Le Carême !
Carême, quarante jours !
Ce chiffre 40 fait référence aux 40 années passées au
désert par le peuple d’Israël afin de faire la "Pâque", le passage de
la servitude en Egypte au service du Dieu unique [1].
Ce chiffre renvoie aussi aux 40 jours passés par le Christ
au désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Il est dit en effet : "Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le
désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable". (Cf Luc 4.1-13).
Mais pourquoi donc le Christ quitte-t-il
la luxuriance du Jourdain et la foule qui y est venue voir et écouter le
Baptiste ? Pourquoi Jésus va-t-il au désert, vers la tentation et vers le mal
?
C'est que le Salut
que le Fils de Dieu est venu apporter avec la force de l’Esprit a eu un prix. Ce
prix, ce fut de prendre toute notre condition humaine, avec toutes ses
conséquences.
Jésus, certes, ne courait pas tant vers la tentation que vers la
victoire. Mais la victoire doit
passer par la tentation, car Dieu a voulu venir nous chercher
jusqu’au cœur de la tentation qui est nôtre, puis de la mort, conséquence de
nos chutes !
La miséricorde de Dieu n'est pas seulement une parole décisive ; elle
est acte, action. Dieu vient jusque dans l'activité de nos
"déserts", là où nous sommes tentés, là où nous succombons
parfois !
Nous rêvons parfois d’une vie spirituelle, d’une vie dans l’Esprit Saint, qui nous conduirait
plutôt vers les eaux du repos que dans l’aridité du désert,
plutôt vers la douceur de la consolation plutôt que vers la brûlure de
la tentation.
Or, la tentation est bien nôtre ; et elle est un combat !
Et Jésus a voulu nous rejoindre, a voulu prendre ce chemin du combat qui nous est si familier !
Ainsi donc, toute vie
spirituelle qui mène à une profonde délivrance du mal passe par le désert -
lieu de tentation -. Mais, là même, Jésus est présent. Il est venu dans notre
désert pour que nous menions combat avec lui !
Recevoir l'aide de
Jésus en nos déserts - recevoir la Miséricorde de Dieu en nos lieux de
tentation - est une grande grâce ! Mais cette réception n'est pas toujours chose
facile. C'est
même un combat. Jésus l'a bien précisé :
"Le Royaume de Dieu souffre
violence, et ce sont les violents qui s’en emparent" (Mth 11.12).
Que notre ardeur chrétienne nous conduise, en ce temps de Carême, en
compagnie de tous ces violents que furent les Saints !
Le carême est un
temps de désert,
lieu de la rencontre intime avec Dieu, lieu du silence, du cœur à cœur avec
Jésus qui vient en notre "désert" pour lutter avec nous !
Chacun est invité à
se rendre disponible, attentif, accueillant à la présence du Christ, à
ses appels. Il ne s’agit pas d’abord de faire des choses, mais de se laisser
faire, transformer, aimer par le Christ, de s’ouvrir à sa présence créatrice et
re-créatrice, de re-découvrir la grâce de notre baptême, de notre "Pâque",
de notre "passage" de la "servitude" du monde au "service"
de Dieu !
Le carême est donc un
temps de désert, lieu de la solitude, du face-à-face avec soi-même. Sous le
regard miséricordieux du Christ présent en nos "déserts", chacun
est alors invité à se poser les questions essentielles : quel est mon péché,
c’est-à-dire ce qui me coupe de Dieu et des autres ? Quel est le sens de ma vie
?
Et pour terminer, je vous invite à méditer le parcours des Hébreux dans le désert durant quarante années ! Parcours qui les fit sortir de la "servitude" en Egypte au "service" de Dieu conclu en l'Alliance du Sinaï.
Et pour terminer, je vous invite à méditer le parcours des Hébreux dans le désert durant quarante années ! Parcours qui les fit sortir de la "servitude" en Egypte au "service" de Dieu conclu en l'Alliance du Sinaï.
Mais comme le désert est incommode (Le "désert de la vie" aussi !)
Alors les Hébreux "râlent",
parce qu'ils ne trouvent plus d'eau, autrement dit, un minimum de confort,
quand même !
Ex 15. 22-27 - "Quand
ils arrivèrent à Mara ils ne purent boire l'eau de Mara, car elle était amère,
c'est pourquoi on l'a appelée : Mara. [2]
"Le
peuple murmura... !" -
Normal ! Dans la vie, on râle...
souvent !
"...contre
Moïse en disant : "Qu'allons-nous boire ?" -. Moïse cria vers Dieu,
et Dieu lui montra un morceau de bois. Moïse le jeta dans l'eau, et l'eau
devint douce...!".
