Ma prière reconnaissante
monte avec force aujourd'hui vers le ciel pour toutes celles et tous ceux qui, hier, ont lancé leurs prières vers le
Seigneur afin que je retrouve santé convenable... !
Face à ces nombreux
témoignages de sympathie (au sens
propre du mot : "souffrir avec"), je fus souvent fort ému ; et je le reste
encore !
D'autant - je le sais
parfaitement - que ces manifestations visibles
- qui me parvenaient si réconfortantes - en cachaient bien d'autres, invisibles : élans d'union, de communion
avec moi s'élevant vers Dieu-Père, par son Fils, avec le souffle de leur Esprit
commun...
Car sans cet Esprit,
comme dit St Paul, nous ne savons pas prier comme il faut. C'est Lui qui vient
en nos cœurs pour que nous puissions nous adresser à Dieu en lui disant avec
confiance : "Père" !
Grand merci
de vos prières
solitaires ou collectives,
de vos prières
spontanées ou liturgiques,
de vos prières
silencieuses..., de vos prières mariales...,
de toutes vos prières
!
A Lourdes où j'ai
passé quelques jours avant mon opération chirurgicale, la Vierge Marie m'a
fortement présenté toutes ces prières formulées à mon intention. Et, Elle, la
Mère par excellence, les a aimablement et délicatement comme déposées sur mes
propres lèvres pour que je puisse les adresser moi-même, avec son aide, à Dieu,
"notre Père" !
Et alors, cette
prière, mienne et comme dépositaire de tant de prières à mon égard, que
pouvait-elle solliciter ?
Marie me l'a vite
fait comprendre lorsque je me suis dirigé vers l'eau des piscines qui rappelle
- selon le message de Notre-Dame et de Bernadette - l'eau de notre propre
baptême qui toujours écoule en nous la VIE même de Dieu. Et n'est-ce pas
cela l'important en toutes circonstances ? ... Et dans la mort et dans la vie à
ce monde !
St Paul le disait
merveilleusement aux gens d'Ephèse venus le rencontrer sur son chemin vers
Jérusalem. Je voudrais bien m'en aller, disait-il, pour être avec le Christ,
avec le Christ en gloire... Et cela me serait un gain... ! Mais si puis être
encore quelque peu utile ici-bas, que sa volonté soit faite... ! Et, face à
cette seule alternative, il demandait la miséricorde de Dieu !
Job, le
"souffrant" par excellence qui annonçait le Christ en son mystère
pascal, avait bien compris cette alternative : Dieu a donné, disait-il ; que
son Nom soit béni ! Dieu a retiré ; que son Nom soit béni !
Certains iront alors
répétant : En ce cas, inutile de demander quoi que ce soit à Dieu ! Oh !
Que si ! Car toute prière est un élan vers le ciel auquel répond
toujours un souffle de VIE divine qui nous ajuste à Dieu "Père",
Lui qui, providentiellement, nous conduit à travers les méandres de notre
pèlerinage terrestre.
Certes, on le
discerne souvent très mal, car les pensées de Dieu ne sont pas toujours nos
pensées, proclamait déjà le prophète Isaïe. Et St Paul lui-même souffrait
fortement de constater qu'à propos de ses compatriotes, ses frères Juifs,
les chemins de Dieu étaient impénétrables !
Oui, certes, face à
des difficultés qui semblent parfois insurmontables, face à des abîmes de
souffrances (comme on en voit à Lourdes),
nous posons à Dieu, nous aussi,
cette terrible question que le Christ lui-même adressa à son "Père" :
"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as-tu abandonné ?". Et nous savons que c'est dans cette prière douloureuse
qu'il a profondément formulé la volonté de Dieu-"Père" et puisé la
force de l'accomplir !
