lundi 5 août 2019

Argent - Richesse !


18e Dimanche T.O. 19/C


Parler de la richesse n'est jamais facile ; les textes de ce dimanche cependant nous y invitent.

Les problèmes économiques sont partout : et les informations ne manquent pas
- sur le monde avec son cortège de misères et d'opulences ;
- sur notre pays lancé dans l'aventure de l'Europe avec le problème d’immigrations importantes ;
- sur nos villes et villages traversant difficultés diverses.
Et nous surveillons le mieux possible les affaires qui sont nôtres ! Evidemment !

Or, aujourd’hui, si la Parole de Dieu nous dérange quelque peu quand nous reconnaissons que la facilité, le plaisir, la consommation des loisirs... nous sollicitent exagérément,
- il est cependant légitime de nous demander de quoi nous allons vivre aujourd'hui et demain,
- il est louable de prévoir l'avenir de ceux et celles que nous aimons.
Et ces interrogations légitimes nous renvoient facilement à des situations dramatiques de personnes connues qui ne peuvent assurer facilement une vie décente : que ce soit pour un jeune au sortir des études ou lorsque le chômage frappe ici ou là !

Aussi, n’ayons pas crainte de le dire : une certaine richesse est un bien, pour notre dignité  d'hommes et de femmes.
Il faut souhaiter que chaque homme soit suffisamment riche pour vivre dignement.
Et, beaucoup de par le monde, s'emploient à lutter contre la pauvreté matérielle ; de nombreuses associations tentent de faire disparaître des inégalités criantes, sans pouvoir évacuer totalement les drames de la misère.

Cependant, il est intéressant de percevoir les réflexions de Notre Seigneur à travers l’évangile d’aujourd’hui. Jésus ne veut pas entrer simplement dans une polémique d'héritage.

Dans la parabole de l’évangile, il n'y a pas qu’une affaire d’héritage ; il y a une richesse à gérer ! Or si cette richesse n’est pas mauvaise l’important, c’est de savoir ce que l'homme devient avec sa richesse, ce qu'il en fait.

Le riche de la parabole dialogue avec lui même, il pense uniquement à lui, il est seul au monde, il prépare sa sécurité, comme si demain était en son pouvoir. Et là, Jésus dit : "tu es fou". Cette folie rejoint ce que disait l'Ecclésiaste : L'homme ne trouve pas son repos, disons son bonheur, dans la richesse.

Le Christ dénonce cette folie qui peut gagner chacun, à quelque niveau qu’il se trouve, lorsque l’âpreté au gain envahit tout son horizon, risque de faire de sa richesse un “dieu”, c'est-à-dire l’unique centre d’organisation de sa vie, le but de son existence.

Et puis, avec Notre Seigneur, regardons plus profondément : Jésus est venu nous apprendre ce que c'était que devenir fils de Dieu. Par sa vie au milieu de nous, "il nous a montré le Père"“Notre Père” - ; il nous a révélé que nous étions frères, frères devant notre Dieu-Père, tous riches d'un appel paternel.
Il a donné sa vie pour cela. Dès lors, la vie de l'homme a trouvé un sens supérieur et plus noble. Là où l'Ecclésiaste dit “vanité”, Jésus dit “fraternité”, lui qui veut nous nous donner part au même héritage.

Alors nous ne pouvons plus regarder les autres comme s'ils n'existaient pas : ils deviennent nos frères promis au même appel, au même héritage. Le chrétien se doit d'avoir les yeux ouverts - ceux du corps et du cœur - ; il voit celui qui est dans le besoin, comme le Samaritain voit l'homme blessé.
s'enracine l'appel au partage d’un même héritage, dès ici-bas et éternellement : "Vous avez reçu gratuitement donnez gratuitement (Mt (10/8) . C'est bien le moyen "d'amasser des trésors dans le ciel" ( 6/19).

Depuis le Christ, aucun croyant ne vit plus pour lui tout seul ; il donne ce qu'il a décidé en son cœur ; et ce n'est pas la quantité qui importe : l'obole de la veuve est d’un prix infini. Le peuple que nous sommes appelés à former est un peuple de frères, un peuple du partage, quelque richesse que nous ayons, matérielle, intellectuelle, spirituelle.

Faire disparaître la pauvreté de notre monde, travailler à une meilleure répartition des richesses, quelles qu’elles soient, c'est un des points majeurs de l'enseignement social de l'Eglise aujourd’hui. Il ne s’agit pas de se faire pauvre, d’une radicale pauvreté – vocation particulière -, il s’agit de ne pas se considérer tout seul comme le riche de la parabole et de favoriser, autant que nous le pouvons, là où nous vivons, ceux qui sont dans un quelconque besoin plus grand que nous.
Et pour ceux qui participent aux décisions politiques, économiques, l’Eglise rappelle souvent que le bien commun a pour base la solidarité familiale, nationale, internationale.

“Recherchez donc les réalités d’en haut, disait St Paul ; c’est là qu’est le Christ. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre !”
Puissions nous ré-écrire cette belle page de St Paul
en nous souvenant de ce que nous sommes devenus en Jésus Christ,
en fixant notre regard sur lui, lui qui s'est fait pauvre afin de nous enrichir.
Puissions-nous transmettre à notre tour cette richesse sans l’ombre de quelque pouvoir qui nous sollicite à accaparer. Il s’agira toujours d’accueillir en frères ceux qui nous entourent et leur dire qu'entre baptisés, la justice peut s'appeler charité !

Aucun commentaire: