mardi 1 septembre 2015

Prière !

Ma prière reconnaissante
                                                 monte avec force aujourd'hui vers le ciel pour toutes celles et tous ceux qui, hier, ont lancé leurs prières vers le Seigneur afin que je retrouve santé convenable... !

Face à ces nombreux témoignages de sympathie (au sens propre du mot : "souffrir avec"), je fus souvent fort ému ; et je le reste encore !
D'autant - je le sais parfaitement - que ces manifestations visibles - qui me parvenaient si réconfortantes - en cachaient bien d'autres, invisibles : élans d'union, de communion avec moi s'élevant vers Dieu-Père, par son Fils, avec le souffle de leur Esprit commun...
Car sans cet Esprit, comme dit St Paul, nous ne savons pas prier comme il faut. C'est Lui qui vient en nos cœurs pour que nous puissions nous adresser à Dieu en lui disant avec confiance : "Père" !

Grand merci
de vos prières solitaires ou collectives,
de vos prières spontanées ou liturgiques,
de vos prières silencieuses..., de vos prières mariales...,
de toutes vos prières !

A Lourdes où j'ai passé quelques jours avant mon opération chirurgicale, la Vierge Marie m'a fortement présenté toutes ces prières formulées à mon intention. Et, Elle, la Mère par excellence, les a aimablement et délicatement comme déposées sur mes propres lèvres pour que je puisse les adresser moi-même, avec son aide, à Dieu, "notre Père" !

Et alors, cette prière, mienne et comme dépositaire de tant de prières à mon égard, que pouvait-elle solliciter ?
Marie me l'a vite fait comprendre lorsque je me suis dirigé vers l'eau des piscines qui rappelle - selon le message de Notre-Dame et de Bernadette - l'eau de notre propre baptême qui toujours écoule en nous la VIE même de Dieu. Et n'est-ce pas cela l'important en toutes circonstances ? ... Et dans la mort et dans la vie à ce monde !

St Paul le disait merveilleusement aux gens d'Ephèse venus le rencontrer sur son chemin vers Jérusalem. Je voudrais bien m'en aller, disait-il, pour être avec le Christ, avec le Christ en gloire... Et cela me serait un gain... ! Mais si puis être encore quelque peu utile ici-bas, que sa volonté soit faite... ! Et, face à cette seule alternative, il demandait la miséricorde de Dieu !

Job, le "souffrant" par excellence qui annonçait le Christ en son mystère pascal, avait bien compris cette alternative : Dieu a donné, disait-il ; que son Nom soit béni ! Dieu a retiré ; que son Nom soit béni !

Certains iront alors répétant : En ce cas, inutile de demander quoi que ce soit à Dieu ! Oh ! Que si ! Car toute prière est un élan vers le ciel auquel répond toujours un souffle de VIE divine qui nous ajuste à Dieu "Père", Lui qui, providentiellement, nous conduit à travers les méandres de notre pèlerinage terrestre.
Certes, on le discerne souvent très mal, car les pensées de Dieu ne sont pas toujours nos pensées, proclamait déjà le prophète Isaïe. Et St Paul lui-même souffrait fortement de constater qu'à propos de ses compatriotes, ses frères Juifs, les chemins de Dieu étaient impénétrables !

Oui, certes, face à des difficultés qui semblent parfois insurmontables, face à des abîmes de souffrances (comme on en voit à Lourdes), nous posons à Dieu, nous aussi, cette terrible question que le Christ lui-même adressa à son "Père" : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?". Et nous savons que c'est dans cette prière douloureuse qu'il a profondément formulé la volonté de Dieu-"Père" et puisé la force de l'accomplir !

Oui, redisons-le : toute prière, même celle marquée d'une certaine incompréhension, voire d'une révolte, nous ajuste à Dieu et nous fait proches de nos frères qui traversent, comme nous, heurs et malheurs. Elle nous aide, la prière, à voir Dieu comme il nous voit et à voir tous nos frères en Dieu !

En tous les cas, la prière (la vôtre comme la mienne) nous éloigne de ce que Pascal appelait le "divertissement", cette tendance que nous avons à nous préoccuper de ceci et de cela, et de bien des choses, et... de tout, sauf de l'essentiel. "Trop préoccupés, s'exclamait St Jean Chrysostome, vous êtes trop préoccupés pour vous occuper de votre vie !" (de la VIE que Dieu donne !). Ainsi, toute prière nous ramène à la seule préoccupation qui vaille : l'amour de Dieu et l'amour de nos frères. Car "Dieu est Amour !", aimait répéter St Jean.
En ce sens, Charles de Foucault avait raison d'affirmer : "Jamais, Dieu ne manque à l'homme ; c'est l'homme qui manque si souvent à Dieu !". "Et quand nous disons qu'on doit prier, cela veut nullement dire qu'il faut demander telle ou telle chose (même si, évidemment, ce n'est pas défendu !). Cela veut dire qu'il faut plus que jamais élever son âme à Dieu, s'unir à Lui, le regarder, lui parler...!".

Ainsi donc : Merci de vos prières ! J'en reste ému !
Et veuillez recevoir la mienne !
C'est dans la prière - de louange ou de demande, gratuite ou implorante peu importe - que nous nous retrouvons en communion en Dieu qui nous aime comme un "Père" - "Notre Père" ! Et c'est là notre seul salut !

La prière - pour un souffrant comme pour un bien-portant - est toujours un enrichissement de vie. Et je ne peux m'empêcher, pour terminer, de citer Georges Bernanos qui exprime cette richesse de la prière en son style inimitable :
"Nous nous faisons généralement de la prière une si absurde idée ! Comment ceux qui ne la connaissent guère - peu ou pas - osent-ils en parler avec tant de légèreté ?
Un trappiste, un chartreux travaillera des années pour devenir un homme de prière, et le premier étourdi vous prétendra juger de l'effort de toute une vie !
Si la prière était réellement ce qu'ils pensent, une sorte de bavardage, le dialogue d'un maniaque avec son ombre, ou, moins encore, une vaine et superstitieuse requête en vue d'obtenir les biens de ce monde, serait-il croyable que des milliers d'êtres y trouvassent jusqu'à leur dernier jour, je ne dis pas même tant de douceurs - ils se méfient des consolations sensibles - mais une dure, forte et plénière joie.
Oh ! Sans doute, les savants parlent de suggestion. C'est qu'ils n'ont sûrement jamais vu de ces vieux moines, si réfléchis, si sages, au jugement inflexible, et pourtant tout rayonnants d'entendement et de compassion, d'une humeur si tendre. Par quel miracle ces demi-fous, prisonniers d'un rêve, ces dormeurs éveillés semblent-ils entrer plus avant chaque jour dans l'intelligence des misères d'autrui ? Etrange rêve, singulier opium qui, loin de replier l'individu sur lui-même, de l'isoler de ses semblables, le fait solidaire de tous, dans l'esprit de l'universelle charité.
Hélas ! On croira sur place les psychiatres, et l'unanime témoignage des saints sera tenu pour peu ou pour rien. Ils auront beau soutenir que cette sorte d'approfondissement intérieur ne ressemble à aucun autre, qu'au lieu de nous découvrir à mesure notre propre complexité, il aboutit à une soudaine et totale illumination, qu'il débouche dans l'azur, on se contentera de hausser les épaules.
Et pourtant quel homme de prière a-t-il jamais avoué que la prière l'avait déçu ?".

Je vous garde tous dans ma prière !  fr.M.G.

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