Oui, redisons-le :
toute prière, même celle marquée d'une certaine incompréhension, voire d'une
révolte, nous ajuste à Dieu et nous fait proches de nos frères qui traversent,
comme nous, heurs et malheurs. Elle nous aide, la prière, à voir Dieu comme il
nous voit et à voir tous nos frères en Dieu !
En tous les cas, la
prière (la vôtre comme la mienne) nous éloigne de ce que Pascal appelait le
"divertissement", cette tendance que nous avons à nous préoccuper de
ceci et de cela, et de bien des choses, et... de tout, sauf de l'essentiel. "Trop préoccupés, s'exclamait St
Jean Chrysostome, vous êtes trop
préoccupés pour vous occuper de votre vie !" (de la VIE que Dieu donne !). Ainsi, toute prière nous ramène à la seule
préoccupation qui vaille : l'amour de Dieu et l'amour de nos frères. Car "Dieu est Amour !", aimait
répéter St Jean.
En ce sens, Charles
de Foucault avait raison d'affirmer : "Jamais,
Dieu ne manque à l'homme ; c'est l'homme qui manque si souvent à Dieu !".
"Et quand nous disons qu'on doit
prier, cela veut nullement dire qu'il faut demander telle ou telle chose (même si, évidemment, ce n'est pas défendu !). Cela
veut dire qu'il faut plus que jamais élever son âme à Dieu, s'unir à
Lui, le regarder, lui parler...!".
Ainsi donc : Merci
de vos prières ! J'en reste ému !
Et veuillez recevoir
la mienne !
C'est dans la prière
- de louange ou de demande, gratuite ou implorante peu importe - que nous nous
retrouvons en communion en Dieu qui nous aime comme un "Père" -
"Notre Père" ! Et c'est là notre seul salut !
La prière - pour un
souffrant comme pour un bien-portant - est toujours un enrichissement de vie.
Et je ne peux m'empêcher, pour terminer, de citer Georges Bernanos qui exprime
cette richesse de la prière en son style inimitable :
"Nous nous faisons généralement de
la prière une si absurde idée ! Comment ceux qui ne la connaissent guère - peu
ou pas - osent-ils en parler avec tant de légèreté ?
Un trappiste, un
chartreux travaillera des années pour devenir un homme de prière, et le premier
étourdi vous prétendra juger de l'effort de toute une vie !
Si la prière était
réellement ce qu'ils pensent, une sorte de bavardage, le dialogue d'un maniaque
avec son ombre, ou, moins encore, une vaine et superstitieuse requête en vue d'obtenir
les biens de ce monde, serait-il croyable que des milliers d'êtres y
trouvassent jusqu'à leur dernier jour, je ne dis pas même tant de douceurs -
ils se méfient des consolations sensibles - mais une dure, forte et plénière
joie.
Oh ! Sans doute, les
savants parlent de suggestion. C'est qu'ils n'ont sûrement jamais vu de ces
vieux moines, si réfléchis, si sages, au jugement inflexible, et pourtant tout
rayonnants d'entendement et de compassion, d'une humeur si tendre. Par quel
miracle ces demi-fous, prisonniers d'un rêve, ces dormeurs éveillés
semblent-ils entrer plus avant chaque jour dans l'intelligence des misères
d'autrui ? Etrange rêve, singulier opium qui, loin de replier l'individu sur
lui-même, de l'isoler de ses semblables, le fait solidaire de tous, dans
l'esprit de l'universelle charité.
Hélas ! On croira sur
place les psychiatres, et l'unanime témoignage des saints sera tenu pour peu ou
pour rien. Ils auront beau soutenir que cette sorte d'approfondissement
intérieur ne ressemble à aucun autre, qu'au lieu de nous découvrir à mesure
notre propre complexité, il aboutit à une soudaine et totale illumination,
qu'il débouche dans l'azur, on se contentera de hausser les épaules.
Et pourtant quel
homme de prière a-t-il jamais avoué que la prière l'avait déçu ?".
Je vous garde tous dans ma prière ! fr.M.G.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire