3ème Avent. 19/A
Veiller comme celui qui n veut pas manquer le passage du Seigneur C"était l"encouragement du 1er dimanche de l'Avent !
Ptéârer le chemin du Seigneur en nos coeurs et dans la vie du monde? C'était le souhait de dimanche dernier !
Espérer, c'est la
troisième étape vers Noël. Mais, en réalité, les textes d’aujourd’hui parlent
plutôt des raisons d’une apparente désespérance.
Ainsi, il y a désespérance de Jean-Baptiste.
Il est en prison.
Hérode l'a fait enfermer dans la forteresse de Machéronte, sur les hauteurs de
la mer Morte. Comment pourrait-il ne pas s'interroger, ne pas douter ?
Humainement, il n'a plus rien à espérer ; d’ailleurs, la suite le
prouvera. Pourtant, il a été fidèle à sa mission de prophète, dénonçant
courageusement la conduite d'Hérode.
Alors, où est Dieu,
que fait-il ? Ne pouvait-il pas épargner un tel châtiment injuste à son fidèle
serviteur ? Et puis, Jésus, est-il vraiment l'envoyé de Dieu ? “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous
en attendre un autre ?”. Question qui manifeste un découragement !
Cette question de
Jean-Baptiste, n’est-ce pas, parfois, la nôtre ? Quand le malheur nous
accable, il nous arrive de dire nous aussi : “Où est Dieu, que fait-il ?.” Face
au malheur du monde, combien disent : “Où
est-il ton Dieu ?” Les chrétiens entendent cette question chaque jour. Le
Dieu qu'ils prient semble absent de la vie familiale, sociale, de la vie du
monde ; et, s'il est nommé dans la culture, c'est comme le souvenir d'un
passé révolu.
Vous-mêmes,
moi-même, la question nous taraude.
Après
plus de deux mille ans de christianisme…,
avec
des millions de commentaires évangéliques, des milliers de livres sur
Jésus-Christ…,
aujourd'hui
encore, il y a des milliers d'hommes, de femmes qui se disent chrétiens et qui
continuent de s'égorger courageusement…,
Aussi,
n'a-t-on pas raison de désespérer ? A la suite des deux disciples d'Emmaüs, ne
pourrait-on pas dire : “Nous espérions que c'était le Christ qui délivrerait
notre monde. Mais voilà plus de deux mille ans que ces choses sont arrivées”.
Et qu'en est-il ?
La question est on
ne peut plus claire. Elle exige donc une réponse claire. En ce 3ème
dimanche de l'Avent, écoutons l'inlassable répétition d'Isaïe : “Prenez courage, ne craignez pas, voici
votre Dieu. Il vient lui-même ; il vient vous sauver. Le boiteux bondira comme
un cerf et la bouche du muet criera de joie”.
Écoutons aussi
l'inlassable répétition de Jésus : “Le
Royaume de Dieu est proche, il est au milieu de vous”. - “Allez rapporter à
Jean ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux, marchent, les
lépreux sont purifiés, la Bonne Nouvelle est pour les pauvres”.
Aujourd’hui ayons
cette conviction pour nous répéter les uns aux autres, inlassablement : “Le Royaume de Dieu est là, ne le voyez-vous
pas ?”
Mais comment cette
conviction qui entraîne une annonce peut paraître véritablement fondée ?
C'est l'apôtre
Jacques, dans sa lettre, qui a trouvé les mots justes : “Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez
le cultivateur, il attend les produits précieux de la terre avec
patience”.
Ces mots me font
penser à une légende qui pourrait être un conte de l'Avent, une légende nous
engageant sur le chemin d'une réponse fragile, mais vraie.
Un jeune homme,
dans son rêve, entre dans un magasin. Derrière le comptoir, se tient un Ange
qui fait office de vendeuse. - “Que vendez-vous ?”, lui demande le jeune
homme. - “Tout ce que vous désirez”, lui
répond l'Ange avec courtoisie.
