samedi 20 avril 2019

Joyeuses et saintes fêtes de PÂQUES

"Le Christ est ressuscité ! Ou, il est vraiment ressuscité" !                      Pâques  2019/C –


A des jeunes qui, d'emblée, m'affirmaient pour appuyer leur demande de mariage à l'église :  "Vous savez, nous sommes quand même croyants !", il m'arrivait de rétorquer un peu brutalement et avec humour : "Vous croyez vraiment que Jésus-Christ est ressuscité, est toujours vivant ?".

Naturellement, la question étonnait ;  aussi, je m'empressais d'ajouter : "Que voulez-vous, notre foi contient en son cœur cette affirmation irréductible de cet événement inouï : "Le Christ est mort et est ressuscité pour nous !".
Lors de la toute première prédication chrétienne, au matin de la Pentecôte, Pierre n'a pas repris le premier discours de Jésus, les Béatitudes; il n'a pas dit : "Bienheureux les pauvres, ceux qui souffrent" … ; il n'a pas énuméré les règles élémentaires d'une morale nouvelle ; il n'a pas imposé les conditions de l'entrée dans la Communauté des Chrétiens. Il a simplement affirmé : "Le Christ est vivant, nous l'avons vu !".
             
Et si nous ouvrons les Evangiles qui donnent des récits assez différents sur les événements du matin de Pâques, tous les quatre, cependant, aboutissent à la même affirmation : "«Le Christ est vivant, le Christ est ressuscité !"
             
Rappelez-vous ! D'abord, ce sont des femmes qui trouvent le tombeau vide; des êtres mystérieux leur affirment : "Allez annoncer que le Christ est ressuscité !". Mais les Apôtres, eux resteront d'abord incrédules : "Ce ne sont là que rêveries de femmes !"
             
Cependant, Marie-Madeleine est demeurée devant le tombeau vide. Elle ne croyait pas encore ; elle pleurait, abîmée dans sa douleur. Elle avait vu le Christ mort, elle savait bien que ce n'était pas un mort endormi paisiblement mais un corps torturé, flagellé, vidé de son sang. Alors, pour elle, c'était bien fini. Or voici que Jésus lui parle ; elle ne le reconnaît que lorsqu'il l'appelle : "Marie!".. Elle se lance vers lui. Mais ce n'est plus l'heure : "Va dire à mes frères que je les attends en Galilée",, demande Jésus.
             
Ensuite, il y a le constat officiel, si je puis dire,  réalisé par Pierre et Jean. Là, il y a la première foi en la résurrection, celle de Jean :  "l vit et il crut".  Mais il ne dit rien ! Il vit  une chose, commente St Augustin, il vit les langes de l'ensevelissement, et il crut autre chose : la résurrection du Christ.
             
Puis, c'est au tour des disciples d'Emmaüs ;  pour eux aussi tout était perdu, tout était fini  ! "Ils marchaient, mornes !" Mais voici que Jésus vient à eux, les éclaire, puis partage le pain. Alors ils le reconnaissent; mais déjà il n'est plus là. Ils courent à Jérusalem où on leur dit : "Le Christ est ressuscité, il est apparu à Simon-Pierre".
             
A ces disciples réunis, Jésus apparaît à nouveau et leur dit  :  "Donnez-moi à manger" ;  et il leur partage à nouveau son amitié.
             
Huit jours après, c'est la célèbre apparition à Thomas. Les Pères de l'Eglise disaient que l'incrédulité de St Thomas était plus précieuse pour les chrétiens que la foi quasi immédiate de St Jean, car, après tout, en chacun de nous, il y a un peu un Thomas qui dit  :  "cela n'est pas possible". Mais ce Thomas arrive à croire : "Mon Seigneur et mon Dieu !"
             
Plus tard encore, les disciples dans leur barque en train de pécher ne reconnaissent pas immédiatement Jésus. St Jean finit par dire :  "C'est le Seigneur !"