Alors, "Dieu dit : « Si tu écoutes !" ("Shema Israël !") :
Alors, "Dieu dit : « Si tu écoutes !" ("Shema Israël !") :
C'est le premier commandement qui a
été donné : "écouter" ! Le contraire d'écouter dans la Bible (d'après le. P.
Couroyer o.p.), c'est "avoir
la nuque raide" ! Tendre l’oreille ou avoir la nuque raide… le peuple
est souvent accusé d’avoir la nuque raide : ne
pas savoir écouter !
[3]
Les rabbins disent (mais Aristote, déjà
- "De natura rerum") que
nous avons deux oreilles et une seule bouche. - Conclusion : on devrait écouter
beaucoup plus qu'on ne parle ! La bouche peut être fermée deux fois (par les dents et
par les lèvres), mais
on ne peut pas fermer les oreilles.
Chez Isaïe, ce qui est important ce
n'est pas tant la bouche, c’est l’oreille :
"Le Seigneur Dieu m'a donné une langue de disciple pour que je sache
apporter à l'épuisé une parole de réconfort. Chaque matin, il éveille mon
oreille pour que j'écoute comme un disciple. Le Seigneur Dieu m'a ouvert
l'oreille, et moi je n'ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé". (Is 50.4-5).
Il y a aussi :
Ps. 40.7 : "Tu n’as voulu ni oblation, ni
sacrifice. Tu m'as ouvert l'oreille", tu m'as creusé l'oreille ! [4]
Ex 15. 26 : "Si
tu écoutes la voix du Seigneur…"
Dans le document qui est au début de
la Liturgie des heures, on dit que quel que soit le sujet pour lequel on se
réunit, quand on est chrétien, on devrait commencer par l’écoute de la Parole
et la prière !
"...Si
tu écoutes..., si tu prêtes l'oreille…, tous les maux que j'ai infligés à
l'Egypte, je ne te les infligerai pas, car je suis Dieu, celui qui te guérit". [5]
"Ils
arrivèrent à Elim où se trouvent douze sources et soixante-dix palmiers, et ils
y campèrent au bord de l'eau !".
Cela évoque une des images bibliques
qui revient le plus souvent : Dieu sous les apparences d’un berger.
Ps 23 : "Le
Seigneur est mon Berger, rien ne me manque ; sur des prés d'herbe fraîche, il
me parque ; vers les eaux du repos, il me mène, il y refait mon âme !"
On fait l'expérience de la
providence d'un Dieu qui s'occupe, comme le bon pasteur, des brebis qu'Il
connaît chacune par son nom propre.
Bonne continuation de lecture en ce
temps de Carême !
[2] "Mara" veut dire amère :
- Noémie, quand
elle rentre du pays de Moab, dit aux gens de Bethléem : "Ne m'appelez plus Noémie (l'agréable) ; appelez-moi Mara, parce
que Dieu m'a rendu la vie amère" (Rt 1,20).
- Au roi Ezékias,
malade ; Isaïe lui dit : tu n'en as plus pour longtemps et le roi lui répond : "mar li mar" - C'est "amer
pour moi, amer !' (Is
38,17) ce qui, au fond, veut dire : " j'en ai marre !"
- Ps 95,8 : "N'endurcissez pas vos cœurs comme
à Meriba (= dispute), comme au jour de Massa (= tentation -
Massa = Mara, amertume) dans le
désert".
[4] A remarquer : Dans les Septante... et la
lettre aux Hébreux,
non pas : "Tu n’as voulu ni oblation, ni
sacrifice. Tu m'as ouvert l'oreille",
mais : "Tu n’as voulu ni oblation, ni
sacrifice. Tu m'as formé un corps" (Heb 10.5) (Sept : "Alors,
je viens !"). Comment est-on passé de l'oreille au corps ?
Il parait que le
premier organe sensible qui vient à éclosion dans l'embryon, c'est l'oreille (Cf. Dr Tomatis).
- Une chose est
certaine : la Parole de Dieu qui entre par les oreilles doit descendre jusqu'au
fond des entrailles
(Ps 40,9 : "Mon
Dieu, j'ai voulu ta loi au profond de mes entrailles")
- Et elle entraîne
comme un rebondissement de tout l’être dans l'action de grâce,.
- L’incarnation - "Le Verbe de Dieu s'est fait chair" -, dans cette perspective-là, montre
que la Parole divine demande à être appropriée jusqu'à l'incarnation.
[5] Ici le mot, c’est "rapha" ; "rophé", c’est le médecin -.
On en parle dans le livre de Tobie : Tobie guérit son père
aveugle, Tobit, par l'intermédiaire de l'archange Raphaël. - Rapha El : Dieu
guérit !
Le
livre de Tobie est le seul à parler de l’archange Raphaël.
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