Alors, le jeune
homme se met à énumérer : “Dans ce cas, je voudrais bien la fin des guerres
dans le monde, plus de justice, la tolérance, la générosité, davantage d'amour
dans les familles, du travail pour les chômeurs”… . Mais l’ange lui coupe
la parole : “Excusez-moi, Monsieur, mais vous m'avez mal compris ; ici on
ne vend pas les fruits, mais seulement les graines”.
Jésus nous l'a dit,
c'est en toutes lettres dans l'Évangile, Dieu est un semeur. Il a semé des
graines de justice dans le cœur de l'homme, des germes de réconciliation, des
germes de pardon, des germes d'amour et de tendresse. Pas des fruits, des
semences seulement !
C'est à nous de les
faire grandir et éclore.
C'est à nous de
faire marcher les boiteux, d'éclairer les aveugles, de donner la parole aux
sans-voix, de servir les pauvres…
C'est l’inouï de
notre vocation chrétienne : nous sommes invités à ne faire qu'un avec le Christ
pour qu'il continue par nous à réaliser sa Promesse. Le Christ, aujourd'hui,
n'a pas d'autres mains que les nôtres pour transformer le monde. Les mains du
Christ, le regard du Christ, la tendresse du Christ doivent désormais passer
par nos mains, nos yeux et notre cœur.
Faut-il ajouter que
l'espérance chrétienne s'appelle aussi confiance, confiance absolue en un Dieu
qui réalisera sa Promesse au-delà de ce qu'on peut imaginer.
Et aujourd’hui,
demandons tout spécialement à Marie, qui, elle aussi, se posait des questions
(Cf. “Comment cela se fera-t-il ?”),
demandons-lui
comment elle
faisait quand il n'y avait apparemment plus rien à faire,
comment elle
croyait quand il n'y avait apparemment plus moyen de croire,
comment elle
espérait quand il n'y avait apparemment plus rien à espérer… au pied de la
croix.
Demandons-lui que
la lumière de l'espérance passe dans le cœur de ceux qui doutent et
désespèrent. Et que nous puissions chanter, la nuit de Noël : “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a
vu se lever une grande lumière”.
Grande lumière et
pourtant parfois petit falot dans une nuit épaisse. Et comme on l'a
magnifiquement écrit : “Il est des soirs
où il faut à cette lumière bien de la hardiesse, bien de l'assurance pour
passer sous la porte des noirs événements”.
Mais elle est là,
depuis qu'une toute petite lumière a percé la nuit dans une étable, il y a deux
mille ans.
Et pour terminer je
ne peux m’empêcher de vous raconter l’histoire d’une très belle fête juive - le
fête des Néoménies - reprise en notre liturgie, principalement en la veillée de
Pâques.
Le calendrier juif
était un calendrier lunaire (je ne vous explique pas pourquoi ; ce serait
trop long). Et à chaque nouvelle lune, des témoins, du haut du mont Sion,
guettaient son apparition. Ce n’était pas facile : juste un petit cordon à
l’horizon.
Dès qu’ils
l’avaient aperçue, ils venaient témoigner solennellement devant le Sanhédrin.
Alors, on envoyait des émissaires sur le mont des Oliviers où un bûcher avait
été préparé. On y mettait le feu. Ce feu était visible d’une autre colline
assez éloignée, le Sartabé. Là, un autre bûcher était alors allumé. Dès que sa
flamme s’élançait, était allumé un autre brasier en contrebas, à Belvoir,
dominant cependant toute la vallée du Jourdain. Alors, un quatrième brassier
s’allumait sur le mont Thabor. Le Thabor n’est pas très haut, mais on le voit
de partout en la plaine d'Izréël, de partout en Galilée. Et on continuait
ainsi : c’était une traînée de lumière vers l’est et l’ouest.
Pour nous, on peut dire qu’une lumière divine a jailli sur le mont Sion, à Jérusalem… Et tous les chrétiens sont chargés de la propager à travers le monde, … avec la ferme espérance qu’elle embrasera divinement le cœur de tous les hommes.
Pour nous, on peut dire qu’une lumière divine a jailli sur le mont Sion, à Jérusalem… Et tous les chrétiens sont chargés de la propager à travers le monde, … avec la ferme espérance qu’elle embrasera divinement le cœur de tous les hommes.
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