dimanche 27 septembre 2015

Pas de monopole !

26e Dimanche  Ord. 15/B

Quel est celui d'entre nous qui n'a pas été témoin un jour ou l'autre du dévouement, de la générosité ou de l'esprit de sacrifice d'un homme (ou d'une femme) complètement indifférent ou étranger à la foi chrétienne ?

Plusieurs manières de réagir sont alors possibles.
La première est, instinctivement, une réaction de rejet, de méfiance, peut-être aussi de jalousie : “Cet homme n'est pas chrétien ; s'il agit ainsi, c'est par intérêt" ; ou bien : "Il fait semblant, ce n'est qu'un hypocrite !”. C'est un peu la réaction de l'apôtre Jean dans l'évangile : "Nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais... Nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent !". Il n'est pas de ceux qui nous suivent !!!
Une autre réaction est possible : étonnement, émerveillement : “Cet homme est chrétien sans le savoir ! c'est un chrétien qui s'ignore !” - Mais c’est un raisonnement faux : on ne peut être chrétien sans le savoir ; car ce mot "chrétien" désigne celui qui a fait connaissance avec le Christ et qui croit en lui. On ne peut pas être chrétien sans le savoir, c'est contradictoire dans les termes.
Une troisième réaction est celle que nous suggère Jésus : réaction d'heureuse surprise et d'accueil : “Celui qui n'est pas contre nous est pour nous !”. Voilà un homme qui se laisse animer par l'Esprit de Dieu, par l'Esprit d'amour qui remplit l'univers. Oui, l'Esprit Saint se répand, comme le constatera très tôt St Pierre, même sur des païens (Cf. Act. 10.44sv, à propos de la conversion de Corneille)

Nous avons eu et nous avons toujours tendance, plus ou moins, nous chrétiens, à croire que nous avons le monopole du bien et du vrai, que nous sommes plus ou moins propriétaires du vrai Dieu, et qu'il faut être chrétien pour profiter des grâces de Dieu, comme si Dieu ne s'intéressait qu'à nous seulement. Mais non ! Dieu est au travail dans le monde entier. “Mon Père est à l'œuvre toujours, disait Jésus, et moi aussi je suis à l'œuvre” (Jn 5.17). Dieu sème ses dons, sa lumière, son amour, dans le cœur de tous les hommes de bonne volonté. Il pousse tous les humains quels qu'ils soient à mieux fraterniser, à se réconcilier et à mieux s'aimer. Car le projet de Dieu, c'est de réaliser la communion universelle des hommes, le rassemblement de tous les humains en une seule immense famille, la famille des enfants de Dieu.        

Et c'est à cela que l'Église doit travailler, comme le Christ lui-même, comme Dieu lui-même : “Mon Père est à l'œuvre toujours, disait Jésus, et moi aussi je suis à l'œuvre” (Jn 5.17). C'est, me semble-t-il, l'une des grandes remarques à souligner et sur laquelle le pape François insiste souvent... !

Oui, au-delà de l'Église visible (nous baptisés, évêques, prêtres, religieux, religieuses...), il y a comme une Église invisible :
peuple de tous ceux qui se laissent animer par l'Esprit,
peuple sans frontières, peuple répandu dans toutes les races et toutes les religions,
peuple immense de tous ceux qui s'efforcent de vivre dans l'amour et le respect des autres, dans un esprit de dévouement et de service, dans la solidarité avec les plus défavorisés, comme a aimé à le souligner encore le pape François, lors de son actuel voyage apostolique !

