dieu nous a été présents même au travers soucis et
difficultés,
-
pour reconnaître tout ce qu’il nous a donné à vivre de bon et pour la force
qu’il nous a envoyée dans les situations pénibles !
Ne
pas le faire ne serait qu'ingratitude.
Aussi,
redisons-le en ce temps de Noël : Le Sauveur du monde est venu et vient toujours
pour se faire participant de notre nature humaine ; nous ne sommes plus seuls
ni abandonnés. La Vierge nous offre son Fils comme principe d’une vie nouvelle.
Aujourd’hui, avec Marie, découvrons qui nous sommes : des "Bénis"
de Dieu!
Et,
si nos vœux de nouvel an devenaient en même temps des prières, ils ne seraient
rien d'autre alors que l'expression de la confiance que nous mettons en ce fol
amour de Dieu pour les hommes. Dieu veut leur bonheur, notre bonheur.
Mais
peut-être pas le bonheur tel que nous l'imaginons, avec une somme de
petits plaisirs quotidiens. Le bonheur que Dieu désire pour nous est, dès
ici-bas, en perspective d'éternité.
Marie,
la Mère de Dieu, la "Bénie entre
toutes les femmes", a dû fuir les envoyés d'Hérode qui en voulaient à
l'enfant de Noël ; et elle vécut, au pied de la Croix, l'épreuve la plus
cruelle qui soit pour une mère. Mystère d'une bénédiction dont la plénitude ne
se révélera que dans la gloire de l'Assomption.
Oui,
les bénédictions, les souhaits de Dieu pour son peuple et pour chacun d'entre
nous doivent traverser l’espace de notre liberté soumise à bien des
aléas contradictoires. Et c’est à chacun de nous que Dieu confie la
réalisation de ses souhaits, à nos intelligences, à nos cœurs, à nos mains.
-
L'harmonie d'un couple, la paix dans nos familles est œuvre patiente de chaque
jour ; le respect de tout homme, l'attention aux plus petits, aux plus
fragiles, le recours au dialogue pour régler les conflits entre les hommes,
entre les peuples, tout cela est tâche humaine à laquelle Dieu nous convie
et pour laquelle il nous bénit.
-
Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et
de luxe, d’apparence et de narcissisme, Dieu nous bénit pour acquérir un
comportement sobre et cohérent, capable de saisir et de vivre l’essentiel.
-
Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, Dieu
nous bénit pour savoir cultiver un fort sens de la justice, de la recherche
et de la mise en pratique de sa volonté.
-
Dans une culture de l’indifférence qui finit souvent par être impitoyable, Dieu
bénit notre style de vie qui se veut plein de piété, d’empathie, de
compassion, de miséricorde...
Chacun
de nous sait, dans le secret de son cœur, à quoi il est appelé et le "pour
quoi" il est le "Béni" de Dieu-Père !
"L'Esprit de
Jésus est dans nos cœurs"
nous dit l'Apôtre Paul. Qu'il renouvelle nos forces aujourd'hui et tout au long
de l'année pour que, selon le vœu du psalmiste, "le salut de Dieu soit connu sur la terre".
Et
surtout, sachons-le : les bénédictions de Dieu se réaliseront pleinement,
en finale. C’est Dieu qui aura le dernier mot. Il l’a prouvé puisque son
amour a vaincu la mort elle-même !
Aussi,
bonne et sainte année à tous
!
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