samedi 30 mai 2015

Trinité et fête des mères !

Sainte Trinité (2015 B)

La scène est bien connue ! Elle se renouvelle et se renouvellera jusqu'à la fin des temps. Mais il est bon de le rappeler aujourd'hui en cette fête des mères à qui je transmets mes vœux humains et spirituels.

Oui, la scène est bien connue : sur le quai de la gare, c'est le moment du départ. L'enfant devenu grand, le fils, la fille quitte sa mère. C'est la première fois, au moins cette fois d'importance ! Les mots qu'ils échangent sur ce quai de la séparation est plus que des mots. Ils sont lourds d'une présence qui grandit tandis que les mains, les bras se desserrent et que l'on se quitte.

"Je suis avec toi. Je penserai à toi demain. Je t'écrirai". Tandis que le train s'en va, les mains se tendent les unes vers les autres. Elles semblent chercher une nouvelle présence comme pour combler la distance. Présence mystérieuse de la pensée et du cœur.

Cette scène est celle de l'Evangile d'aujourd'hui. Jésus se retrouve avec ses amis en Galilée. Pour St St Matthieu, c'est le dernier rendez-vous terrestre avec Jésus, avant son départ. Rendez-vous intime qui, pourtant, ouvre des perspectives infinies : la puissance du Ressuscité unit désormais le ciel et la terre. Nous aussi désormais, nous pouvons aller répétant les paroles du Deutéronome : "Le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre. Il n'y en a pas d'autre !". Aussi, de l'endroit évangélique dont personne ne retiendra le nom, - peu importe d'ailleurs, il est tellement intemporel ! - voici que tout l'univers s'étale : "De toutes les nations, faites des disciples". A ce moment, solennel de séparation, commence la trame d'une nouvelle présence : "Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps "..

Le Seigneur s'en va. Mais il n'est pas un être du passé dont on se souvient ! Pour lui, s'en aller c'est changer sa manière d'être là.
Déjà, quand l'amitié s'enracine dans l'absence de l'ami, quand l'amour s'enracine dans l'absence de l'enfant, une présence, discrète et forte, vibre entre les êtres.
De même, Jésus dit à ses amis : "Allez donc !" Et presque aussitôt il ajoute dans la distance qui s'allonge et se creuse entre eux : "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde".

Et le tissu de la nouvelle présence sera : "Faites des disciples. Baptisez-les. Apprenez-leur à garder tous mes commandements".

Quand la Bonne Nouvelle de l'Amour que s'échangent les trois Personnes divines, circule entre les hommes, le Christ est là présent. Le cœur de Dieu bat dans le cœur des hommes ! Car la Bonne Nouvelle c'est encore, à partir du cœur de Dieu-Trinité-d'amour, c'est que les hommes soient des amis, et que les ennemis deviennent des frères.

"Faites des disciples !" On pourrait traduire : "Répandez ma présence, la présence de Dieu-Trinité-d'amour, comme une semence". Dieu est avec les hommes. Israël n'est plus seul à pouvoir dire : "Dieu avec nous". Toutes les nations, l'univers entier sont invités à chanter : "Emmanuel" ! - "Dieu-avec-nous"

Ainsi, le disciple est beaucoup plus que celui qui écoute la parole de son maître. Il lui est uni. Il respire son souffle. Il est habité par son Esprit. Il s'en nourrit. "Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, dit St Paul, ceux-là sont fils de Dieu... L'Esprit-Saint lui-même affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu !".

Les disciples de Jésus connaissent son enseignement et sa vie, mais ils ne sont vraiment ses disciples qu'en vivant de lui, de lui qui est uni au Père et à l'Esprit. Et leur fidélité les entraîne dans le sillage de sa justice, de sa paix et de son amour. "C'est à ce signe que l'on vous reconnaîtra, si vous vous aimez les uns les autres", disait Jésus lui-même. A Antioche, pour la première fois, les disciples de Jésus sont appelés "chrétiens" parce qu'ils rendent visible la présence invisible du Seigneur, de Dieu-Trinité-d'amour.

L'Esprit les habite. Il les unit les uns aux autres. "Un seul Esprit. Un seul Seigneur". Comme le Fils envoyé par le Père ne fait qu'un avec lui, ainsi des disciples. Vivant du même Esprit, ils aiment dire à Dieu :  "Abba-Père" !


Alors que la mère et l'enfant se perdent de vue, le train de la vie les séparant, une présence de l'un à l'autre se creuse, s'approfondit, devient forte dans l'invisible.
Il en est de même avec le Seigneur : "Je suis avec vous…" dit-il au moment de son départ. "Allez… !" Allez témoigner de Dieu-Trinité-d'amour. Je vous envoie mon Esprit.

Alors, sommes-nous de ces disciples qui tissent l'étoffe de la présence invisible du Seigneur ?

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