27 Décembre - St Jean "le théologien" !
Quand
je pense à St Jean, je pense toujours également à St Pierre ! Rappelons-nous :
Jésus appelle d'abord Pierre et son frère André, puis, très vite, Jacques et
son frère Jean !
Deux
fratries qui s'entendaient bien ; deux familles de pécheurs qui devaient plus
ou moins travailler ensemble sur le lac de Tibériade. Alors, Pierre et Jean
: deux grands amis certainement ! Même si celui-ci semble avoir été plus
jeune que l'autre.
Il
suffit pour s'en rendre compte de se reporter à la fin du quatrième évangile.
Au bord du lac, Pierre, après son malheureux reniement, se trouve
"restauré" dans sa fonction de chef de l'Eglise par Jésus
ressuscité. Alors, ce Pierre, toujours vif et impulsif - comme l'amour peut
l'être souvent - s'inquiète de son grand ami, du sort du "disciple bien-aimé" du
Seigneur qui, au cours du dernier repas avec Jésus, s'était penché sur sa
poitrine pour recevoir confidences... ! Oui, il s'inquiète comme un ami
s'inquiète de son ami !
Alors,
Jésus a l'air de lui dire : "Mais de quoi te mêles-tu ?" : "si je veux qu'il demeure jusqu'à ce
que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi !". Paroles un peu
énigmatiques qui ont été commentées diversement.
Pour
ma part, je retiens d'abord que chacun, dans la pensée de Dieu, reçoit une
vocation particulière, une mission spécifique à accomplir - grande ou modeste
aux yeux des hommes, mais toujours importante aux yeux de Dieu ! -.
Et
cette diversité dans les vocations chrétiennes doit être respectée, même si
elle semble parfois contredire les liens affectifs, familiaux, amicaux, tout en
les resserrant dans un même amour, celui de Dieu ! Les chemins humains peuvent
diverger entre deux amis, mais ils se resserrent toujours sur le chemin vers Dieu
! Je pense, par exemple, à St Basile et à St Grégoire de Nazianze. Et je pense
- actualité oblige - à la rencontre de Benoît XVI et du pape François en la
veille de Noël : deux personnalités très différentes qui se rejoignent si
magnifiquement dans le Christ, Dieu qui s'est fait homme !
Ainsi,
me semble-t-il, de Pierre et de Jean, de ces deux grands apôtres !
Pierre, lui, c'est un peu
comme l'"Ordinaire du lieu", comme le Droit Canon le dit d'un évêque.
C'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile à trouver dans l'existence :
quelqu'un capable de mettre de l'ordre, un bon ordre évidemment ! On trouve facilement
des hommes extraordinaires qui font des choses extraordinaires. Mais un homme
ordinaire qui sait "ordonner" les choses ordinaires, mettre de l'ordre,
c'est plus difficile à trouver. C'est si difficile que cet homme ordinaire
devient finalement extraordinaire. Telle fut, me semble-t-il, la fonction de
Pierre. Et telle est la fonction de ses successeurs !
Mais
il y a encore des personnes qui, tout en respectant l'ordre établi et même y
conntribuent, vont vite, vont loin, si je puis dire, vont profond
immédiatement. Tel est St Jean ! Et cette vitesse d'esprit, cette
profondeur d'âme pour appréhender le réel, pour approcher Dieu lui-même se
traduit parfois physiquement, visiblement !
Voyez
dans l'évangile : Pour aller au tombeau du Seigneur, au matin de Pâques, Jean
va plus vite que Pierre. Parce qu'il est le plus jeune ? Sans doute ! Mais plus
encore ! Car, arrivé au tombeau, il se penche vers l'intérieur - la curiosité
le poussant, évidemment - ; il voit linge et bandelettes bien rangés, mais
laisse Pierre - le premier pape quand même ! - entrer le premier. Enfin
lui-même entre. Et là, "il vit et
il crut". Pierre, lui, restera un certain temps assez perplexe. Il
faut dire que Pierre n'était pas au pied de la croix. Jean y était avec la
Vierge Marie. Aussi, plus facilement sans doute "il vit et il crut".
Il
faut se mettre à l'école de ce disciple que Jésus aimait parce que, peut-être,
il savait comprendre par le cœur. On l'a appelé "Jean le Théologien" ! C'est que près de lui,
comme au pied de la croix, il y a eu, il y aura celle qui est sans doute à
l'origine de cette connaissance privilégiée de "Jean le Théologien",
Marie, qui l'a aidé à placer la pensée néotestamentaire à son sommet, comme on
le constate dans la lecture. Oui, on peut le souligner en ce temps de Noël
: il y a eu près de Jean la Vierge Marie qui a eu du "Verne Incarné"
en qui réside corporellement la plénitude de la divinité, une connaissance à
nulle autre pareille.
Grâce
à elle, Jean est le type même du théologien. Non pas celui qui élabore
des systèmes - c'est affreux ! -, mais celui qui sait déchiffrer l'existence,
qui médite comme Marie les événements qui deviennent alors mystères de
la présence de Dieu parmi les hommes.
St
Jean relèvera principalement sept événements qu'il appelle des
"signes" - tel le premier d'entre eux, celui de Cana - ; ces signes
sont pour lui tellement riches de significations qu'ils font éclater les
frontières de temps et de l'espace. Ils deviennent signes de la présence permanente
de Dieu parmi les hommes pour tous les temps et en tous lieux. Ces signes
deviennent des mystères comme on parle des mystères du Rosaire.
C'est
ainsi que, en bon théologien, St Jean, dans sa lettre, nous place au
commencement : "Ce qui était au
commencement", au commencement de tout. Car il sait, Jean, que tout -
et notre existence elle-même - trouve son signe, son explication et son
achèvement en ce "commencement".
Et
St Jean nous montre que ce qui était au commencement, c'est la vie même de
Dieu, cette Vie que s'échangent les trois Personnes de la Sainte Trinité.
Beaucoup pensent que Dieu-Trinité c'est comme un monothéisme dévalué ou un
rébus venant meurtrir notre intelligence. Avec St Jean, ce mystère de la
Trinité est une confidence que Dieu a réservée pour la "plénitude des temps", dirait St Paul, a réservé dans la
manifestation du Fils de Dieu qui s'est fait homme. Jésus est venu nous révéler
non seulement que Dieu est "UN", mais comment il est "UN",
pour que nous puissions vivre de cette unité : "Qu'ils soient "UN" comme nous sommes "UN",
priait-il (Jn
17.20).
Dieu
n'est pas un solitaire. Dieu est comme une famille, une harmonie..., un Amour
totalement dénué de tout égoïsme, de sorte que chaque Personne divine n'est
que pure relation avec les deux autres, pur élan vers elles. Et quand Jésus dit
: "Qu'ils soient "UN"
comme nous sommes "UN", ce n'est pas une vague comparaison. C'est
le "signe" par excellence, c'est le mystère même de Dieu qui vient
comme envelopper les Communautés chrétiennes appelées à vivre une Unité d'Amour
divin qui soit, qui doit être le "signe" d'un Noël permanent, d'une incessante
"épiphanie" (=manifestation) de Dieu !
Pour
terminer rapidement sur cette élévation à laquelle Jean le Théologien veut nous
faire parvenir, je reprendrai quelques mots du prologue de son évangile :
"Au commencement était le Verbe, et le
Verbe était avec Dieu..." (1.1). Et le Verbe était "pros ton théon", était "pros" : relation, élan vers
Dieu...
"Le Fils Unique nous l'a fait
connaître"
(Dieu). "Nous l'a fait connaître" : le sens du verbe (éxègèsato)
n'est pas connaître intellectuellement, spéculativement, mais "conduire
vers", conduire vers Dieu.
Le
Verbe de Dieu s'est fait homme pour conduire les hommes vers Dieu. Aussi, à la
fin de son évangile, Jean note les paroles de Jésus : "Je remonte vers mon Père et votre Père, vers
mon Dieu et votre Dieu" (Jn 20.18).
Autrement
dit, le Fils unique de Dieu s'est incarné - insistons sur ce réalisme de
l'Incarnation que Marie a du enseigner à Jean -...,
le
Fils unique de Dieu s'est incarné non pas seulement pour nous faire connaître
Dieu - il s'était déjà fait connaître de bien ders manières, dit la lettre aux
Hébreux -...,
mais
le Fils unique de Dieu s'est incarné pour nous conduire vers lui, comme
lui-même est tourné vers le Père !
Voilà,
nous dit St Jean, "ce qui est dès le
commencement"....!
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