lundi 6 avril 2020

"Fils de l'homme" et "Serviteur souffrant"


Semaine Sainte  -  Lundi

Vous avez reconnu dans la 1ère lecture, les accents du prophète Isaïe que Jésus commente dans la synagogue de Nazareth, en la scène inaugurale de son ministère public, selon St Luc. Ce sont les fameux textes du "Serviteur "dont parle Isaïe.

La liturgie, au début de cette Semaine Sainte, nous fait rejoindre les textes à partir desquels Jésus,
qui, avec son intelligence, n’a pas triché avec la nature humaine,
qui a assumé sa personnalité divine,
qui a pris conscience du caractère tragique que présenterait tôt ou tard, quand l’heure serait venue, sa mission messianique.

Il est clair, quand on lit le Nouveau Testament, que Jésus avait conscience d’être à la fois
le "Fils de l’homme," prédit par Daniel,
qui vient sur les nuées du ciel en recevant des mains de l’Ancien des jours, l’empire qui n’aura pas de fin,
qui apparaîtra un jour sur les ruines de tous les empires qui se sont écroulés au cours des siècles de l’histoire.
Dn 7,13-14 : "Je contemplais, dans les visions de la nuit Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d'homme. Il s'avança jusqu'à l'Ancien et fut conduit en sa présence. A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit.

Jésus avait conscience d’être ce "Fils de l’homme" dont parlait Daniel. Il avait même une prédilection pour cette appellation qui lui permettait de prendre ses distances par rapport aux attentes messianiques nationalistes, très courantes à son époque, ;
c'est même certainement, pour exprimer ces distances qu’il a choisi un ânon pour faire son entrée triomphale à Jérusalem.

Mais, si Jésus avait conscience d’être ce "Fils de l’homme" prédit par Daniel, il avait conscience d’être aussi, en même temps et tout à la fois, le "Serviteur" dont nous parle le prophète Isaïe aujourd’hui.

Le "Fils de l'homme'" et le "Serviteur" sont deux appellations qui, dans les derniers siècles de l’Ancien Testament désignent indissociablement la collectivité du peuple élu, et l’individu mystérieux qui assumera cette destinée du peuple élu.
Les professeurs ont discuté, à perte de vue, sur la question de savoir s’il s’agit d’une personne individuelle ou d’une collectivité nationale. Beaucoup se rallient désormais à un exégète anglais célèbre qui a inventé l’expression de "corporeta personnality", de "personnalité incorporante" ; de personnalité bien caractérisée individuellement, mais représentant en elle-même la collectivité du peuple élu en ce qu’il a de plus spécifique.

En ces jours de la Semaine Sainte, sachons affirmer que Jésus est bien tout à la fois
ce "Fils de l'homme", qui, selon Daniel, a toutes les caractéristiques  de la divinité,
et le "Serviteur" souffrant d'Isaïe qui, par ses douleurs, sa mort et par sa résurrection relèvera tous les hommes de leurs maux, de leurs péchés, pensée qu'aimera affirmer et développer St Paul.

Et ce même Jésus -  "Fils de l'homme", et  "Serviteur" – ne cesse pas désormais de vouloir nous adjoindre à sa gloire divine de ressuscité, de nous adjoindre à lui, devenant tous ensemble - "par Lui, avec Lui et en Lui" - le "Peuple de Dieu" qu'il veut éternellement s'incorporer pour le présenter à  Dieu, son Père, en nous donnant la force de leur Esprit commun ! (ce que nous célèbrerons au jour de la Pentecôte) !

En ces jours de la Semaine Sainte, prions avec foi et espérance, prions avec ce grand amour divin  que manifestait en toutes circonstance, Jésus, tout à la fois "Fils de l'homme" et "Serviteur souffrant" ! !

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