Cette lenteur à reconnaître la présence de Jésus vivant au milieu de nous, n'est-elle pas fréquente ? Elle est en moi, en vous-mêmes, comme en mes fiancés de tout à l'heure. Tant de choses surviennent dans la vie de l'Eglise et du monde …. Pourtant nous continuons à nous activer, comme les disciples dans la barque de l'Eglise, sans comprendre qu'il est là, tout près, mais aussi ailleurs, sur le rivage; et nous nous élançons vers lui ; mais comme Pierre marchant sur les eaux, il nous arrive de douter et de nous enfoncer.

Parfois, pourtant, nous nous jetons littéralement sur Jésus ; mais, il nous dit alors, comme à Marie-Madeleine : "ne me touche pas !" Faut-il comprendre que nous ne pourrons jamais toucher Jésus tant que nous ne serons pas, nous aussi, remontés vers son Père et notre Père ? - Nous voudrions prouver l'existence de Dieu. Nous voudrions pouvoir dire, nous aussi, comme le converti  A. Frossard  :  " Dieu existe, je l'ai rencontré !". A certains moments de notre existence, nous avons peut-être eu cette évidence de sa présence dans notre vie, dans notre prière. Mais à d'autres moments, comme Marie Madeleine, nous l'avons vu s'éloigner. Nous sommes entrés dans la nuit. Il ne nous est resté que le doute, l'incapacité de savoir si, dans ces moments de ferveur, nous l'avons entrevu ou si c'était une illusion.
             
La tentation de tout croyant est de refuser de vivre dans l'incertitude ; on voudrait des preuves irréfutables. On voudrait pouvoir dire : "Il est ici, il est là". Jésus pourtant nous avait mis en garde : "Si donc, on vous dit : "Le voici dans le désert, ne vous y rendez pas. Le voici dans les lieux retirés, n'allez pas le croire" (Mt 24/ 26). Nous voudrions tenir en nos mains une preuve tangible, nous voudrions des certitudes absolues. Mais rien de cela ne nous est donné à Pâques. Comme les disciples d'Emmaüs qui, l'ayant entrevu furtivement, sont repartis dans la nuit noire, nous poursuivons notre cheminement sans savoir avec certitude où le rencontrer.
             
Cependant Jésus nous a donné une indication pour le rencontrer : "Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez comme il vous l'a dit". La Galilée, au temps de Jésus, était le symbole des nations païennes que les Juifs méprisaient. C'est en Galilée que Jésus avait passé la plus grande partie de sa vie publique, apostolique. Autrement dit, la foi, cette rencontre personnelle avec Jésus, ne peut se faire que là où il n'est pas encore, afin de susciter de plus en plus sa présence. La foi, ce n'est pas affirmer : "je crois que Jésus est ressuscité", comme on dit : "je crois que deux et deux font quatre", et rester béatement dans cette certitude. Croire, c'est savoir qu'avec le Christ la vie est bouleversée pour trouver, retrouver un sens, un sens divin. Et cela n'est pas facile ni pour moi, ni pour vous. La foi est une victoire qui triomphe du monde, du péché qui existe à l'intérieur de nous-mêmes et autour de nous. Voilà notre Galilée où nous avons chance de rencontrer le Christ puisque lui-même est sorti victorieux de ce monde-là. La Galilée, c'est notre vie de tous les jours, avec sa parenté, ses collègues de travail ou de loisir. Allez en votre Galilée avec le désir ardent de rencontrer le Christ toujours vivant. Et vous le trouverez !
             
Aussi, aux fiancés de tout-à-l' heure, je pouvais dire : orientez votre amour mutuel vers Dieu ; purifiez-le de tout égoïsme ; qu'il soit un don de vous-mêmes sans cesse renouvelé ; et je suis sûr que vous pourrez dire avec force, vous aussi : "Le Christ est ressuscité; il nous est apparu en Galilée", en notre vie".

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