dimanche 2 juin 2019

Croyants Pratiquants ?


7e Dimanche de Pâques 19/C

“Oh ! vous savez, nous, nous sommes croyants mais pas pratiquants !”

Souvent, nous entendons cette réflexion... Et pour cause !
Car parler, finalement, de “croyants non-pratiquants”, c'est parler de Dieu, certes ! Mais c'est aussi parler d’une épouse, d’un mari, d’un frère, d’une sœur, c'est parler des enfants ou de bien des amis. D'aucuns d'eux, nous mettons en doute leur existence. J'y crois, surtout à certains moments heureux ou malheureux de leur existence.
Mais sommes-nous pratiquants pour autant ? Je veux dire : Avons-nous une légitime et véritable relation avec eux ?

Bien sûr, "comparaison n'est pas raison ". Cependant…,  les prêtres entendent tellement cette affirmation : “Nous sommes croyants mais pas pratiquants !”
- au moment où des jeunes préparent leur mariage, avec beaucoup de sérieux, d'ailleurs…, comme des croyants, mais non-pratiquants, de
- à l’occasion d’une sépulture ; on entre dans l'église par honneur du défunt, mais comme des croyants, non-pratiquants,
- au moment où des parents inscrivent leur enfant au catéchisme, comme croyants, affirment-ils, mais non pratiquants.

Tous sont croyants, mais non-pratiquants.  Mais que veut dire cette phrase en réalité ?

On la dit parfois avec le sentiment d’une négligence : “nous sommes si mal organisés ; et puis, il y a tellement de choses à faire ! On n'a guère le temps ! ”.
Beaucoup plus souvent, on la dit, cette phrase, avec cette certitude tranquille : on est croyant ; et c'est bien suffisant, c'est l'essentiel. Pourquoi pratiquer ? Est-ce si important que cela d'aller à la messe le dimanche ? Ne vaut-il pas mieux vivre en chrétien toute la semaine ?

C'est là que les choses s'embrouillent, me semble-t-il ! Comment y voir clair ?

Aussi, avant de faire appel à l'Evangile, il est peut-être utile de se mettre d'accord sur les mots CROYANTPRATIQUANT… Que mettons-nous sous ces mots-là ?

Il m’arrive de penser (et même, plus rarement, de le dire) : “Croyants non-pratiquants ? En êtes-vous sûrs ?
Vous êtes beaucoup plus pratiquants que vous le dites,
mais vous êtes probablement moins croyants que vous le pensez !”

+ Vous êtes plus pratiquants que vous le dites.
Sans doute, vous ne "pratiquez" pas la messe du dimanche, mais vous "pratiquez" des valeurs importantes :
° vous êtes fidèles dans votre couple, fidèles à vos amis, résolus dans vos engagements,
° vous "pratiquez" la tolérance, l’ouverture d’esprit, la justice, le partage,
° vous êtes plus "pratiquants" que vous le dites !

+ Mais vous êtes probablement moins croyants que vous le pensez :  Vous ne croyez pas assez !
° vous ne croyez pas assez que Jésus est quelqu'un de vivant aujourd'hui, présent au milieu de nous. Il vous arrive de parler de lui, mais jamais vous ne lui parlez (ou presque…, sauf dans un moment de grande difficulté, comme pour lui faire un reproche).
Justement, les chrétiens se rassemblent pour cela, pour un entretien avec le Christ !
° vous ne croyez pas assez que l’évangile lu, proclamé, commenté chaque dimanche, est Parole de Dieu. Vous ne venez pas l'écouter. Si la foi n'est pas réfléchie, comment rester croyants ?
Les chrétiens se rassemblent pour alimenter leur foi à cette Parole !
° vous ne croyez pas assez que Jésus ressuscité veut nous communiquer sa vie, son Esprit d'Amour, par l'Eucharistie notamment.
Les chrétiens savent qu'ils  puisent là à une source d'amour, régulièrement. Ils ne peuvent s'en passer. Vous pensez, vous, pouvoir vous en passer. Vous ne croyez pas assez !
° vous ne croyez pas assez que le dimanche est pour les chrétiens le jour où ils font mémoire du Christ, de sa vie, de sa mort et de sa Résurrection. Si vous ne venez jamais avec d'autres faire mémoire du Christ, vous finirez par en perdre la mémoire.

Mais ayant pensé cela, et l’ayant dit parfois, je m'aperçois que ces réflexions essentielles et parfaitement vraies ne s'adressent pas uniquement à ceux qui se disent  “croyants/non-pratiquants”.

Elles sont essentielles et vraies pour tous. Elles nous interrogent tous.

L’Evangile de St Jean nous rappelle cet essentiel, l'essentiel de la vie du chrétien…, l'essentiel qui nous conduit bien au-delà de la distinction “croyants/pratiquants”.
Jésus prie pour tous ceux qui croiront en Lui. Et il demande : “Je veux qu'ils soient UN… unis entre eux, comme Toi, Père, tu es en moi et moi en Toi”. (Remarquons ;c'est la seule fois, dans l'Évangile, où Jésus s'adresse à son père en disant : je veux !)  Et à un autre endroit : “Je veux qu'ils DEMEURENT en moi, comme je DEMEURE en eux”.

Retenons ce mot “DEMEURER”. Il est plus suggestif que le mot “pratiquer”.
° Le chrétien, c'est celui qui demeure dans le Christ et donc qui ne fait pas que passer !
° le chrétien est invité à demeurer dans la Parole du Christ…, à la faire descendre en son cœur, en sa vie…, et donc à ne pas se contenter de quelques phrases, souvent les mêmes, lues ou entendues rapidement,
° le chrétien est invité à demeurer dans la prière et les sacrements et donc à ne pas se contenter d'une “petite prière en passant” ou de “prendre la messe en passant”, et au fond de l'église, réalisant ainsi l'intitulé d'un petit ouvrage de Paul Claudel : "La messe, là-bas", pas près de moi, pas en moi…
° le chrétien est invité à demeurer dans l'envie réelle de convertir sa vie à l'Evangile et donc à ne pas se contenter de “vœu pieux”. Il faut prendre le temps de s'arrêter pour demeurer !
° le chrétien, c'est celui qui apprend à DEMEURER dans le Christ… et c'est l'affaire de toute une vie, c'est un long chemin.

Un jour, un journaliste interrogea un professeur d'Histoire. Et il lui demanda finalement : “Etes-vous croyant ?” – “Oui, je suis croyant” – “Chrétien ?” – “J’essaie de le devenir !”. Il avait bien répondu ce professeur, car on n'a jamais fini de devenir chrétien !
9

- On a jamais fini ! Que ceux qui affirment : “Je suis croyant mais pas  pratiquant…”, qu’ils essayent de devenir plus croyants..., en demeurant dans la prière, l'Eucharistie, les sacrements. C’est si important pour demeurer dans le Christ !
- Et nous qui sommes croyants et pratiquants,... essayons de devenir plus chrétiens, de demeurer davantage  dans le Christ !

Et quand nous parlons de nos frères croyants/non-pratiquants, n’en parlons surtout pas en termes de supériorité..., certes, mais ni non plus en termes d'anxiété, comme tant de parents qui se culpabilisent en pensant à leurs enfants… non-pratiquants. Le Seigneur saura les rejoindre sûrement, si nous-mêmes devenons plus croyants...

Donc, ni supériorité, ni anxiété, mais responsabilité.
Si nous célébrons l'Eucharistie le dimanche, nous avons une responsabilité. Nous avons la responsabilité de ceux qui nous sont proches. Nous devons les porter dans notre prière et confier à Dieu ceux qui ne sont pas là et qui reçoivent parfois cet appel à “demeurer” dans le Christ qui, lui, demeure en son Père, source de tout amour.

Aucun commentaire: