Nativité
de Jean-Baptiste - 2018
Vous connaissez l'histoire de la naissance
de Jean-Baptiste. Dieu promet à Zacharie son père, comme autrefois à
Abraham, le plus merveilleux cadeau, celui d'un enfant.
Mais le vieillard reste sceptique :
il s'oppose à cette annonce : Il est trop vieux ; il n'a plus de force… !
Aussi, réclame-t-il un signe. Et il n'obtient que le signe de son doute : il
est réduit au silence; il ne peut plus parler puisqu'il n'a pas cru !
Oui, le manque de foi nous rend
sourd à la Parole de Dieu. Comment véritablement parler, c'est-à-dire
transmettre la Parole de Dieu, si l'on a rien entendu ?
Les lèvres de l'incrédule sont
paralysées. En coupant la communication avec Dieu, le malheureux, en lui-même,
a réduit Dieu au silence ; et il se condamne à être muet ! La source divine de
toute communication est tarie !
Cependant, pour Zacharie, comme pour
chacun d'entre nous, Dieu agit. "Mon
Père est à l'œuvre et moi aussi je suis à l'œuvre" (Jn 5.17), disait Jésus. On oublie facilement cette
affirmation de Jésus !
Dieu agit toujours malgré nos
obstacles et nos freins. Alors, voici, finalement, qu'un père
radieux tient dans ses mains le "Don de Dieu" - c'est la
signification du nom de Jean -. Il reconnaît enfin le "Don de Dieu".
Alors, l'Esprit-Saint ouvre ses lèvres. Et le vieillard comblé se met à
chanter, à rendre grâce : "Béni soit
le Seigneur, le Dieu d'Israël !"
Voici donc que Dieu et l'homme sont
réconciliés
; ils peuvent, à nouveau, communiquer grâce à un enfant, à un "Don de
Dieu" qui, lui-même, annonce une autre naissance, un autre "Don de
Dieu" : Jésus.
Ce sera alors l'armistice et
l'amnistie, c'est-à-dire la fin de toute guerre avec Dieu et la rémission
des péchés. Jésus sera la Réconciliation de tous les hommes avec Dieu.
Voilà ce qu'annonce déjà Jean-Baptiste.
Et cette réconciliation sera vécue
d'abord dans une véritable communion
entre le père et son enfant.
Car Zacharie revit la même aventure
qu'Abraham, l'aventure d'une véritable paternité. Ils ont connu tous les deux
la plus grande épreuve, celle de la stérilité, de la solitude. Cependant, l'un
et l'autre, comme tout homme, ont été visités par la grâce de Dieu : Je te
donnerai un enfant : Isaac, "l'enfant du rire", Jean-Baptiste
"le Don de Dieu"
Voici donc l'homme réconcilié avec
lui-même, avec Dieu grâce à la fécondité, à l'extraordinaire miracle de la
paternité (qu'elle soit charnelle ou spirituelle). Abraham et Zacharie
tiennent leur petit garçon dans leurs bras et s'écrient : "Je suis père. Gloire à Dieu ! De par Dieu, je suis père. Et je
rends grâce à Dieu en marquant du signe de l'Alliance cet enfant, en le
marquant du signe de la communication avec Dieu, du signe de la circoncision,
du baptême !".
Si l'on vit dans la foi, dans la
communion avec Dieu, toute transmission de vie (charnelle ou spirituelle) est le
reflet de l'unique paternité de Dieu. Et toute communication avec son
enfant (charnel ou spirituel) ne peut être véritablement vécue que dans la
communion avec Dieu-Père !
Et cette source divine de la
paternité sera manifestée au grand jour, lors d'une autre naissance qu'annonce
celle de Jean-Baptiste. Marie présentera au monde son enfant, le "Don
de Dieu" par excellence, cet enfant qu'elle a conçu de Dieu qui est
Esprit. Les bergers, les premiers, ont entendu l'immense cri de joie qui
descendait du cœur de Dieu vers notre terre : "Mon Fils, aujourd'hui, je t'ai engendré !", comme dit un
psaume. Dieu est Père ! Et c'est en lui que toute relation filiale est
magnifiée !
Mais cette communication du Père
avec son enfant, vécue dans la communion avec Dieu-Père, ne peut se réalisée
sans la communion ou la réconciliation du mari avec son épouse. Pensons
à Elisabeth, la mère de Jean-Baptiste. Certes, elle se consacre à son époux ;
mais elle est aussi toute obéissance à Dieu. Aussi a-t-elle cru dès le premier
instant. Et, en son enfant, elle voit s'accomplir la Parole qui lui a été dite
de la part du Seigneur !
Mais que la transmission de la "Parole
divine" est difficile, et tout particulièrement auprès de son mari devenu
muet à cause de son doute. Beaucoup de ménages n'arrivent plus à communiquer,
car chacun s'enferme plus ou moins dans la sphère close de son égoïsme. Ne
communiquant plus ensemble avec Dieu, ils n'arrivent plus à communiquer entre eux.
Mais voilà que le "Don de Dieu" - un enfant - arrive ! Reconnu comme
tel, il va alors réconcilier le mari et l'épouse en leur offrant de devenir
père et mère, ensemble
Quel nom donner à ce "Don de
Dieu", à ce nouveau-né ? Malgré les traditions et les coutumes, tous les
deux s'accordent pour s'écrier : "Jean
est son nom !" - "Don de Dieu" est son nom !".
Tel est le modèle de toute union
conjugale : deux volontés qui s'épousent, deux cœurs qui se rejoignent, deux
personnes qui s'harmonisent totalement avec la Parole de Dieu. Les époux vont
enfin pouvoir louer ensemble le Tout-Puissant, et reprendre le dialogue
interrompu. C'est toujours autour d'un "Don de Dieu" que les époux
se réconcilient, peuvent véritablement communiquer !
Et si on continuait la vie de
Jean-Baptiste, on le verrait poursuivre sa mission de réconciliation, de
communication des hommes avec Dieu et, de ce fait, des hommes entre eux !
C'est d'abord la famille et les
voisins qui sont stupéfaits et qui commencent à annoncer la "Bonne
Nouvelle" dans la montagne de Judée. On racontait ces merveilles, on
s'interrogeait sur l'avenir de cet enfant. La langue, ici, retrouve sa fonction
: ce ne sont ni commérages, ni médisances, ni calomnies, mais proclamation de
"Dieu avec nous". Oui, la communion avec Dieu engendre la
communion entre les hommes !
Et si avec les scribes et les
pharisiens principalement, Jean-Baptiste échouera, les foules, les soldats, les
publicains, les prostituées, les petites gens accepteront de se convertir et la
réconciliation s'accomplira de plus en plus.
Certes, il y aura l'échec avec
Hérode; et Jean sera décapité. Mais sa passion en cachera une autre, sa mort
annoncera le martyre suprême de Jésus. Et, en un juste retour, la résurrection
de Jésus et son entrée dans la gloire annonceront celle de Jean. Désormais tous
les hommes sont réconciliés avec Dieu. Et, en cette réconciliation, tous les
hommes peuvent véritablement communiquer entre eux.
Voilà ce qu'annonçait Jean-Baptiste
depuis sa naissance jusqu'à son martyre.
Puissions-nous continuer son œuvre de
réconciliation, de communion, de communication. Puissions-nous la continuer en
paroles et en actes, à son exemple ! C'est ainsi que, nous aussi, nous
annoncerons et proclamerons Jésus-Christ !
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