28ème Dimanche du T.O. 2019
Ecoutons ! Ecoutons ces paroles de Dieu que l’Eglise nous propose en
cette liturgie du 28ème dimanche du T.O.
Ecoutons
ces trois lectures. Reprenons-les durant la semaine. Elles évoquent les deux
états de l’homme dont nous devons être bien conscients depuis notre baptême :
- d’abord
l'état avili de l'homme couché par terre ; il n'est que l'ombre de
lui-même, déshumanisé par sa lèpre,
celle du
corps encore trop répandue ;
mais aussi
la lèpre de l’esprit et, plus encore, celle de l’âme.
C'est
l'état de Naaman avant sa guérison, et celle de nos dix lépreux.
- Puis, il
y a la 2ème étape évoquée dans l’homme de lumière qui se
relève !
Que
s'est-il donc passé ?
Les dix
lépreux ont finalement bien été guéris : ils se sont relevés dans leurs corps,
mais un seul s'est remis debout dans son esprit et dans son âme.
Et c'est
justement avec ce dixième homme que Jésus a ce petit dialogue qui se termine
ainsi : “Relève-toi, ta foi t'a sauvé”.
Qu'est-ce
que les neuf autres n'ont pas saisi ? Sachons relire et regardons ensemble ce
chemin tracé par le dialogue entre Jésus et cet homme. Il me semble qu'on
pourrait discerner quatre étapes dans cette démarche.
* Comme tous
les lépreux nous l'indiquent, le premier pas était le désir de rencontrer le
Christ. Ils l'ont tous appelé : “Jésus,
Maître, aie pitié de nous”. Si on ne croit pas que Jésus peut avoir pitié
de nous, si on ne croit pas que Dieu tout-puissant peut quelque chose de
l'ordre de sa miséricorde pour notre humanité, nous ne pouvons pas laisser agir
le Christ. Il faut d’abord reconnaître que notre humanité touche l’humanité du Christ, vrai Dieu et vrai homme ! Sa divinité, par son humanité, peut
toucher notre humanité intérieure, comme l'humanité au sens courant.
* Et puis,
il y a le deuxième pas à faire : tous les lépreux l'ont réalisé : voyant
Jésus, touchant son humanité, ils obéissent au Christ alors qu'ils ne sont pas
guéris : “Allez vous montrer aux
prêtres”. Ils obéissent avec confiance sans savoir ce qui va arriver. Bien
sûr, ils n'ont rien à perdre, dira-t-on, (Cf. aussi l'intendant de
Naaman) ; ils sont lépreux. Ils ont tout intérêt à obéir, mais à cause de
leur état on peut encore parler de foi à ce niveau-là. Et leur foi, tout
intéressée sans doute, va cependant effectivement les guérir, parce que Dieu
n'est pas comptable de nos actions humaines : il donne, lui, gratuitement.
* A la
troisième étape, là, il y a une bifurcation : neuf vont d'un côté, le dixième
d'un autre. Les neuf qui n'ont pas pris le chemin du retour vers le Christ,
doivent considérer dans leurs têtes que cette guérison est un dû. “Si Dieu existe, entend-on parfois, il doit faire ceci ou cela… !”
Dieu leur
doit quelque chose comme si c'était normal. Et voilà l'impasse de la foi : une
foi comme un “aller simple” : de Dieu vers moi. Une foi trop intéressée pour
être une vraie foi.
Je me
souviens de ce dialogue entre un homme qui se disait athée et un second,
profondément croyant. Dans leur discussion, le croyant demanda au premier : “Avez-vous lu la Genèse ?” - “Non, non, je suis athée” - “Alors, vous avez lu un psaume ou une page de
l'Ancien Testament ?” - “Non, répondit l'autre” - “Vous avez au moins lu une page d'Évangile ?”
– “Non plus”. Alors notre homme
conclut : “Ah ! je vois, vous n'êtes pas athée, vous êtes ignorant !”
De fait,
on peut être ignorant du don des dons de Dieu et beaucoup d'hommes le sont
malheureusement.
Mais le
dixième lépreux de notre Évangile, lui, n'a pas été ignorant du don de Dieu :
il a pris l'étroit chemin de la foi, un chemin en “aller et retour”. Certes il sait
que l'action du Christ à son égard était une pure grâce, une gratuité. Et
justement, puisque c'était un don, l'homme pouvait “en retour” faire lui aussi
un don : répondre à l'action de Dieu par une action de l'homme et répondre à la
grâce de Dieu par une action de grâce de l'homme. Là, la foi est comme un
“aller-retour” : de Dieu vers nous et de nous vers Dieu. Voilà
l’important !
* Enfin il
y a un quatrième pas obligatoire sur ce chemin ; ou bien il conduit les
neuf premiers lépreux vers l'ingratitude : ils se sont accaparé le don de Dieu,
ils ont tout gardé pour eux. Il n'y a plus de foi parce qu'il n'y a plus
d'amour dans cette attitude.
Le dixième
homme, lui, s'est relevé : il s'est ouvert au salut. “Relève-toi, ta foi t'a sauvé”. Le salut, c'est retrouver le
Christ, comme Jésus le dit à cet étranger : “Il
n'y a que toi qui es revenu ici rendre gloire à Dieu !” Le salut, c'est
toujours revenir au Christ.
Cette page
d'Évangile peut paraître éloignée de nos réalités. Réfléchissons bien cependant
à ces divers parcours sur le chemin de la foi.
Puisse
notre foi ne pas être seulement intéressée. Et c’est d’ailleurs le sens de
notre liturgie qui nous rassemble chaque dimanche. Nous avons commencé par nous
exclamer : “Seigneur, prends pitié
de nous ! Seigneur, pardonne-nous”, exactement comme ces lépreux : “Jésus, Maître, aie pitié de nous”.
Nous avons
ensuite chanté la gloire de Dieu, tout comme Jésus a dit à cet homme : “Il n'y a que toi qui es venu rendre gloire
à Dieu !” Si donc nous sommes ici maintenant, c'est pour
achever cette liturgie, la liturgie de la reconnaissance, la liturgie qui nous
fait revenir au Christ, comme ce lépreux, pour qu'il se saisisse de notre
humanité. Nous pourrons alors faire “action de grâce” autrement dit, faire
“EUCHARISTIE”.
Revenons
au Christ ensemble, ceux qui sont au loin et nous, ici. Laissons-nous saisir
par le Christ dans une même Église qui confesse la même foi.
Rendons
grâce au Christ, vivant au milieu de nous. Béni soit son nom.
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