L'Esprit de Dieu a des disciples partout. C'est ce que nous suggérait déjà la première lecture de ce jour : “Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux tous !” s’écriait Moïse. Comme le constatait l'apôtre Pierre au début de son ministère apostolique !
Chez tous ceux qui veulent bien s'ouvrir aux autres, Dieu suscite ces milliards de petits ou grands gestes d'amour qui se font chaque jour dans le monde entier et qui tendent à rapprocher les hommes entre eux. Le monde baigne dans cette action invisible de Dieu. “L'Esprit de Dieu souffle où il veut !”, dira St Jean ! (Cf. Jn 3.8)
  
Soyons-en persuadés : nous chrétiens, nous n'avons pas le monopole du bien, de la justice, de la solidarité... Beaucoup de non-chrétiens travaillent et agissent dans le même sens, sous la poussée de la grâce divine. Bien sûr, comme en nous-mêmes, il y a, chez eux aussi, de l'ivraie mélangée au bon grain. Car partout, les forces du mal et du mensonge s'opposent aux forces de l'amour et de la vie.

Mais alors, nous chrétiens qui croyons au Christ, nous Eglise visible du Seigneur, quel est notre rôle ?
Notre rôle, c'est d'abord de témoigner de ce vrai Dieu qui ne s'intéresse pas qu'à ses fidèles, mais qui aime tous les hommes sans exception, quelles que soient leur langue, leur race ou leur religion, qu'ils se disent chrétiens ou athées. Dieu aime tous les hommes et les attire tous à lui. “Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes”, a dit Jésus (Jn 12.32).
L'Esprit de Dieu nous pousse à dire à ceux qui nous entourent : “Vous aussi, Dieu vous connaît, Dieu vous aime, et chaque fois que vous vous laissez animer par l'amour désintéressé des autres, vous êtes tout proches de lui”.  Où il y a de l'amour, Dieu est là !

Notons-le bien, il n'est pas question d'imposer aux autres notre foi, mais n'ayons pas peur d'en témoigner fortement. Voilà notre vocation ! Pourquoi seules les voix de la violence, de la haine, du mensonge auraient-elles le droit de se faire entendre ? Nous n'avons pas à rougir de notre foi, mais à en témoigner joyeusement, car elle va dans le sens de la vraie réussite de nos vies et de la vie du monde. Notre foi ne doit pas être secrète. Elle doit s’exprimer. Voilà notre rôle : témoigner !
Et voilà la véritable question corrélative : que faisons-nous pour témoigner du Christ, du Dieu qui aime tous les hommes ?

De plus, n'oublions pas que, pour être efficace, notre témoignage de foi doit se faire autant par notre manière de vivre que par nos paroles. Si notre style de vie contredit nos paroles, comment pouvons-nous être crédibles ? L'évangile d’aujourd’hui le rappelle : si ta main, ton pied..., ou ton œil t'entraîne au mal…, alors, n'hésite pas : coupe, arrache… !

Oui, le cœur de Dieu est sans frontières et ouvert à tous. Il nous faut, nous qui voulons témoigner de cet amour de Dieu, acquérir un cœur à son image, un cœur accueillant, ouvert, compréhensif..., un véritable “cœur d’Eglise”, puisque "l’Eglise et le Christ, c’est tout un", disait Jeanne d’Arc. Aussi, demandait naguère le pape Paul VI : “Aimez donc l’Eglise” !
Certes, l’Eglise est sans péché, mais elle n’est pas sans pécheurs. St Augustin le disait de façon lapidaire : “l’Eglise a des enfants parmi ses ennemis, et des ennemis parmi ses enfants !”. Mais il restera toujours vrai qu’on ne guérit l’Eglise qu’en l’aimant et non en la quittant !

Bien sûr, chez nous surtout, les temps sont difficiles pour l'Eglise ; remarquez qu’ils n’ont jamais été faciles ! Mais ne nous laissons pas troubler par les commérages… des mass médias. Nous entendrons toujours parler de prêtres, de religieux-religieuses qui renoncent, de foyers détruits. Mais n'oublions pas qu'il y a des milliers et des milliers de prêtres, de religieux-religieuses et de familles fidèles. Cette épreuve purifiera l'Eglise des infirmités humaines et elle en sortira plus belle et plus vraie !

Soyons donc de cette Eglise qui témoigne de l’amour de Dieu pour tout homme !

Aucun commentaire: