29e dimanche ordinaire 19/C
"Dieu ne fera-t-il pas justice à ses
élus qui crient vers lui jour et nuit ?"
"Priez sans cesse", disait St
Paul.
Pourtant, pour
beaucoup, la prière s'étiole et certains se demandent s'ils ne recherchent pas
parfois une consolation facile et illusoire. Et
je pense encore : la prière
peut être une évasion subtile qui permet à l'homme de fuir ses responsabilités,
d'apprivoiser faussement l'âpreté de la vie.
Que
faire pour prier ? Connaissez-vous ce
proverbe espagnol : "Si tu
veux apprendre à prier, fais connaissance avec la mer". Et il est vrai
que la mer nous enseigne. Heureux ceux qui peuvent laisser pénétrer son
immensité dans leur regard. Elle est alors image et présence de l'infini. Elle
nous parle de la vie universelle, de la gratuité, de la beauté, de la force qui
palpite dans les profondeurs de l'univers. Alors, oui, "Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance avec la
mer", car la prière nous met face à cette immensité divine qui dit à
l'homme sa fragilité et qui l'appelle en même temps vers l'horizon divin. Par
la prière nous sommes comme happer en la profondeur de Dieu comme l'homme vers
l'horizon marin
Mais en
même temps, la mer, elle est aussi ténèbres et effroi, inquiétudes des vagues
qui se poursuivent et annoncent des tempêtes. Elle est le pays des dangers
et le chemin périlleux ou où l'homme s'épuise ! Alors, oui, "Si tu veux apprendre à prier, fais connaissance
avec la mer".
Car la
prière nous met devant cet océan périlleux qu'il nous faut traverser pour aller
vers Dieu, sans avoir, pensons-nous, ni barque ni voile".
Alors, la
prière devient notre force, notre grandeur, notre utilité.
Et aujourd'hui,
Jésus nous répond à sa manière en nous racontant, comme souvent, une histoire…. Et il conclue :
"Ecoutez bien ce que dit ce juge sans
justice ! Et Dieu, lui, ne fera-t-il pas justice à ceux qui crient vers lui ?"
ET, là, il faut éviter de faire un
terrible contresens. Le mot hébreu traduit par "justice" déborde
infiniment notre concept humain. Ce mot signifie "la valeur suprême de la
vie, le fondement sur lequel repose l'existence tout entière. Si le juge rend
la justice, Dieu, lui, fait la justice comme il crée les
mondes. Aucune idée de répression. Là;
au contraire, il s'agit d'accomplissement, de perfec-tion,
d'épanouissement.
Jésus, là,
a déjà laissé loin le tremplin de l'image du juge inique. Il dit en clair
: à ceux qui crient vers lui, Dieu
"fera justice, càd donnera la plénitude de la vie, la splendeur des
aboutissements, le monde transfiguré.
Aujourd'hui ? Peut-être !
Demain ? pourquoi pas ?
Éternellement ? Sans aucun doute.
Edith Stein - grande philosophe juive, convertie (Sr Thérèse Bénédicte de
la croix), commentait : "Oui, Dieu
crée l'univers, comme la mer crée les continents : en se retirant",
afin de respecter notre liberté.
Et Dieu, de ceux qui prient en fera des justes, des hommes accomplis
au-delà même de leurs vœux, des citoyens joyeux de la Ville dont Lui-même
l'architecte et le fondateur (Cf Heb).
Et de plus, voyez : la prière qui s'adresse à celui qui fait
justice, provoque, déjà dès ici-bas, un ajustement. Elle nous ajuste à Dieu
comme il s'est a-justé à nous-même par l'incarnation de son Fils ;
elle nous ajuste aux autres dans la vérité et la paix.
"Si tu veux apprendre à prier, fais
connaissance avec la mer". La
prière avec Jésus peut vaincre toute peur , tout
découragement. Car elle nous ébranle déjà vers les accomplissements
de Dieu. Elle nous aimante vers Lui. Elle fait gonfler la voile de notre vie
vers l'Avenir de Dieu.
Ainsi,
prier Dieu, crier vers lui, jour et nuit, c'est recevoir de Lui énergie,
lumière pour hâter, avec tous, au-delà des tempêtes humaines, la venue d'un
monde transfiguré.
Prier,
c'est languir de Dieu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire