mercredi 2 décembre 2009

Le festin de Dieu !... - Avent 1 - Mercredi - (Isaïe 25.6-9)

“Un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés !“, annonce le prophète Isaïe.

Quel menu ! Digne des repas de noces d’autrefois qui présentaient multitudes de plats depuis le midi jusqu’au soir, et jusqu’au lendemain, si ce n’était jusqu’au surlendemain !

Mais, là, c’est Dieu qui invite ! Le prophète Isaïe, des siècles avant Jésus, nous présente le rêve de Dieu : rassembler toutes les nations sur la montagne sainte - celle du Sinaï, ou celle de la multiplication des pains, ou celle de Sion à Jérusalem, peu importe ; c’est la même ! -. C’est la montagne de l’Alliance où Dieu veut s’unir à l’homme ! Car notre Dieu est un Dieu vivant et qui invite à sa table de vie - car c’est bien connu : il faut manger pour vivre (et non l’inverse, bien sûr) -. Il veut nous communiquer LA VIE qui est SA VIE même ! Car il veut toujours “enlever le voile de deuil qui enveloppent tous les peuples, dit Isaïe, et le linceul qui couvre toutes les nations“. Et St Jean précisera que la mort n’aura plus d’emprise sur nous (Cf. Apo. 20.6). Ce sera le règne de LA VIE !

Notre Seigneur lui-même a comparé le Royaume de Dieu à un formidable festin où les convives seront rassemblés autour des patriarches et des prophètes. Il le présentait si bien ce festin qu’un auditeur s’écrira : “Ah !Heureux celui qui prendra part au repas du Royaume de Dieu !“ (Lc 14.15). Il en avait déjà l’eau à la bouche, si je puis dire ! Peut-être était-ce St Jean, lui qui écrira plus tard - dans son apocalypse qui répond à celui d’Isaïe d’où est tiré notre texte - : “Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l’Agneau !“ (Apoc 19.9), phrase que nous reprenons bien sûr à chaque Eucharistie qui anticipe le repas que nous prendrons éternellement avec le Seigneur.

Mais en sommes-nous dignes, de ce repas de noces ? Dieu lui-même a pourtant envoyé son propre Fils pour nous dire : “Tout est prêt pour le festin de noces !“. Et non ! Tout est prêt et rien n’est prêt ! Car aujourd’hui encore les hommes ne sont pas prêts ! Dieu veut inviter tous les peuples, dit Isaïe. Alors comment verrait-on arriver à cette fête fraternelle des hommes enfermés dans leurs égoïsmes, des personnes, groupes nations qui s’ignorent, se méprisent, se battent et parfois s’entretuent. Comment pourrait-on faire asseoir à la même table des hommes qui n’ont pas encore appris à s’aimer. Car “aimer“ est le vêtement indispensable pour ce festin divin.

Et pourtant, chez Dieu, la table est mise pour tout le monde ; nous sommes tous conviés à un banquet de multitude. N’est-ce pas incroyable quand on voit les hommes tels qu’ils sont, tels que nous sommes ? N’est-ce pas un rêve ?

La Bible ne rêve pas ! Les prophètes ont parlé de ces noces avec un réalisme que l’on a peine à transcrire !
  • Ils crient : “Accusez votre mère, accusez-la…, car elle s’est prostituée !“. Et on détaille l’accusation : “Dieu est en procès avec les habitants du pays : il n’y a ni sincérité, ni amour, ni connaissance de Dieu dans le pays, mais parjure et mensonge, assassinat et vol…“ (Osée 2.1 ; 4.2).
  • Mais Dieu maintient son invitation : “Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et dans l’amour“ … “je te fiancerai à moi dans la fidélité ; et tu connaîtras le Seigneur !“ (Osée 2.21-22).

Oui, Dieu, lui, est toujours fidèle, même si nous sommes infidèles, remarquera St Paul (2 Tm 2.13). Et il l’a prouvé en son Fils. Nous savons avec quelle délicatesse Jésus a traité la femme adultère, la Samaritaine, Marie-Madeleine… Tendre et respectueuse patience de Dieu qui, malgré tout, s’obstine à préparer la salle du festin, à inviter tout homme, à nous inviter !

Aussi, il n’y a qu’une attitude à prendre pour espérer entrer dans la salle du festin éternel. Car Dieu a envoyé son propre Fils dans le monde ; et, à chaque instant, il nous tend la main ; il tend la main de la miséricorde de Dieu qui nous pousse peu à peu, avec patience, tout au long de notre vie, vers la salle du festin. Il nous faut accepter d’être revêtu de la miséricorde de Dieu, de cette étoffe que son Fils a tissé lui-même des noces de Cana jusqu’aux noces du Calvaire et du matin de Pâques.

Si l’humanité savait l’ambition de Dieu sur elle, elle chanterait avec Isaïe : “Voici notre Dieu ; et il nous a sauvés !“. Et tous prendraient au sérieux l’invitation au festin du Royaume de Dieu. Quelle bousculade ce serait !

Et l’Eucharistie que nous célébrons est l’anticipation de ce festin éternel ; c’est déjà le repas d’Alliance de Dieu avec l’homme ! “Si on savait ce qu’est l’Eucharistie !“, disait le Curé d’Ars.

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